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Une via ferrata au sommet des Laurentides

Il faut bien aller à Sainte-Agathe-des-Monts pour tomber sur un ancien All-Black, le nom donné aux joueurs de l’équipe de rugby de Nouvelle-Zélande. Anthony Fawdray, dit Tony, est aujourd’hui guide de via ferrata au Tyroparc, un parc d’aventures en montagne. Sa présence est rassurante : si les mousquetons et câbles d’acier sont assez solides pour retenir ce sympathique – et solide – gaillard, on se dit qu’on n’a clairement rien à craindre.

Une via ferrata, ou voie de fer en italien, est « une randonnée sur paroi rocheuse » équipée « de prises métalliques et d’un câble d’acier », selon La Route des vias ferratas du Québec, qui regroupe les 13 destinations de la province. C’est un peu comme de l’escalade, en moins périlleux. Il suffit d’enfiler un pantalon (sous peine de s’écorcher les genoux) et de bonnes chaussures fermées (celles de randonnée sont idéales, leurs semelles n’étant pas trop souples) pour l’essayer.

Nouveau parcours

Guidée par Tony, La Presse a testé le nouveau parcours de via ferrata La Beauséjour, offert au Tyroparc, sur le mont Catherine. Il s’agit d’une montagne en forme de fer à cheval avec un cap de roches, le fameux cap Beauséjour – qu’on aurait aussi pu appeler cap Bellevue, tant le coup d’œil sur la ville de Sainte-Agathe et les environs est joli.

« Le mont Catherine est le point culminant de Sainte-Agathe, dit Philippe Cornette, copropriétaire du Tyroparc, et Sainte-Agathe est le village le plus élevé des Laurentides. » On l’aura compris : c’est haut.

Depuis l’automne, la première partie du nouveau parcours – de niveau débutant-intermédiaire – est accessible. Une deuxième portion, plus élitiste, ouvrira en juillet. « Ça va permettre de faire trois heures de via ferrata pure et dure », souligne Philippe Cornette.

Comme un grand jeu

En attendant, il faut se contenter d’une randonnée d’environ deux heures, amplement suffisante pour s’amuser. On enfile un harnais et un casque, et on suit Tony pour une petite randonnée de 450 m, jusqu’au pied de la falaise du cap Beauséjour. Là, on accroche son mousqueton à un câble, dont on ne se détache pas avant d’atteindre le sommet.

« C’est une via ferrata en ligne de vie continue. »

— Tony

C’est rassurant, et plutôt rare dans le monde des balades sur parois rocheuses.

Le jeu – parce que c’en est un, qui rappelle ceux des enfants dans les parcs – consiste à progresser avec ce qui nous tombe sous la main et le pied. On met le bout des semelles sur des échelons encastrés dans le granit, tous petits ou assez larges pour mettre les deux pieds, ou on prend carrément appui sur la falaise. Quant aux mains, elles tiennent le câble ou des rampes. À moins de prendre une pause assis dans le vide, retenu par ses mousquetons… On traverse des ponts de singe à deux câbles (qui forcent à avancer de côté) et des ponts népalais à trois câbles (deux pour les mains, un pour les chaussures – pour les funambules, c’est le pied).

Maîtriser la peur des hauteurs

Et le vertige ? Si on n’a que peur du vide, ça se maîtrise très bien, puisque la falaise est toujours devant nous. Si on préfère admirer la vue, il suffit de regarder les montagnes des Laurentides au loin, plutôt qu’en bas. L’orgueil – et la forme physique, qui doit être au rendez-vous – poussent à avancer. Au besoin, il est possible de descendre en cours de balade, escorté par le guide, fort patient.

Ce serait dommage, puisqu’après avoir franchi la vallée des singes – une succession de trois ponts de singe entrecoupés d’échelles –, on a droit à une belle montée verticale. Au sommet, on est à 60 m de haut. « C’est l’équivalent d’un immeuble de 20 étages », fait valoir Tony.

Pourquoi notre guide apprécie-t-il la via ferrata ? « J’aime qu’on me paie pour faire ça », répond à la blague Tony. « À la base, ajoute-t-il plus sérieusement, je suis un professeur. J’aime aider les gens à se dépasser. » L’expérience a plu à Coralie Jacquemin, une touriste belge qui a aussi parcouru la première portion de La Beauséjour. « J’ai aimé le fait d’être près de la falaise, témoigne-t-elle, et la vue était chouette. » Après avoir fait des vias ferratas en Europe, en Martinique et en Équateur, elle a toutefois jugé le parcours « un peu trop facile ».

Une randonnée à pied de 750 m permet de regagner l’accueil du Tyroparc, où on se déleste du harnais et des mousquetons. L’accès au parcours coûte 54 $ pour les adultes et 43 $ pour les jeunes de 10 ans et plus. À noter qu’il faut peser entre 40 et 100 kg pour faire cette activité, qui est toujours supervisée par un guide – sans garantie qu’il soit néo-zélandais…

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