Sport et alimentation

Le travail stressant fait trop manger

Plus une tâche intellectuelle est difficile et stressante, plus on ingère de calories par la suite. Ce n’est pas que pour se consoler : l’ingestion calorique serait encouragée par des variations de la glycémie perçues par le cerveau, qui utilise principalement le glucose pour fonctionner. Un taux de cortisol plus élevé – en réponse au stress – ferait aussi consommer plus de calories.

C’est un problème, puisque la dépense d’énergie n’est pas plus élevée quand on force du ciboulot que lorsqu’on s’accorde une période de repos. Conséquence : on mange plus de calories sans en brûler davantage, si bien qu’on gagne des kilos.

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Résultats

Après leur séance de tapis roulant, les jeunes hommes ont déclaré avoir plus faim que lors des visites avec relaxation. « Une augmentation significative de 22 % du désir de manger » a été observée, selon Pediatric Obesity. Surprise : les participants n’ont toutefois pas consommé davantage d’aliments, alors qu’ils ont brûlé plus d’énergie.

« Considérant la dépense énergétique inhérente à la pratique d’activité physique, un bilan énergétique significativement inférieur de plus de 1000 kJ [239 calories] a été mesuré pour la visite avec pause active », souligne le mémoire de Mme Lemay.

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Méthodologie

Douze jeunes hommes âgés de 14 à 20 ans, de poids normal, ont été évalués au CHU Sainte-Justine. Tous ont participé à trois séances de tests, lors desquelles ils ont fait du travail mental, de la relaxation et de l’activité physique, dans un ordre varié.

Les tâches intellectuelles étaient des tests cognitifs adaptés aux adolescents, auxquels ils devaient répondre pendant 45 minutes. La séance de sport consistait, quant à elle, à courir pendant 30 minutes sur un tapis roulant à intensité moyenne.

À midi, un buffet froid offrant un choix de 40 aliments et boissons était servi aux participants, qui ignoraient que leur consommation d’énergie était calculée.

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Le travail mental fait trop manger, mais bouger permet de compenser

Se creuser les méninges fait manger davantage. C’est un problème de taille, dans une société où tant les enfants (à l’école) que les adultes (au boulot) forcent surtout du cerveau. Heureusement, faire du sport permet de contrebalancer cet effet dit hyperphagiant du travail mental, selon une étude réalisée notamment par Valérie Lemay au CHU Sainte-Justine et à l’Université de Montréal (UdeM), publiée dans la revue scientifique Pediatric Obesity. Explications.

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Conclusion

Faire une demi-heure d’exercice physique à 70 % de la fréquence cardiaque maximale « a permis de compenser l’ingestion calorique plus élevée à la suite d’un travail mental », relève Mme Lemay.

Son conseil ? « L’important est d’intégrer quotidiennement une période d’activité physique, quelle qu’elle soit, afin d’augmenter la dépense énergétique, surtout pour ceux qui ont un travail sédentaire », dit-elle. Il faut noter que les résultats auraient pu être différents avec d’autres participants (pas que des jeunes hommes) et une durée ou une intensité d’activité physique différentes.

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Recherche d’une solution

« Nous nous sommes demandé quelles stratégies pourraient être envisagées afin de favoriser le maintien d’un équilibre énergétique, et ainsi contribuer au maintien d’un poids corporel sain », indique Valérie Lemay, étudiante au doctorat en sciences de l’activité physique à l’UdeM et au CHU Sainte-Justine.

Quoi de plus simple que le sport ? « Nous avons donc testé l’idée d’introduire une pause d’activité physique entre des tâches de travail mental et un repas, pour voir son effet sur l’ingestion calorique », indique Mme Lemay. Son mémoire de maîtrise, sous la direction de Marie-Ève Mathieu, professeure en kinésiologie à l’UdeM, a été consacré à cette étude.

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