SANTÉ PUBLIQUE
Sauver l’humanité, une vedette à la fois
La Presse
Comment mettre en branle un dialogue sur la santé mondiale loin des forums des Nations unies et des départements de santé publique ? C’est la question que Steven Hoffman, jeune universitaire canadien, et Julio Frenck, ancien ministre mexicain de la Santé, se sont posée dans un bureau de Harvard au printemps 2014.
« On savait qu’il ne s’agissait pas d’écrire un autre article dans un journal scientifique ! », ironise M. Hoffman, qui est depuis quelques mois professeur à l’Université d’Ottawa.
Les deux experts de la santé publique croient que le temps presse. Cette année, les huit Objectifs du Millénaire qui ont été adoptés à l’unanimité par tous les pays du monde en 2000 afin d’améliorer le sort des plus pauvres du monde viennent à échéance. De nouveaux objectifs seront adoptés à New York en septembre. « Nous voulions que le grand public participe », note Steven Hoffman.
Pour raviver le débat, l’universitaire canadien de 29 ans, qui travaillait à la rédaction de sa thèse de doctorat, et le doyen de l’École de santé publique de Harvard ont décidé de solliciter l’avis des plus grands experts en matière de santé publique ainsi que celui d’une pléiade de célébrités intéressées par la question.
« On leur a demandé d’écrire en moins de 800 mots, sans citations, ce qu’ils considèrent comme la priorité pour un avenir en santé. »
— Steven Hoffman, professeur à l’Université d’Ottawa
Ils ont été une centaine à répondre à l’appel.
Dans le livre
(« Pour sauver l’humanité »), publié ce printemps, on retrouve un essai de l’ancien mannequin Christy Turlington Burns, qui défend le rôle vital des sages-femmes, à côté d’un plaidoyer pour une nouvelle fiscalité de la santé signée par David Stuckler, professeur d’économie politique à l’Université d’Oxford. Prix Nobel de littérature en 1986, le Nigérian Wole Soyinka invite la communauté médicale à utiliser les médecines traditionnelles pour bonifier les avancées scientifiques. Parmi les autres intervenants : des médecins, des artistes, d’anciens chefs d’État, des militants.Les priorités suggérées par les auteurs de
auront-elles un impact sur les nouveaux objectifs adoptés cet automne par les Nations unies ? Steven Hoffman l’espère, tout en se désespérant devant le processus diplomatique qui est en train de mener à la création de 17 objectifs et de 169 indicateurs permettant de mesurer les progrès. « On voit un véritable échec dans l’établissement des priorités. Ce n’était pas une très bonne idée de confier ce travail à des diplomates », déplore l’expert en droit international de la santé.