Congrès de l’ACFAS

Le nombre d’évictions de locataires sous-estimé

Le nombre de propriétaires qui évincent un locataire pour agrandir leur logement ou le céder à un membre de leur famille est gravement sous-estimé par les données officielles, selon une étude présentée ce matin par une chercheuse de l’UQAM. Or, ces évictions suscitent beaucoup d’anxiété chez les locataires. Geneviève Breault, qui a étudié la question pour son doctorat en suivant six locataires évincés de cette façon, rapporte notamment des dépressions, des crises cardiaques et même un décès liés à des évictions sans faute. — Mathieu Perreault, La Presse

Congrès de l’ACFAS

La télé nuit aux études, mais pas les réseaux sociaux

Sciences sociales, biologie, génie, santé : toute la semaine, nos journalistes font le compte rendu des meilleures recherches dévoilées au 85e congrès de l’ACFAS, la grand-messe de la science en français qui rassemble cette année plus de 5000 chercheurs et étudiants à l’Université McGill.

Le travail, les jeux vidéo et les réseaux sociaux ne nuisent pas aux études, mais la télévision, notamment sur l’internet, oui. C’est ce qui ressort d’une analyse d’un sociologue du cégep du Vieux Montréal.

« La télé ou le streaming de vidéos nuisent aux études parce que ça se fait le soir, explique Michel Lalonde, qui a présenté lundi ses résultats au congrès de l’Association francophone pour le savoir. Les études hors des salles de classe ont aussi lieu le soir. Mais ni le travail, ni l’internet, ni les jeux vidéo n’ont lieu surtout le soir. » L’étude portait sur les élèves du cégep et les étudiants de l’université.

Autre surprise, l’emploi du temps des étudiants varie peu entre la semaine et la fin de semaine, sauf pour la fréquentation des cours. « Les étudiants sont assez libres des contraintes institutionnelles, dit M. Lalonde. Je rapprocherais ça du constat que les étudiants s’identifient de moins en moins à leurs études depuis quelques décennies. Ils ont d’autres types d’identité sociale. »

Ses données sont tirées d’enquêtes de Statistique Canada auprès des élèves et étudiants à temps plein, pendant l’année scolaire.

« Il se pourrait que chez les étudiants à temps partiel, soit 7,6 % des étudiants, le travail ait un impact plus négatif sur le temps consacré aux études. »

— Michel Lalonde, sociologue

Il n’y avait pas de différences entre hommes et femmes, malgré les stéréotypes voulant que ces dernières soient plus studieuses. Ni entre le cégep et l’université, sauf une demi-heure d’étude par jour de plus à l’université à l’extérieur des classes.

Baisse du temps d’étude

Malgré l’avènement de l’internet et des réseaux sociaux, ces chiffres n’ont pas beaucoup bougé entre 1986 et 2010. Par contre, les données antérieures à 2010 n’incluaient pas la possibilité de déclarer qu’on faisait plusieurs choses en même temps, par exemple consulter Facebook ou Instagram durant ses cours. « J’ai commencé à analyser les activités simultanées pour 2010, mais je n’ai pas terminé. Je peux vous dire que durant les études hors classe, 42 % des répondants faisaient deux choses en même temps et 10 %, trois choses en même temps. »

M. Lalonde a noté une baisse de 1 heure 30 du temps d’étude hors classe quotidien à l’université à la fin des années 80. « Il se peut que ce soit une question de cueillette de données. En 1986, elle avait eu lieu en novembre-décembre, lors de la fin de la session, et après, tout au long de l’année scolaire. Mais dans ce cas, la baisse aurait eu lieu au cégep aussi. J’ai donc une deuxième explication : dans les années 80, le gouvernement Mulroney a augmenté les subventions de recherche, alors les professeurs d’université ont commencé à mettre plus d’énergie à la recherche et moins aux cours. Il se peut que ça se soit traduit par une baisse de la charge de travail des étudiants. »

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