Achat d’Ubisoft

Vivendi change de ton

Un an presque jour pour jour après avoir mis la main sur l’entreprise de jeux mobiles Gameloft, le chef des opérations de Vivendi était de passage dans son studio montréalais hier, où il s’est félicité du succès de l’opération. Au point d’en vouloir plus, dont Ubisoft, avec ou sans les frères Guillemot.

Pour la première fois hier, en entrevue avec La Presse dans le studio montréalais de Gameloft, le président et chef des opérations de Vivendi, Stéphane Roussel, qui est aussi PDG de Gameloft, a changé de ton par rapport à l’approche de son entreprise vis-à-vis de la famille Guillemot, fondatrice d’Ubisoft.

Le géant français s’est lancé aux trousses de Gameloft et d’Ubisoft, deux entreprises de jeux vidéo fondées par la famille Guillemot, en octobre 2015. Il a rapidement scellé le sort de la première, au moyen d’une offre d’achat hostile.

L’opération visant la seconde est plus ambitieuse. D’abord, une offre hostile coûterait beaucoup plus cher. Gameloft a été achetée pour environ 1 milliard de dollars canadiens, alors que la capitalisation boursière actuelle d’Ubisoft est de près de 9 milliards. Il a aussi toujours été tenu pour acquis dans le milieu financier qu’une telle opération devait se faire en accord avec la famille Guillemot, le président Yves Guillemot étant généralement apprécié des troupes.

Pour la première fois, Vivendi se dit prête à étudier d’autres options.

« Le succès de l’intégration de Gameloft donne l’idée d’aller plus loin dans les jeux vidéo, dit M. Roussel. À l’échelle Vivendi, ça ne suffit pas, donc on veut accélérer. C’est possible que ce soit avec Ubisoft, mais ça peut aussi être avec quelqu’un d’autre. »

Puis il manifeste son impatience envers la politique de la porte fermée de la famille Guillemot.

« On a beau tendre la main, on est face à une famille qui a de la difficulté à accepter les règles du jeu liées au fait d’être en Bourse, déplore-t-il. Il y a un blocage de leur côté, au minimum. Mais ça ne nous empêche pas d’avancer. La décision d’accélérer ou pas, elle ne se fera pas par rapport à leur comportement, il faut être clairs, parce qu’on pourrait attendre longtemps. Ça se fera par rapport à ce qu’il est pertinent de faire, si le prix est le bon. On n’est pas condamnés à le faire avec Ubisoft, mais on en détient quand même déjà 27 %. Ce serait le penchant le plus naturel, mais je ne suis pas en train de vous dire qu’on va le faire de manière certaine. »

M. Roussel et les trois autres membres du comité de direction de Gameloft de passage au Canada ont rencontré le premier ministre Justin Trudeau jeudi, à Ottawa. La question de l’acquisition d’Ubisoft a été soulevée par M. Trudeau, selon M. Roussel, qui dit avoir rassuré le premier ministre sur l’engagement de son entreprise envers le Canada. Une rencontre avec Philippe Couillard était prévue hier après-midi, après celle avec La Presse.

Amélioration chez Gameloft

En un an, Vivendi estime avoir fait significativement progresser la situation chez Gameloft, numéro un mondial du jeu mobile pour le nombre d’employés et de téléchargements.

« Nous venons de livrer coup sur coup les deux meilleurs trimestres de l’histoire de Gameloft pour les revenus », rappelle le directeur financier Alexandre de Rochefort. Le record précédent datait du premier trimestre 2015.

« On a eu la bonne surprise en arrivant de tomber sur une équipe solide qui ne demandait qu’à ce qu’on lève le couvercle. La direction précédente était très centralisée et peut-être pas assez à l’écoute de ceux qui savent. »

— Stéphane Roussel

Des initiatives ont ainsi été mises en place pour favoriser l’émergence d’idées provenant des employés eux-mêmes, avec grand succès selon Alexandre Pelletier-Normand, ancien grand responsable du studio montréalais promu au rang de vice-président sénior à la production après l’arrivée de Vivendi.

« La spécialité de Vivendi, c’est le développement de talent. Ils s’assoient et ils écoutent. »

« Ce qui est bien, c’est que les mesures qui ont été mises en place, c’est nous qui les voulions et les avons avancées », ajoute Baudouin Corman, vice-président sénior aux ventes et au marketing.

La direction de Vivendi ne s’en cache pas, elle espère que les succès qu’elle obtient chez Gameloft se rendent aux oreilles des employés d’Ubisoft, qui ont entendu toutes sortes d’histoires d’horreur sur les méthodes du conglomérat provenant d’autres entreprises acquises par lui.

« Ils devraient être assez sereins, se dire que si jamais ça se passe, c’est loin d’être la fin du monde, puisqu’on voit comment ça se passe chez Gameloft », souhaite M. Roussel.

Revue boursière

Wall Street atteint encore un sommet

Les marchés boursiers américains ont fait fi des plus récentes données sur le marché de l’emploi et clôturé à des sommets records, tandis que la baisse du cours du pétrole a pesé sur la Bourse de Toronto.

Industrie du vêtement

Canada Goose bondit

L’action de Canada Goose a bondi de 16 %, hier, après la publication des premiers résultats trimestriels de l’entreprise depuis son entrée en Bourse. L’entreprise a perdu 23,4 millions, contre 9 millions l’an dernier, mais les revenus ont augmenté de 22 %, à 51 millions. Depuis son entrée sur les marchés, le titre a gagné 35 %. — La Presse

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