Télévision

Télé-Québec dit non aux émissions en anglais

Télé-Québec ne veut pas diffuser d’émissions en anglais.

L’organisme English Language Arts Network (ELAN), qui regroupe 6000 artistes anglo-québécois, demande au Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) d’imposer à Télé-Québec de consacrer 10 % de son budget à la communauté anglo-québécoise, ce qui veut dire que Télé-Québec diffuserait ainsi certaines émissions en anglais.

Dans sa réplique au CRTC, Télé-Québec rejette l’idée d’ELAN. La société d’État dit « comprendre qu’ELAN veuille maintenir le volume de production de langue anglaise au Québec dont la tendance est à la baisse », mais estime que les producteurs anglophones québécois devraient plutôt avoir des exigences envers CBC, CTV, Global et les autres diffuseurs anglophones canadiens distribués au Québec.

« On éviterait ainsi de diluer la programmation francophone canadienne, toutes proportions gardées moins imposante et diversifiée que son pendant anglophone », a indiqué Télé-Québec au CRTC.

Le gouvernement Couillard n’a pas voulu prendre position dans ce dossier, rappelant toutefois par courriel que « Télé-Québec est un diffuseur francophone ».

Télé-Québec a déjà diffusé des émissions éducatives pour enfants en anglais entre 1980 et 2002. ELAN a fait cette demande au CRTC dans le cadre du renouvellement des licences de Télé-Québec.

AUTOCHTONES ET COMMUNAUTÉS CULTURELLES

L’organisme ELAN demandait aussi que 20 % de la grille et du budget de programmation de Télé-Québec soient consacrés aux Anglo-Québécois, aux peuples autochtones et aux communautés culturelles. Télé-Québec estime que cette proposition « serait totalement impraticable » et qu’elle fait déjà dans ses émissions « une juste place aux préoccupations particulières » de ces communautés.

SALMIGONDIS CONTRE LA PAT’PATROUILLE

Il faut faire attention de ne pas trop hausser les obligations de contenu jeunesse canadien de Télé-Québec, sinon la chaîne publique québécoise prévient qu’elle sera obligée de diffuser moins de contenu original francophone (ex. : Salmigondis) et davantage de séries canadiennes traduites (ex. : La Pat’Patrouille). L’Association québécoise de production médiatique (AQPM), qui représente les producteurs, veut faire passer de 21 heures à 30 heures par semaine la diffusion d’émissions jeunesse canadiennes à Télé-Québec. Une demande risquée, dit Télé-Québec : comme les émissions originales francophones sont plus chères à produire et que le budget de programmation de Télé-Québec n’augmente pas, « il faudrait sans doute augmenter considérablement » le nombre de séries canadiennes traduites pour respecter ce quota de 30 heures de contenu canadien par semaine, « au détriment des émissions originales de langue française en première diffusion, beaucoup plus coûteuses ». Télé-Québec demande plutôt de rester à 21 heures par semaine, soit le même engagement qu’au cours des cinq dernières années. Télé-Québec aimerait toutefois changer le groupe d’âge des 2 à 11 ans pour les 2 à 17 ans.

90 % DE PROGRAMMATION ORIGINALE FRANCO

Environ 91 % des heures de diffusion de la programmation canadienne de Télé-Québec sont des émissions originales de langue française. L’AQPM veut l’imposition d’un quota de 90 %. Télé-Québec s’y objecte, faisant valoir qu’un simple « délai de livraison […] hors de son contrôle » d’une série originale francophone pourrait la mettre en situation de non-respect de ses engagements de licence.

ÉMISSION HEBDOMADAIRE DE MUSIQUE

L’ADISQ veut que Télé-Québec soit obligée de diffuser une émission hebdomadaire en « soutien » à la musique. Télé-Québec estime que la musique québécoise fait « partie intégrante » de sa mission et a déjà une « présence significative » à Télé-Québec, mais qu’elle n’a pas besoin d’un tel engagement de licence pour soutenir la musique québécoise. Télé-Québec diffuse notamment l’émission musicale Belle et Bum.

— Avec la collaboration d’Hugo Pilon-Larose, La Presse

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