OPINION

Grippé ? Restez chez vous !

Chaque année, de décembre à mars, le même cirque se répète : les urgences sont engorgées, sinon débordées à cause de la saison de la grippe.

Ces débordements amènent des surcharges de travail pour l’ensemble des employés du domaine de la santé qui, souvent, tombent malades à leur tour ou perdent parfois leur motivation pour une profession si ingrate.

La grippe est causée par un virus. Un virus est un agent infectieux, mais ce n’est pas un être vivant. C’est un objet (de la matière inerte) généralement constitué d’un acide nucléique englobé dans une capside de protéines, qui nécessite un hôte, en général une cellule, pour se répliquer en parasitant son métabolisme. Une petite minorité de l’ensemble des virus connus (129/3600) est pathogène pour les humains. Parmi ceux-ci, le virus de la grippe.

Quand un humain entre en contact avec un virus, celui-ci cherche à pénétrer ses cellules pour se reproduire. Si cet humain a déjà été infecté par ce virus ou qu’il est vacciné, ses cellules résisteront à l’infection, en totalité ou en partie. Par contre, s’il n’est pas immunisé, le virus s’installera dans ses cellules.

Par la suite, celui-ci se désagrégera, de sorte que son contenu prendra la place des fonctions cellulaires normales, d’où les symptômes ressentis par l’hôte, variables selon la nature du virus (dans le cas de la grippe : fièvre, frissons, maux de gorge, sécrétions, encombrement des voies respiratoires, etc.).

Il faut bien comprendre que dans le cas de la majorité des virus, il n’existe pas de traitement médical.

Leur élimination tuerait la cellule hôte tandis que les antibiotiques sont sans effet, puisqu’ils ne peuvent traiter que les maladies causées par des bactéries, qui sont des organismes vivants. Il existe des antiviraux qui peuvent perturber la réplication du virus, mais on ne les utilise que dans des cas bien spécifiques ou extrêmes.

Pour la très grande majorité des humains qui sont infectés par les virus habituels et connus de la grippe (H1N1, par exemple), auxquels nous sommes en mesure de résister pour les avoir déjà côtoyés ou ingérés, il n’est donc pas nécessaire de se faire prescrire un traitement : leur organisme se chargera de détruire l’intrus et de le mettre à la porte dans un délai qui varie de sept à dix jours. Seules les personnes faibles ou fragiles (comme les aînés ou les grands malades) peuvent avoir besoin de traitements.

Il est donc absolument inutile et même farfelu de se rendre dans une clinique médicale et encore plus aux urgences.

Bien sûr, la grippe est douloureuse et ça fend le cœur de voir notre petit avoir des poussées de fièvre et s’empêtrer dans ses sécrétions, mais le temps viendra presque toujours à bout de l’intrus.

Pour ceux qui ont des complications ou un état de santé précaire, il peut être requis de voir un médecin. Quant aux autres, restez chez vous ! Pour accélérer votre guérison et éviter d’infecter les autres, ne vous rendez pas au travail ou à l’école si c’est possible et, de grâce, ne vous précipitez pas dans les cliniques médicales ou dans les urgences où non seulement vous n’avez pas affaire, mais où vous contribuerez à répandre le virus chez le personnel et auprès des patients qui y sont pour de bonnes raisons.

Quand on a la grippe, on reste au lit, on boit beaucoup de liquide et on ingère si nécessaire des médicaments servant à soulager ses symptômes, comme des pastilles contre la toux ou le mal de gorge. Ces médicaments sont en général en vente libre dans les pharmacies : vous y serez bien reçu et bien conseillé par le personnel et vous n’encombrerez pas le système de santé pour rien !

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.