Canadien–Avalanche

Muselé

Face à Semyon Varlamov et l’Avalanche du Colorado, le Canadien a été blanchi pour la huitième fois cette saison, un sommet de médiocrité dans la LNH qu’il partage désormais avec les Sénateurs d'Ottawa.

Analyse

En attente

La question : Claude, es-tu tanné de nous répéter si souvent la même chose ?

La réponse : Surtout quand vous me posez les mêmes questions.

C’est vrai, la porte était grande ouverte pour ce type de réplique. C’est de bonne guerre. Mais ça illustre le climat d’attente dans lequel le Canadien est plongé en ce moment.

C’était le match numéro 56. Le Canadien a encore perdu sur la route, cette fois 2-0 face à l’Avalanche, et a porté son dossier désastreux à 8-17-1 sur les patinoires adverses. Pas exactement les « guerriers sur la route » que Claude Julien désirait.

Surtout, pour la huitième fois de la saison, le Canadien a été blanchi par l’adversaire. On a beau vanter les 44 tirs au filet, ce n’est pas ce qui compte. Au final, dans la colonne qui importe vraiment, c’était écrit 0.

C’est aussi la 21e fois cette saison que le Canadien marque un but ou moins.

« C’est frustrant parce qu’on n’est pas capables de marquer et on n’est pas les meilleurs sur la patinoire sur la route, a dit Charles Hudon, visiblement frustré. Il faut changer ça le plus rapidement possible. »

Doit-on le souligner, le Canadien a aussi profité de 41 secondes à cinq contre trois sans vraiment menacer Semyon Varlamov. La même séquence se répétait : passe à Galchenyuk, tir sur réception, arrêt du gardien. On devinait trop facilement ce qui s’en venait.

Hudon a bien fait, comme d’habitude. Il a insufflé de la vie à son trio avec Brendan Gallagher et Tomas Plekanec. Le trio de Jonathan Drouin, Alex Galchenyuk et Nikita Scherbak a aussi connu de bons moments, surtout en troisième période. Mais on se répète. Et on attend.

Le mot qui commence par R

Max Pacioretty a lancé une ligne à l’eau la semaine dernière quand on lui a parlé de l’annonce publique des Rangers de New York qu’il y aurait reconstruction. Un mot qui peut faire peur, qu’on hésite à prononcer.

Quand on lui a demandé si une telle annonce pourrait avoir lieu à Montréal, il a préféré ne pas se mouiller. « C’est comme un débat en politique. Tu ne peux jamais avoir raison. Certains seraient d’accord, d’autres ne le seraient pas. Quand tu ne peux pas gagner, aussi bien te taire. »

En revanche, il a dit, sans hésiter, qu’il ne voyait aucun mal à déclarer ses intentions. Comme si le capitaine, avec sa connaissance du marché montréalais, jugeait que les partisans seraient capables de l’accepter.

Hier matin, le capitaine de l’Avalanche Gabriel Landeskog a été très émotif en nous parlant de la saison atroce des siens, l’an dernier. La pire, en termes de points, depuis la campagne inaugurale des Thrashers d’Atlanta en 1999-2000.

Il a admis qu’à certains moments, il rentrait à la maison et se demandait s’il avait encore sa place dans la LNH. C’est rare qu’un joueur de hockey s’ouvre autant. Ça montre à quel point la défaite fait mal. Mais Landeskog, du même souffle, a admis n’avoir jamais douté que les dirigeants allaient relancer l’Avalanche. Ils l’ont d’ailleurs fait assez rapidement, grâce au repêchage, aux joueurs autonomes et aux transactions.

Laisser partir les Ryan O’Reilly et les Matt Duchene n’a pas été facile, mais c’était nécessaire. La vision de Joe Sakic a permis de donner un nouveau souffle à l’Avalanche, qui lutte maintenant pour une place en séries.

À la fin de la saison, au bilan, on dira que le Canadien n’a participé qu’à un tour de séries au cours des trois dernières années. Il faudra aussi pouvoir dire que les dirigeants de l’équipe ont su profiter à plein de la date limite des transactions.

La soirée d’hier est le reflet de la saison. Les questions des journalistes sont les mêmes, les constats de l’entraîneur sont les mêmes, les résultats sur la glace les mêmes. C’est le moment d’annoncer clairement l’électrochoc.

