Cryptomonnaies

Attaque en règle de Mark Carney

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, a lancé hier une attaque en règle contre les cryptomonnaies comme le bitcoin, en demandant aux responsables de la planète de leur accorder la même attention qu’à d’autres produits financiers. Lors d’un discours, l’ancien gouverneur de la Banque du Canada a qualifié de « folie spéculative mondiale » la récente flambée des cryptomonnaies. Il a dit qu’elles devraient être assujetties aux « mêmes normes » que le reste du système financier. Faire partie du système financier confère des avantages énormes, a dit M. Carney, mais cela impose aussi de grandes responsabilités. — Associated Press

Forum économique de la relève d’affaires

Bitcoin, occasion ou pure spéculation ?

Les cryptomonnaies, et plus particulièrement la plus connue d’entre elles, le bitcoin, sont-elles une occasion d’affaires ou de la pure spéculation ? Ce débat, sur fond d’intelligence artificielle, était au cœur hier du Forum économique de la relève d’affaires, qui a réuni quelque 700 participants dans un hôtel du centre-ville de Montréal.

Pour Michael Albo, président et fondateur de l’Institut pour la science des données, un organisme international de formation, on peut voir le bitcoin comme « un système de croyances ». M. Albo était l’un des quatre experts qui ont donné hier un atelier qui s’est avéré être un exercice particulièrement réussi de vulgarisation des cryptomonnaies.

« Imaginez que le bitcoin est une religion. La puissance de cette croyance ne vient que de l’investissement émotionnel du groupe qui la reconnaît. C’est exactement ça que représente le bitcoin : l’objectif est de convaincre les gens que ç’a de la valeur. C’est tout ou rien. »

Non au bitcoin, oui à la technologie

Plus tôt en matinée, le président et chef de la direction de la Banque Nationale, Louis Vachon, avait fait part de son profond scepticisme à l’égard des cryptomonnaies. « Le modèle n’a pas prouvé sa résilience ; c’est clair qu’il y a énormément de spéculation. Je pense qu’une partie des cryptomonnaies sert à contourner les règles en matière de blanchiment d’argent et d’évasion fiscale. Je ne dis pas qu’elles vont disparaître, elles vont rester, mais demeurer un marché de niche. »

Il a cependant qualifié la technologie derrière le bitcoin, la chaîne de blocs, d’« intéressante », mais estime qu’elle doit être suffisamment encadrée et sécurisée. « Quand on me dit que la blockchain ne peut être hackée, je cite un prophète beauceron qui a dit : “bullshit”… »

Pour Jonathan Hamel, président et fondateur de l’Académie Bitcoin et présent à l’atelier sur ce sujet en fin de matinée, cette insistance à séparer bitcoin et chaîne de blocs est « stupide ». De nombreuses entreprises importantes, notamment dans le secteur bancaire, multiplient en effet les investissements dans les chaînes de blocs depuis quelques années.

« C’est impossible que le blockchain fonctionne sans incitatif : ici, c’est le bitcoin, a-t-il expliqué en marge de l’atelier. Le bitcoin est une récompense attribuée à ceux qui s’assurent de l’intégrité du registre. Si vous créez un réseau fermé dans lequel vous avez confiance en tous les intervenants, vous n’avez pas besoin de blockchain. »

Pas de consensus

La volatilité extrême des cryptomonnaies, estime M. Hamel, est d’abord due à leur capitalisation relativement petite, quelque 434 milliards au total, une goutte d’eau dans la masse monétaire mondiale qu’on estime au bas mot à 90 400 milliards, selon MarketWatch.

« C’est un marché jeune et relativement restreint. Dans les premières années de l’échange de l’or, c’était probablement la même volatilité. » — Jonathan Hamel

La curiosité médiatique à l’égard du bitcoin et l’arrivée massive de nouveaux acheteurs peu informés expliquent également les fluctuations en montagnes russes du bitcoin, qui a frôlé les 20 000 $US en début d’année pour retomber à 7000 $US le 5 février dernier, a précisé Nick Chong, cofondateur de QUOINE+BLOCKWAVE. Cette fintech est née de l’association de deux entreprises japonaise et montréalaise spécialisées dans l’échange de cryptomonnaies.

« Beaucoup de gens s’intéressent au bitcoin et achètent pour la première fois : ça fait flamber les prix. Et dès que ça descend, c’est la peur de l’incertitude, ça descend. »

Alors, occasion d’affaires ou spéculation, le bitcoin ? Les experts n’ont évidemment pas dégagé un consensus en 90 minutes sur un débat qui fait rage depuis presque une décennie. Dans un exercice intéressant, Michael Albo a demandé aux personnes de l’audience de lever la main si elles étaient prêtes à investir leur fonds de pension dans des bitcoins. Aucune ne l’a fait.

Son collègue Jonathan Hamel a repris l’exercice, mais en demandant plus simplement qui serait prêt à acheter une somme raisonnable de bitcoins, comme un investissement à long terme. La majorité de l’audience a levé la main.

Le bitcoin en chiffres

Cours au 2 mars 2018 : 14 046 $*

Nombre d’unités en circulation : 16 895 950 (maximum de 21 millions atteint vers 2140)

Capitalisation : 237 milliards

11 511 004 comptes d’utilisateurs répertoriés

Sommet : 24 954 $, atteint le 16 décembre 2017

Cours le plus bas depuis un an : 1206 $, 24 mars 2017

* Toutes les sommes sont en dollars canadiens. Source : CoinDesk

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.