Industrie de la construction

Elles ont réussi

Le portrait n’est pas que sombre pour les femmes dans l’industrie de la construction. À ce titre, les histoires de succès se multiplient. En voici quatre.

VALÉRYE DAVIAULT

Chargée de projet

Elle a terminé une technique en architecture, mais elle souhaitait quelque chose de plus terrain, plus concret que les plans et devis. Valérye Daviault s’est lancée dans le marché du travail comme stagiaire dans une entreprise de toiture. Elle a gravi les échelons jusqu’à son poste actuel de chargée de projet.

Avec la même équipe depuis six ans, elle a fait ses preuves. « Au départ, c’était une question de crédibilité. J’avais 20 ans, je suis une femme, je mesure 4 pi 10 po et j’arrivais sur le chantier pour leur dire quoi faire… », illustre celle qui travaille au sein d’une entreprise familiale. « Lorsque l’on m’a délégué des projets, j’ai été confrontée au fait que les gens sur le terrain voulaient parler au père ou aux fils. Après nos discussions, ils prenaient le téléphone et les appelaient. Mes patrons m’ont beaucoup aidée en leur rappelant que c’était à moi de prendre les décisions. »

Un organisme comme Les Elles de la construction est essentiel, selon Valérye Daviault. « On a les mêmes passions, on partage les succès, c’est inspirant et encourageant. C’est la petite tape dans le dos qui fait la différence. »

STÉPHANIE CLICHE

Peintre en bâtiment

Stéphanie Cliche a travaillé au sein du gouvernement fédéral jusqu’à l’âge de 40 ans. Lassée du caractère répétitif de son emploi, elle remet tout en question et songe à l’industrie de la construction.

Dès son premier jour d’école, elle s’est donné un rôle de leader positif pour créer un sentiment de cohésion avec les sept autres femmes qui étudiaient avec elle. « Quand tu termines un cours de construction, on dit “Bravo”. Mais mercredi soir, tu gradues. Jeudi matin, tu es toute seule quand tu es une femme. J’en ai envoyé des CV, peut-être 300… Ça m’a pris un an pour trouver ma première job », confie Stéphanie Cliche.

Aujourd’hui, elle travaille à la Ville de Montréal comme peintre à l’arrondissement de Rosemont—La Petite-Patrie : « Je ne m’étais pas laissée d’autres options que de réussir. Mais j’y suis arrivée. »

Bien impliquée au sein des Elles de la construction, elle veut aider les filles à ne pas se laisser abattre. « On est meilleure pour défendre les autres que s’aider soi-même. Je veux être proche des jeunes filles pour les aider là-dessus », promet Mme Cliche.

CINDY LUCIO

Chargée de projet et développement des affaires

La construction, ce n’était pas le plan initial. Elle appelle ça une déviation de parcours, alors qu’elle était à l’université. Après avoir terminé une thèse en psychologie, Cindy Lucio a réalisé que ce n’était pas pour elle.

Une occasion s’est présentée pour qu’elle se joigne à une entreprise en construction, un rêve qu’elle avait depuis longtemps. « J’ai touché à tous les domaines jusqu’à devenir chargée de projet. J’ai été chanceuse de trouver une entreprise très ouverte. Ça a facilité mon intégration. »

Ce qui était difficile, c’était de bâtir une crédibilité auprès des hommes de métier, mais elle y est arrivée. Elle admet avoir eu de la difficulté avec les autres femmes aussi, comme quoi l’entraide fait parfois place à la compétition sur le terrain.

Faire sa place en tant que femme ? On ne doit pas voir ça comme un obstacle. « C’est une motivation. J’ai l’impression d’avoir accompli encore plus. C’est gratifiant. Il y a une belle reconnaissance et il y a de la place pour grandir. Il ne faut pas avoir peur », dit Cindy Lucio.

SYLVIA CHOUINARD

Entrepreneure générale

L’an dernier, Sylvia Chouinard a mis de côté sa carrière en neuropsychologie pour se consacrer à temps plein à son entreprise Les habitations Chouinard.

De par son rôle, c’est elle qui attribue les contrats. « Les gens sont mal placés pour faire des commentaires parce que je suis une femme. Je décide avec qui je travaille. Il y a encore beaucoup de travail à faire pour l’intégration des femmes, je suis dans une position plus facile que celle des femmes de chantier. »

Quand c’est possible, elle essaie de choisir des entreprises qui ont des femmes dans l’équipe. « Ça crée une dynamique différente sur les chantiers », observe-t-elle.

Elle insiste sur le fait qu’il faut nuancer les choses lorsque l’on parle des difficultés vécues par les femmes dans la construction. « Il y a des embûches, mais aussi des succès. Il ne faut pas décourager celles qui veulent aller travailler dans l’industrie. Quand on est motivé et qu’on aime ce qu’on fait, on réussit. »

À partir d’octobre, Sylvia Chouinard sera la prochaine présidente des Elles de la construction.

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