Ils ont dit

« Il faut trouver le fond du filet »

« On a probablement 18 chances de marquer. Ce n’est pas le manque d’attaque, c’est le manque de finition. Il faut trouver le fond du filet. »

— Claude Julien

« On a eu nos chances. On manque de circulation devant le filet. On a créé des occasions en donnant la rondelle à nos défenseurs et en poussant la rondelle au filet. Si on envoie plus de rondelles au filet, plus de monde au filet, les buts vont venir. »

— Charles Hudon

« Si on ne trouve pas le moyen de marquer, on ne gagnera pas. On a eu des chances, surtout en troisième période. Il y a eu une bonne quantité, mais on ne vient pas à bout de marquer. Quand tu ne marques pas, tu regardes trop les erreurs qui ont coûté un but ici et là. »

— Claude Julien

« Durant le cinq contre trois, on a fait des erreurs et on doit profiter de ces occasions. Nous ne l’avons pas fait. C’est décevant. »

— Alex Galchenyuk

« Je n’ai jamais hésité à le faire jouer, c’est un bon gardien et il nous le démontre. »

— Claude Julien sur la bonne soirée d’Antti Niemi

Propos recueillis par Jean-François Tremblay, La Presse

Dans le détail

Niemi s’en sort bien

Antti Niemi a appris mardi que son passage avec le Canadien se terminerait à la fin de la saison. À moins d’un coup de théâtre, c’est Charlie Lindgren qui sera l’adjoint de Carey Price la saison prochaine, fort d’un nouveau contrat de trois saisons. Le lendemain de la mauvaise nouvelle, pas le temps de s’apitoyer sur son sort, c’est Niemi qui affrontait l’Avalanche. Et il a été excellent, encore une fois. Il a repoussé 23 tirs, mais ils étaient souvent très dangereux. Il a surtout été mis à contribution au milieu de la deuxième période quand Colin Wilson et J.T. Compher ont menacé tour à tour tout près du filet. Après un début de saison pitoyable, Niemi a retrouvé ses repères à Montréal avec Stéphane Waite. On croyait sa carrière terminée, son passage à Montréal lui vaudra peut-être de la poursuivre une autre saison. « J’aborde les matchs un à un », s’est contenté de dire le gardien finlandais.

Dans le détail

C’est long…

Vous savez quand le temps semble s’être arrêté, tellement c’est long ? Nicolas Deslauriers, Byron Froese, Logan Shaw, Joe Morrow et Victor Mete ont eu exactement cette impression en deuxième période. Pendant près de 2 min 30 s, tout de suite après la pénalité de Dominic Toninato, l’Avalanche a dicté l’action dans le territoire du Canadien sans jamais en sortir. On se serait cru aux Harlem Globetrotters tellement l’adversaire ne faisait qu’observer les joueurs tournant autour de lui. Le trio d’Alex Kerfoot a donné le ton, puis celui de J.T. Compher a poursuivi la danse. Il y avait quelque chose d’hypnotisant à voir la rondelle circuler si vite. Tout de même, Antti Niemi a repoussé les quatre tirs qu’il a reçus et a finalement pu mettre fin à la menace. Une séquence qui résume cruellement bien la soirée de Joe Morrow…

Dans le détail

Kerfoot beau à voir

Gabriel Landeskog était très émotif hier matin en parlant de la saison de misère de l’Avalanche l’an dernier. Il a ensuite rendu hommage à tous ses jeunes coéquipiers qui lui ont permis de ne pas revivre une telle épreuve cette saison. L’un de ces jeunes coéquipiers est Alexander Kerfoot, son joueur de centre, qui dispute sa première saison dans la LNH. L’ancien de Harvard a lancé le spectacle tôt en première période en tirant la rondelle directement sur le poteau après une montée à deux contre un avec Colin Wilson. C’est ensuite lui qui a inscrit le deuxième but de l’Avalanche. En plus, il a fait bien paraître ses coéquipiers Landeskog et Wilson. Kerfoot n’est certainement pas le plus connu de la LNH, surtout qu’il joue dans un marché où les partisans ont perdu de la ferveur pour leur équipe. Mais gardez le nom en tête, il n’a pas fini de faire parler de lui.

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