Entraînement

Qu’est-ce qu’un « non-répondant » ?

Bien qu’elles respectent les recommandations en matière d’activité physique, certaines personnes améliorent peu ou pas du tout leur VO2 max ou d’autres caractéristiques cardiométaboliques. Explications.

8 à 10 % de « non répondants »

Certains engraissent plus facilement que d’autres, d’autres répondent moins bien à certains médicaments. « Ce n’est donc vraiment pas étonnant que certains répondent plus et d’autres moins à l’exercice physique », souligne Jean-Marc Lavoie, professeur titulaire au département de kinésiologie de l’Université de Montréal. Les scientifiques ne s’entendent pas sur la définition de « faibles répondants » ou de « non-répondants ». « Si on les définit comme ceux qui augmentent leur VO2 max de moins de 5 %, ça va se situer entre 8 et 10 % des gens » qui suivent la recommandation de 150 minutes d’activité physique par semaine, explique Claude Bouchard, titulaire de la chaire John Barton en génétique et nutrition au Pennington Biomedical Research Center.

PLUSIEURS FACTEURS

Il existe aussi des gens qui n’arriveront pas à améliorer d’autres caractéristiques cardiométaboliques en faisant de l’exercice :la tension artérielle, le bon cholestérol, les triglycérides sanguins, etc. Mais attention : « La réponse d’une caractéristique particulière à une dose d’exercice donnée ne signifie pas que ce sera la même chose pour une autre caractéristique », précise Robert Ross, professeur à l’École de kinésiologie et d’études de santé de l’Université Queen’s. Dans l’étude HERITAGE, seuls 2 des 750 sujets étaient de mauvais répondants pour quatre caractéristiques cardiométaboliques, souligne Claude Bouchard. « L’exercice touche presque 100 variables ; c’est presque impossible qu’une personne ne réponde à rien », souligne Antony Karelis, professeur au département des sciences de l’activité physique à l’UQAM.

Essayer un autre exercice

Aux yeux de Jean-Marc Lavoie, on ne peut pas vraiment affirmer qu’une personne ne répond pas à l’exercice physique. « C’est plus long, c’est plus faible comme réponse, mais ça répond », dit-il. « En fait, indique Robert Ross, tout ce que ça dit, c’est que peut-être que pour vous, pour améliorer cette caractéristique en particulier, il faudrait essayer une autre dose d’exercice. » Dans une étude publiée en 2015 dans la revue médicale Mayo Clinic Proceedings, Robert Ross et ses collègues ont montré qu’en augmentant l’intensité de l’exercice, on pouvait diminuer, même éliminer les non-répondants. « Si tous les Canadiens respectaient les recommandations en matière d’activité physique, on serait en bien plus grande forme, économiquement, physiquement et mentalement, dit-il d’emblée. Mais on commence à voir qu’un seul programme ne peut convenir à tous. »

Vers une médecine sportive personnalisée

On en est encore loin, bien loin, estime Robert Ross, mais peut-être pourra-t-on un jour prescrire un programme d’entraînement physique personnalisé en fonction des prédispositions génétiques de chaque personne. « Nous serons peut-être un jour capables de mesurer des biomarqueurs qui signaleront si une personne est susceptible ou non de répondre à certaines stratégies relatives au mode de vie », dit-il. « Ceux dont on prédit qu’ils seront de mauvais répondants, on les suivrait de près. Et si, de fait, ils sont de mauvais répondants, on tenterait de compenser par d’autres approches », illustre Claude Bouchard.

Un immense projet de recherche

Lancé en janvier par l’ensemble des National Institutes of Health (NIH) aux États-Unis, le MOTRPAC est le plus gros projet de recherche réalisé dans le domaine de l’exercice. Le projet va coûter 200 millions US, durer 8 ans et impliquer 3000 participants. « Ça va nous donner un compendium détaillé de toutes les molécules qui bougent lorsqu’on fait de l’exercice et lorsqu’on fait de l’entraînement en endurance ou en résistance, explique Claude Bouchard. L’activité physique est l’un des comportements les plus salutaires pour prévenir les morbidités, les maladies et la mort prématurée. Si on connaît les mécanismes en cause, peut-être qu’on va pouvoir en faire bénéficier encore plus de gens. »

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