Total Crap

Le pire de Noël

Entre le magasinage des cadeaux, la décoration du sapin et la préparation des tourtières, pourquoi ne pas fêter Noël en s’amusant du pire de ce que cette fête a à offrir ? C’est ce que Simon Lacroix et Pascal Pilote proposent, en collaboration avec le festival SPASM, aux amateurs ce samedi 5 décembre avec leur festival d’un soir Total Crap. Cet événement spécial de Noël (pour les 18 ans et plus) comprendra bien des choses vues à la télé ou au cinéma : le père Noël contre les zombies, Satan et le lutteur Beefcake ; de la porno de Noël ; un Chuck Norris, des nains et des ninjas de Noël... Le tout a lieu au théâtre Plaza de la rue Saint-Hubert à compter de 21 h.  — André Duchesne, La Presse

PINOCCHIO

Mon frère, l’insaisissable

Petit, Éric s’identifiait constamment à Pinocchio.

« C’était son personnage préféré. Il écoutait cette histoire sans arrêt. Il s’identifiait à Pinocchio », dit sa sœur, la cinéaste André-Line Beauparlant, de quatre ans son aînée. « C’est fou », ajoute-t-elle.

Devenu adulte, Éric est devenu un homme libre. Vaguement marin, mythomane, charmeur, il a embobiné quantité d’individus pour mieux les arnaquer, leur soutirer de l’argent, avant de disparaître dans la nature.

Il a été traqué. Il a fait de la prison. Il a été déporté au Canada. Et il est – aujourd’hui – disparu à nouveau, laissant dans un mélange de flou et d’inquiétude ses parents et sa sœur, directrice artistique (Incendies, Inch’Allah, Guibord s’en va-t-en guerre) et réalisatrice (Trois princesses pour Roland, Le petit Jésus).

Éric, ce beau parleur au nom prédestiné, est donc le sujet central de Pinocchio, nouveau documentaire d’André-Line Beauparlant avec qui La Presse s’est entretenue.

Qu’est-ce qui a motivé cette envie de parler ainsi de votre frère ?

Éric était très présent dans ma vie avec cette habitude qu’il a d’apparaître et de disparaître, d’avoir constamment besoin d’argent, etc. Or, pour moi, tourner des documentaires est une façon de réfléchir sur le monde à travers la famille. Je me sers toujours de situations particulières, comme celle d’Éric, comme tremplin pour explorer ce thème, la famille, que j’affectionne.

Aviez-vous conscience de l’essence de cette quête avant de commencer ?

Je pense que oui, mais je ne connaissais pas la fin. J’étais très intéressée par son histoire et j’essayais de comprendre où il voulait en venir avec sa façon de vivre. Éric est très lucide. Il m’a dit savoir combien il est menteur. Nous nous sommes entendus sur le fait que je tournais un film sur lui. J’ai tourné ça sur plusieurs années, à temps partiel. D’abord parce que j’ai un autre métier et aussi parce qu’il disparaissait souvent durant de longues périodes sans laisser de traces.

Pourquoi une telle mise à nu de vous et de votre famille ?

Vous trouvez ? Je ne crois pas y voir une plus grande mise à nu que dans mon film Le petit Jésus. L’histoire d’Éric me préoccupait et m’obsédait. Or, il n’y avait que moi pour faire un film comme ça sur mon frère. Je pouvais aller plus loin parce que je le connais bien. Je ne crois pas non plus qu’il est seul dans cette façon de se réinventer. C’est assez fréquent. J’ai l’impression que c’est alimenté par une sorte de non-confiance en soi.

Ai-je raison de dire que vous semblez plus intriguée qu’affligée par ce qu’il fait ?

C’est un mélange des deux. De moi à lui, il y a un mélange d’amour, de colère, de compassion. Moralement, je n’aime pas le voir voler des gens, le voir demander de l’argent sans arrêt à mes parents. Mais j’ai fait le film en essayant de ne pas être dans le jugement. L’histoire d’Éric est plus compliquée que de simplement dire qu’il est un arnaqueur. C’est, à mon avis, beaucoup plus douloureux. Même s’il affirme avoir une autre façon de voir la vie. Mon film essaie de comprendre sa façon d’être, sa façon à lui de vivre sans attaches.

Pinocchio prend l’affiche le 11 décembre.

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