Course
Bas de compression, pour quoi et pour qui ?
La Presse
Sortir en culottes courtes avec les bas remontés jusqu’aux genoux, ce n’est pas du dernier chic. Sauf peut-être pour les coureurs. Pourquoi se couvrir le mollet pour aller jogger ? Est-ce que tous les adeptes de la course à pied devraient porter ces bas ajustés ou seuls ceux qui courent des marathons ? À moins que ce soit l’équipement indiqué de la longue sortie du dimanche ?
Thibault Chesney, conseiller à la boutique Endurance, précise d’emblée qu’il existe deux types de bas ajustés pour les sportifs : le bas de compression et le bas de récupération. « La compression se mesure en millimètres de mercure (mmHg), expose-t-il. Le bas de récupération compresse plus. Habituellement, on tourne autour de 20 à 25 mmHg pour la compression et de 25 à 30 mmHg pour la récupération. »
« Les vêtements de compression ont été fabriqués à l’origine pour les gens atteints de problèmes circulatoires comme la thrombose veineuse profonde ou encore l’insuffisance veineuse chronique, explique Gabriel-Aimé Girard-Audet, kinésiologue spécialiste de la course et fondateur de Kinactif. Ces vêtements sont de plus en plus populaires chez les sportifs dans l’optique d’accélérer la récupération post-exercice. »
L’objectif des bas de compression (et de récupération) est de favoriser la circulation sanguine au moment de l’effort – la course, par exemple – et de la garder active après l’effort.
« Le but est d’améliorer la circulation sanguine pour aider à vidanger les “déchets” et métabolites résultant des dommages musculaires et, grâce à la pression exercée, limiter l’inflammation. »
— Gabriel-Aimé Girard-Audet, kinésiologue spécialiste de la course
L’autre utilité du bas de compression est de limiter la fatigue. « En stabilisant le muscle, on réduit la fatigue occasionnée par les vibrations [causées par le choc répété du pied sur le sol] », explique Stéphane Pilon, conseiller à la boutique Courir. Thibault Chesney ajoute que ce type de bas peut aussi permettre de limiter les périostites, inflammation musculaire qui n’est pas inhabituelle chez les coureurs.
Les bas de compression ne sont pas utiles pour tous les coureurs. « Ce sont les sportifs d’endurance qui utilisent des vêtements de compression, particulièrement les coureurs de longue distance », estime Gabriel-Aimé Girard-Audet. Les bas de compression peuvent être utiles pour les gens qui s’entraînent en vue d’une longue course, mais pas pour ceux qui ne sortent qu’une trentaine de minutes deux ou trois fois par semaine, jugent les conseillers des boutiques Courir et Endurance.
Thibault Chesney ajoute par ailleurs que les bas de compression ne doivent en aucun cas être portés à toutes les sorties. « Habituer son mollet avec ça, ce n’est vraiment pas bon, parce qu’on s’expose davantage aux blessures lorsqu’on l’enlève », dit-il. Un peu comme si le mollet devenait paresseux, enfin, plus sensible aux vibrations sur le tibia.
L’efficacité des bas de compression pendant l’effort ne fait pas l’unanimité. Gabriel-Aimé Girard-Audet dit que les études à ce sujet demeurent partagées. Les bienfaits des bas de récupération, par contre, font plus consensus. Ceux-ci ont un « effet bénéfique modéré » sur la diminution de la sévérité des courbatures et sur la présence de marqueurs inflammatoires, rapporte le kinésiologue. Portés de 24 heures à 72 heures après l’effort, ces bas permettent donc une récupération plus rapide.
En plus de différences dans la pression exercée par les bas de compression et les bas de récupération, les modèles conçus par les divers fabricants ne sont pas identiques. Le tissage des bas fabriqués par certaines entreprises étant plus précis, les produits offrent des niveaux de compression adaptés à la physionomie du mollet. Les conseillers parlent alors de compression « spécifique » par opposition aux bas plus uniformes. Plusieurs de ces bas sont aussi offerts sous la forme de manchons, c’est-à-dire sans la partie qui recouvre le pied.