Personnalité de la semaine

Andrew Lutfy

Andrew Lutfy, c’est l’histoire d’un jeune homme qui se trouve un boulot à temps partiel dans un commerce, l’achète et le transforme en grand succès de la vente au détail. L’histoire d’un Montréalais passionné par sa ville, la création, la lutte contre le cancer, les projets immobiliers et ses boutiques. Le propriétaire du Groupe Dynamite, Andrew Lutfy, est notre personnalité de la semaine.

Son arrière-grand-père faisait le commerce de la fourrure. Son grand-père a fondé la marque de vêtements pour enfants Harley à l’origine de Gildan. Son père travaillait dans le secteur de la lingerie. « Mon autre grand-père aussi était dans la guenille. On était dans la guenille des deux côtés de ma famille ! », raconte Andrew Lutfy, amusé.

Malgré ce patrimoine, il rêvait d’autre chose. 

« Je voulais travailler dans la construction. J’aimais l’idée de bâtir quelque chose avec du bois et de la pierre. »

— Andrew Lutfy, président du Groupe Dynamite

Il aura finalement construit l’un des plus importants détaillants du pays.

Avec ses enseignes pour adolescentes (Garage) et jeunes filles (Dynamite), le Groupe Dynamite regroupe 374 magasins, compte 6000 employés et réalise des ventes de 600 millions de dollars. Les points de vente se trouvent principalement au Canada (262), mais aussi aux États-Unis (78) et au Moyen-Orient (34 franchises).

Début juin, le Conseil canadien du commerce de détail (CCCD) a reconnu le « succès exceptionnel » d’Andrew Lutfy, en lui décernant le Prix du détaillant par excellence de l’année 2016. « Il est ambitieux et audacieux, dit la présidente de l’association, Diane J. Brisebois. Et il a une qualité rare chez les propriétaires d’entreprises : il comprend qu’il doit bâtir autour de lui une équipe performante pour que l’entreprise puisse croître. »

« C’est tout un honneur, j’étais sous le choc », confie le principal intéressé. Heureuse coïncidence, au moment même où l’industrie du détail reconnaissait sa réussite, il s’attaquait (avec l’enseigne Garage) au vaste marché de la Californie. Un territoire où très peu de détaillants canadiens se sont aventurés.

UN DUO, UNE VISION

S’il n’avait pas quitté le nid familial à 18 ans pour cause de mésentente, le magasin Garage de la Place Versailles n’aurait sans doute pas connu le même destin. C’est dans ce commerce appartenant à son beau-père qu’Andrew Lutfy commence à travailler, en 1982, pour payer son loyer.

Au fil du temps, il gagne en responsabilités, devient coactionnaire, participe à la création de l’enseigne Dynamite et se retrouve unique propriétaire. Il convainc ensuite la comptable Anna Martini de quitter Deloitte et Touche pour devenir la présidente de l’entreprise. « C’est un visionnaire, dit-elle. Il sait où il veut aller et il oriente son équipe en conséquence. Il parle beaucoup de sa vision. »

Le solide duo fait grandir l’entreprise à vitesse grand V. En 2007, il s’attaque au marché américain, ultraconcurrentiel. La stratégie fonctionne, malgré la crise économique qui afflige le pays. Le travail d’Andrew Lutfy est alors reconnu par Ernst & Young, qui lui décerne le titre d’Entrepreneur de l’année pour le Québec.

PROJETS MULTIGÉNÉRATIONNELS

Même si l’entrepreneur aime le secteur du vêtement parce que la créativité y est « extrême », son intérêt pour la construction persiste. Il assouvit cette passion en devenant actionnaire et président du conseil de Carbonleo, l’entreprise derrière le Quartier DIX30, le projet Royalmount et la construction d’un vaste complexe (hôtel, condos, commerces) rue de la Montagne.

« La vente au détail, c’est du court et moyen terme. L’immobilier, c’est multigénérationnel. Ça a un impact qui aide à revitaliser et faire croître Montréal et le Québec. Ça va rester après mon départ. »

— Andrew Lutfy, président du Groupe Dynamite

« Je suis le Montréalais le plus fier de l’être. Mon argent est disproportionnellement investi au Québec, mais je suis tellement passionné par Montréal. »

ENGAGEMENT SOCIAL

Une bonne partie de son temps est aussi consacrée à diverses causes, notamment celle de l’institut des Cèdres contre le cancer, fondé par son grand-père (celui à l’origine de Gildan). « Je m’implique beaucoup en temps et en argent dans cette fondation. Ce qu’ils font est incroyable, les services, le soutien émotionnel… »

Centraide peut aussi compter sur l’aide du philanthrope. En outre, les magasins Garage contribuent au financement de la Fondation pour l’enfance Starlight et la chaîne Dynamite à la Fondation Cure (cancer du sein). « Mon père dit que je maîtrise l’art d’organiser ma carrière pour qu’elle s’intègre dans ma vie personnelle », relate l’homme de 51 ans.

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