Japon

Où sont les femmes ?

Partout au Japon, on retrouve des izakayas, qui sont l’équivalent des bistrots français, des pubs anglais ou des bars à tapas espagnols, un endroit où on va prendre en verre après le travail et où on peut commander des petits plats.

C’est à Hiroshima, dans une izakaya de quartier, près de notre hôtel, où nous étions allés pour dîner, que cela m’a frappé. Il y avait quatre femmes dans l’établissement, ma conjointe et les trois serveuses. Plein de Japonais qui, après leur travail, avaient ôté leur veston pour prendre une bière ou du saké, mais pas une Japonaise.

Et ce n’était pas qu’à Hiroshima. Dans les innombrables petits restaurants de Tokyo et de Kyoto, bondés tous les soirs, il y a très peu de femmes. Est-ce que les Japonais, quand ils quittent leur bureau, abandonnent leurs collègues féminines pour finir la soirée entre gars ? Ce n’est pas tout à fait ça. La réponse, c’est plutôt qu’ils n’ont pas de collègues féminines, parce que les femmes sont à la maison.

Les femmes travaillent quand elles sont jeunes et qu’elles sortent de l’école ou de l’université. Ensuite, quand elles se marient et qu’elles ont des enfants, elles ne reviennent plus sur le marché du travail. Le taux d’activité des femmes qui ont des enfants n’est que de 38 %, ce qui revient à dire que presque les deux-tiers des mères de famille restent à la maison.

C’est, en soi, un indice clair du fait que les femmes n’occupent pas pleinement leur place dans la société japonaise et que celle-ci accuse un sérieux retard sur les sociétés occidentales dans la longue marche vers l’égalité. Mais ce qui est étonnant, c’est que cette exclusion des femmes n’est pas seulement rétrograde, elle est franchement suicidaire.

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