VIRÉE DES GALERIES

Art, science et… sport

La galerie Visual Voice de l’édifice Belgo présente de façon un peu surréaliste un festival de courts métrages intitulé Art+Science in Motion, jusqu’au 7 février. Les visiteurs sont en effet invités à pédaler sur un vélo stationnaire pour visionner les 30 minutes de vidéos. De l’art, de la science et du sport !

Visual Voice a sept ans d’existence, mais depuis novembre, sa propriétaire, Bettina Forget, souhaite programmer des œuvres dans lesquelles les sciences pures sont au coeur du propos. Il faut dire que cette artiste d’origine londonienne est passionnée d’astronomie, une science qui occupe une grande place dans sa démarche. 

Pour étrenner ce genre, elle prévoyait organiser un festival de films d’art et de science. Mais, par ailleurs, elle avait été très impressionnée par le projet Cinema Out of Box d’Alanna Thain. L’enseignante de McGill a en effet créé un système de diffusion de films en plein air pour lequel un cycliste doit transmettre, en pédalant, l’énergie qui fournit l’électricité nécessaire à la projection des films. 

« Quand j’ai essayé ce système, j’ai senti que ça créait une connexion avec le film, dit Bettina Forget, en entrevue dans sa galerie. On pénètre alors mieux dans le film. » La Presse a essayé et, ma foi, ça prend un bon coup de pédales pour recharger la batterie du projecteur tout en regardant les vidéos. Au bout d’une demi-heure de visionnement, on a certainement perdu quelques calories ! Mais le plaisir est réel. Les images qui défilent pendant l’effort sont parfois très belles et accompagnées d’une trame sonore reposante ou stimulante. 

ENTRE INFINIMENT PETIT ET INFINIMENT GRAND

Ceci dit, les 13 courts métrages présentés (d’une durée de 2 à 5 minutes) sont d’inégal intérêt même s’ils ont tous requis énormément de travail et de recherche de la part de leurs auteurs, huit artistes provenant des États-Unis, d’Australie, de France, du Royaume-Uni et d’Allemagne. 

Quelques vidéos, notamment Black Rain de Semiconductor (Ruth Jarman et Joe Gerhardt), sont des interprétations graphiques et animées de données recueillies auprès de la NASA. Un court métrage qui nous entraîne dans l’univers. 

Du cosmos, on passe avec Colony à des images d’organismes vivants marins tels que des oursins, du plancton ou autres animaux microscopiques. Avec la vidéo de Charles Lindsay, ma préférée, on est embarqué dans une exploration microscopique réalisée à la surface d’un morceau de carbone. Tellement bien faite qu’on se croirait sur une planète. Une vidéo sur les liens évidents entre le minéral terrestre et celui de l’univers, entre infiniment petit et infiniment grand. Passionnant. On en aurait pris plus !

Avec le film Multiproteins Complex, on dirait cette fois de la peinture automatiste. Étrange comme l’abstraction peut illustrer une réalité qui nous échappe à cause que son échelle. Deskriptiv, des Allemands Christoph Bader and Dominik Kolb, explore 15 transformations par croissance d’un objet ou d’un organisme : assez bel hommage au développement de la vie, à la puissance de la différenciation liée aux éléments constitutifs de l’air, de la terre et de l’eau, mais aussi à la beauté du hasard des agencements de la matière.

Le visionnement de ces courts métrages ne dure que 30 minutes, mais il est franchement très plaisant. Bettina Forget prépare déjà d’autres expositions de la même eau. Elle espère pouvoir le faire avec des artistes canadiens. Elle apprécie beaucoup la démarche de Nicolas Baier, un des rares artistes contemporains québécois à créer des œuvres totalement imprégnées d’une réflexion et d’un contenu scientifiques. « C’est ce que je recherche », dit-elle.

À la galerie Visual Voice (Édifice Belgo, 372, rue Sainte-Catherine Ouest) jusqu’au 7 février.

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