Chronique

Le pouvoir infini de Netflix

La récente annonce de Netflix a enfoncé un gros clou de plus dans le cercueil de l’Extra d’ICI Tou.tv et du Club illico de Vidéotron. Le populaire service américain de visionnement en ligne doublera le nombre de séries de fiction originales qu’il offrira à ses abonnés en 2016.

Pour le même 10 $ par mois, nous obtiendrons donc deux fois plus de productions de qualité comme House of Cards, Daredevil ou Bloodline.

Heille ! pas encore un autre truc pour les anglos ou les gens bilingues, râlez-vous devant votre tablette. Pas du tout. Toutes les émissions manufacturées par Netflix, comme Orange Is the New Black, Master of None, Narcos ou Unbreakable Kimmy Schmidt, débarquent en simultané avec une piste doublée en français. Pas seulement les sous-titres. Les voix aussi. Comme si vous regardiez Grey’s Anatomy les samedis soir à la SRC.

Voilà pourquoi Netflix dérange autant les groupes médiatiques d’ici : son offre gigantesque séduit exactement la même clientèle, jeune et mobile, que celle désirée par Club illico ou l’Extra d’ICI Tou.tv.

Du point de vue du consommateur, nous en avons beaucoup plus pour notre argent avec Netflix. Soyons honnête, une fois que vous avez englouti Série noire 2, que reste-t-il d’intéressant et d’exclusif sur l’Extra d’ICI Tou.tv qui justifie une dépense mensuelle de 7 $ ? Presque rien.

Situation similaire au Club illico. Une fois que vous avez enfilé les 10 épisodes de Karl & Max, que reste-t-il pour rentabiliser votre 10 $ supplémentaire ? Peu de choses, malheureusement.

Et on le sait très bien que Mensonges ou Le nouveau show, proposés en « primeur » aux clients de ces services québécois de vidéo en ligne, aboutiront un jour – et gratuitement – sur les antennes conventionnelles de TVA et Radio-Canada. Plusieurs téléphiles préfèrent attendre. D’autres s’abonnent, consomment ce qui les allume, puis résilient leur contrat.

Le catalogue bien garni de Netflix et ses 70 millions d’abonnés partout dans le monde, dont quatre millions au Canada, effraient les sociétés d’ici.

Selon le CRTC, le quart des francophones âgés de 18 à 34 ans souscrivent à Netflix. Pour une génération que l’on dit biberonnée à la gratuité, c’est énorme.

Malheureusement, Club illico et l’Extra d’ICI Tou.tv ne combattent pas à armes égales avec leur rival américain. Netflix n’obéit à aucune règle, ne verse pas de redevances et ne facture aucune taxe de vente, tout en se servant gratuitement des infrastructures de Bell, Vidéotron ou Rogers. C’est injuste et inéquitable, c’est bien vrai.

Par contre, on ne peut pas demander aux consommateurs « d’acheter québécois » uniquement par mesure protectionniste. À un prix identique, le client (j’en suis) sélectionnera le meilleur forfait disponible. Actuellement, c’est Netflix qui propose la sélection la plus alléchante. Et de très loin.

Si les Club illico et Extra d’ICI Tou.tv veulent notre fric, qu’ils nous fournissent du bon stock et pas seulement deux ou trois téléséries par année. C’est trop peu, trop tard.

ÇA S’EN VIENT SUR NETFLIX

The Get Down. Création de Baz Luhrmann (Moulin Rouge), ce drame musical sera campé dans le New York des années 70 à l’aube de l’explosion du hip-hop, du punk et du disco.

Flaked. Comédie avec Will Arnett et produite par Mitch Hurwitz d’Arrested Development. Concept flyé à propos d’un gourou qui habite Venice, en Californie.

The OA. Série policière au ton décalé. Peu de détails ont filtré là-dessus.

Love. Comédie de Judd Apatow (Bridesmaids, Trainwreck) sur les relations homme-femme. Avec Paul Rust et Gillian Jacobs.

The Crown. Série historique racontant le règne d’Élisabeth II et des premiers ministres britanniques qui ont servi sous elle. Avec John Lithgow dans le rôle de Churchill.

The Ranch. Comédie mettant en vedette Ashton Kutcher, Danny Masterson et Debra Winger à propos de deux frères qui essaient de gérer, eh oui, un ranch au Colorado.

Fuller House. Suite très attendue de la populaire sitcom Full House d’ABC, diffusée entre 1987 et 1995.

Toutes les dates de sortie sont à confirmer.

NÉO-COLONS RECHERCHÉS !

J’ai adoré La ruée vers l’or et Destination Nor’Ouest à TVA. J’ai donc très hâte de voir La grande traversée, une docuréalité de Radio-Canada qui reproduira le périlleux – et très long – voyage de huit colons mettant les voiles vers la Nouvelle-France. Le tout exécuté dans les conditions difficiles prévalant à cette époque, sans le scorbut.

Habillés comme leurs ancêtres du début du XVIIIsiècle, ces huit courageux quitteront le port de La Rochelle et disposeront de 45 jours pour atteindre la ville de Québec. Sur leur voilier à trois mâts, présentement amarré à Bristol, en Angleterre, aucun équipement moderne ne sera mis à la disposition de ces néo-explorateurs. Même chose pour la nourriture ou leurs bagages : ils ne partiront qu’avec du matériel qui existait entre 1700 et 1750.

Si ça ressemble à La ruée vers l’or, on ne risque pas de s’emmerder avec La grande traversée. La SRC recrute actuellement huit participants dont l’âge oscille entre 19 et 55 ans. Avoir le pied marin est un atout, évidemment. Le tournage se déroulera sur une période de trois mois, d’avril à juin 2016.

La grande traversée comptera 10 épisodes d’une heure. Radio-Canada les logera dans sa grille printemps-été 2017 pour souligner le 150anniversaire du Canada. L’animateur, qui ne posera pas l’orteil sur le bateau, n’a pas encore été sélectionné.

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