L’Impact

Aux bons souvenirs de 2008

Un nouveau chapitre de la rivalité entre l’Impact et le Toronto FC s’écrira, demain soir au stade Saputo, à l’occasion de la finale du championnat canadien. Trois membres de l’Impact de 2008 se souviennent du contexte et de la genèse de cette rivalité qui, à la surprise quasi générale, avait tourné en faveur des pensionnaires de la deuxième division.

Changement de garde

Le printemps 2008 est sous le signe de la nouveauté. Quelques jours après l’inauguration du stade Saputo, l’Impact entame son premier championnat canadien, qui l’oppose au Toronto FC (MLS) et aux Whitecaps de Vancouver (USL). Peu après, John Limniatis remplace Nick De Santis après un début de saison difficile (2-6-2).

« On ne jouait pas bien et, avec l’ouverture du stade Saputo, on sentait une sorte de pression de gagner. Je me rappelle avoir fait un tournoi de golf en compagnie de Joey Saputo et il nous avait dit : “Si on peut gagner le championnat canadien, ça sauvera notre saison.” Je trouvais que ça avait ajouté de la pression sur nos épaules. »

— Patrick Leduc, ancien milieu de terrain de l’Impact

« Cette équipe-là avait quand même des éléments de qualité et, en plus, le noyau était ensemble depuis deux ou trois ans. Elle avait tout pour bien faire et ce n’était pas normal d’être dans une telle position après quelques matchs. Après plus de quatre ans, je me disais que c’était le temps, pour moi, de m’en aller. »

— Nick De Santis, ancien entraîneur-chef de l’Impact, actuel vice-président, relations internationales

« Je ne connaissais pas beaucoup John, mais tout de suite, on a vu qu’il était un entraîneur proche des joueurs au niveau de sa personnalité et de la communication. C’est typique : quand un nouveau coach arrive, ça change la dynamique, les entraînements et les exigences sont différents. Ça a pris du temps à nous adapter. »

— Simon Gatti, ancien milieu et défenseur de l’Impact

« Lors du premier match contre Toronto, il y avait une différence de niveau, mais elle avait été amplifiée par une expulsion [Stefano Pesoli à la 52e minute]. À partir de là, Toronto a dominé, et on a limité les dégâts. En première mi-temps, on avait eu quelques occasions. Je jouais en défense centrale et j’avais passé une bonne partie du match tout près de Matt Jordan. »

— Patrick Leduc

« Quand le championnat canadien débute [sous la forme d’un mini-championnat], on était les négligés puisque le Toronto FC jouait dans la MLS depuis 2007. On n’avait pas de pression parce que personne ne s’attendait à ce qu’on gagne. Si on l’emportait, c’était tant mieux pour nous. »

— Simon Gatti

Un stade intimidant

Après une défaite contre Toronto, l’Impact a remporté ses deux affrontements avec les Whitecaps. Parallèlement, le TFC n’a engrangé qu’un seul point face à la formation de la Colombie-Britannique. Le 22 juillet, le dernier match de ce mini-championnat, à Toronto, équivaut à une finale. L’Impact peut se contenter d’un match nul pour être champion.

« Oui, le tournoi était important, et on voulait le gagner. Mais on voyait plutôt le fait de battre une équipe MLS avec, en plus, cette rivalité contre Toronto. Avec tous ces éléments-là, tu pouvais ressentir de l’émotion chez le staff technique, les joueurs et tout le club. »

— Nick De Santis

« Il fallait passer à travers des 20 premières minutes pour se prouver qu’on était capables de jouer sur leur terrain et dans un stade intimidant. Le bruit était amplifié par la proximité des gradins. On a accordé un but tôt dans le match, mais on s’est bien replacés en égalisant assez vite. C’est comme si le scénario du match s’est déroulé comme on l’avait prévu. »

— Patrick Leduc

« Quand [Roberto] Brown a marqué, sur un corner, j’étais allé célébrer avec mes coéquipiers dans le coin. Un spectateur m’a lancé une roche ou quelque chose d’autre, et j’ai eu une petite marque sur la poitrine pendant un certain temps. Brown était super. Il était fort de la tête et il a aussi marqué des buts importants, par la suite, en Ligue des champions. »

— Simon Gatti

« Le TFC dominait et c’est normal. Récemment, je me disais encore : “Quand est-ce qu’on ne souffre pas ?” On est né pour souffrir, mais je me rappelle que Matt [Jordan] a fait des arrêts très importants. »

— Nick De Santis

« On était sous pression dans les 15 dernières minutes. C’était malade. Si on rejouait cette fin de match, probablement que le TFC marquerait huit fois sur dix. Cette fois-là, on a eu un peu de chance, on a bien défendu et on a montré du caractère. »

— Simon Gatti

Vers la Ligue des champions

En fin de match, le TFC frappe le poteau et l’attaquant ontarien Jeff Cunningham rate une énorme occasion. L’Impact tient bon, et le match nul de 1-1 lui ouvre les portes de la Ligue des champions. La belle aventure se terminera par cinq minutes d’enfer, le 5 mars 2009, à Santos Laguna, où les Montréalais accordent deux buts dans les arrêts de jeu pour s’incliner 5-4 au cumulatif. L’Impact et son public ont tout de même pris goût à ces escapades continentales.

« Dès qu’on a gagné, on a réalisé qu’on allait jouer la Ligue des champions. Ce sont de nouveaux horizons, c’est excitant. Comme on avait fait des camps d’entraînement à l’étranger et qu’on avait affronté l’équipe nationale du Honduras, cette année-là, c’est comme si cette victoire avait donné un sens à cette préparation. »

— Patrick Leduc

« Ce match à Toronto et la Ligue des champions restent les souvenirs les plus mémorables de ma carrière. Je me rappelle du match contre Olimpia au Honduras. Les partisans salivaient, ils voulaient te manger. C’était comme une prison pour éviter qu’ils viennent sur le terrain. Là encore, on était les négligés dans cette compétition. »

— Simon Gatti

« Quand tu affrontais les Honduriens ou les Mexicains, là-bas ou à Montréal, tu sentais qu’il y avait quelque chose de différent. Avant, il manquait un peu cette culture en deuxième division. Là, on faisait notre entrée dans le monde du foot grâce à ce match nul à Toronto. De se mettre en position de battre un club comme Santos Laguna, dont on connaît le budget, c’était incroyable. On a perdu le match retour (5-2) parce qu’on n’avait pas encore vécu de moments semblables pour s’ajuster. »

— Nick De Santis

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