Nutrition

Réactions mitigées

DE BELLES AMÉLIORATIONS

« Grosso modo, je trouve que pour les consommateurs, ce sont de belles améliorations. » Carole Fournier, nutritionniste et présidente d’Étiquetage ACC, une firme d’experts-conseils en étiquetage alimentaire, accueille favorablement les modifications proposées par Santé Canada (voir 2e onglet).

« La liste d’ingrédients va être beaucoup plus facile à retrouver sur l’étiquette, observe-t-elle. Et le regroupement de tous les sucres permettra de se rendre compte qu’il y en a parfois beaucoup. »

TROP GROSSES PORTIONS

Option consommateurs salue aussi l’union des différents sucres dans la liste d’ingrédients (fructose, miel, mélasse, etc.), qui « rend l’information plus claire ». Mais l’association regrette qu’il ne soit pas obligatoire d’indiquer la présence de caféine et que plusieurs portions de référence soient plus généreuses qu’avant. Avec le nouvel étiquetage, on ne pourra plus présenter la valeur nutritive d’un demi-bagel : il faudra qu’il soit entier. « Dans un contexte social où l’obésité est en hausse, ce qui a un effet sur l’incidence de nombreuses maladies, il va de soi que l’augmentation des portions est problématique », note Option consommateurs dans un document envoyé à Santé Canada.

AMALGAME DANGEREUX

Amalgamer sucres ajoutés et sucres naturels, ce que fait le nouvel étiquetage en fixant la limite quotidienne à 100 g de sucres totaux, hérisse Michel Lucas, nutritionniste et épidémiologiste à la faculté de médecine de l’Université Laval. « Pour Santé Canada, que le sucre vienne du Coca-Cola ou des fruits et légumes, c’est la même maudite affaire », dénonce-t-il.

DIFFICILE DE DISTINGUER LES SUCRES AJOUTÉS

Au contraire, Christine Jean, vice-présidente des services techniques et réglementaires au Conseil de la transformation agroalimentaire et des produits de consommation (CTAC), s’oppose à l’ajout sur l’étiquette de la quantité de sucres ajoutés. « Ce n’est pas réaliste, plaide-t-elle. La proportion de sucres ajoutés ne peut pas être déterminée par des analyses, alors comment ferons-nous pour les distinguer ? » Il peut, en effet, être difficile de savoir quelle proportion du sucre d’une compote vient des fruits et des sucres ajoutés. À moins d’avoir en mains la recette. « Il faudra une bonne collaboration des fournisseurs », note Mme Fournier.

ENTRÉE EN VIGUEUR INCONNUE

Ces propositions ne sont, de toute façon, pas assurées de devenir réalité. Santé Canada les a rendues publiques en plein été, le 14 juillet dernier. Les Canadiens avaient 60 jours pour y réagir. Depuis, silence radio. « Santé Canada analyse actuellement les milliers de commentaires reçus afin de développer des recommandations à la ministre de la Santé », a indiqué Maryse Durette, conseillère principale en relations avec les médias au Ministère fédéral.

Il a été impossible de savoir quand la version finale du nouvel étiquetage sera dévoilée. « Santé Canada n’a pas encore une date confirmée pour la publication des propositions réglementaires dans la Gazette du Canada, Partie 1 et pour la mise en vigueur du nouveau règlement », a dit Mme Durette.

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