Théâtre musical

Les choristes sur scène à Montréal  

Un spectacle des Choristes, cette chronique douce sur la nostalgie de l’enfance et la grâce de la musique, sera produit en primeur nord-américaine au Monument-National, à Montréal, en mai 2018, dans une mise en scène de l’omniprésent – et talentueux – Serge Denoncourt.

La Presse a appris que Juste pour rire Spectacles a obtenu les droits pour l’adaptation québécoise de la comédie musicale tirée du film de Christophe Barratier, créée par ce dernier aux Folies Bergère à Paris, en février dernier. Toutefois, l’adaptation signée par Denoncourt et Maryse Warda se rapprochera plus d’un spectacle de théâtre musical, avec chansons et dialogues, que d’une comédie musicale traditionnelle.

Sorti en 2004, Les choristes, premier long métrage de Christophe Barratier, demeure dans le top 30 des grands succès du cinéma français, toutes époques confondues. Le film, mettant en vedette Gérard Jugnot dans le rôle d’un musicien qui décroche un poste de surveillant dans un internat dans la France d’après-guerre, a même été finaliste aux Oscars et aux Golden Globes.

Fait pour la scène

Joint à Paris le week-end dernier, Christophe Barratier a confié à La Presse avoir longtemps jonglé avec l’idée d’une adaptation scénique de son succès. Or, le réalisateur était toujours trop occupé pour se pencher sur ce projet de comédie musicale. Un appel d’un producteur de TF1, en 2014, lui a donné l’élan pour se lancer à titre de metteur en scène, coauteur du livret et co-compositeur musical.

« Depuis 13 ans, les personnages sont devenus des classiques, explique le cinéaste en entrevue. C’est une sorte de conte de fées, dans un passé pas si lointain où l’on n’a aucune prise avec les problèmes du monde contemporain. C’est ce qui fait l’universalité de l’histoire », elle-même adaptée du classique du septième art La cage aux rossignols.

« J’ai voulu traduire sur scène ce que l’on ressent en regardant le film. Je voulais que cela tienne du conte pour tous Et c’est venu facilement, avec beaucoup de plaisir. »

— Christophe Barratier

« Je me suis même demandé si le spectacle musical n’avait pas devancé le film, tellement la représentation au théâtre lui va comme un gant », ajoute-t-il.

Porter ce film à la scène n’est toutefois pas une sinécure. Parmi les écueils : la gestion d’une troupe constituée en grande partie d’enfants et qui doit réaliser un nombre important de représentations.

Dès le départ, Christophe Barratier a décidé qu’il n’y aurait pas d’extraits du film projetés en toile de fond. Il fallait fusionner le récit et trouver sa théâtralité. Pas de décor réaliste ni de projection vidéo, donc, mais des nouvelles chansons et de la fantaisie.

L’art du chant

On rappelle l’histoire : Clément Mathieu, professeur de musique sans emploi, accepte un poste de surveillant dans un internat de rééducation pour mineurs, au tournant des années 50. Entre des jeunes perturbés et l’hostilité d’un directeur adepte de la manière forte, le bienveillant « pion » essaie de trouver sa place. Pour ce faire, il tente d’initier ses élèves indisciplinés à la pratique du chant en formant une chorale.

Si le film a touché le cœur des gens (plus de 15 millions d’entrées sur la planète), c’est parce que tout le monde y reconnaît « une part de son enfance perdue », estime le réalisateur.

En France, la version scénique des Choristes a déjà été applaudie par plus de 150 000 spectateurs ; elle sera de retour à Paris en janvier prochain. « La moitié de la salle est composée d’enfants qui n’étaient pas nés au moment de la sortie du film et qui connaissent les chansons par cœur », dit Barratier.

« Une différence importante [entre le spectacle et le film], c’est que des chansons comme Vois sur ton chemin ou Le cerf-volant sont recréées en les interprétant devant des spectateurs, qu’ils aient vu ou pas le film. C’est une nouvelle émotion extraordinaire. »

— Christophe Barratier

Pour l’anecdote, Vois sur ton chemin, coécrite par Barratier et Bruno Coulais, a été nommée comme meilleure chanson lors de la soirée des Oscars en 2005. Et c’est nulle autre que Beyoncé qu’il l’a interprétée au Kodak Theatre.

« C’était extraordinaire ! Jamais je n’aurais imaginé que deux ans après avoir tourné Les choristes, je me retrouverais dans une salle pleine de stars à Hollywood, nommé deux fois aux Oscars, et que Beyoncé entonnerait notre chanson devant moi et des centaines de millions de téléspectateurs ! D’autant plus qu’il y a 12 ans, je ne connaissais pas du tout Beyoncé… »

Les choristes, au Monument-National, à partir un 23 mai. La production négocie pour présenter le spectacle ailleurs dans la province.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.