FLASH

Jérémy Gabriel à Tout le monde en parle

Jérémy Gabriel abordera le feuilleton judiciaire qui l’oppose à Mike Ward à l’émission Tout le monde en parle, dimanche. Hier, l’humoriste a obtenu la permission d’en appeler de la décision du Tribunal des droits de la personne, qui l’a condamné à verser 35 000 $ au jeune homme atteint du syndrome de Treacher Collins. Jérémy Gabriel, qui aspire à une carrière internationale, a lancé récemment une chanson en anglais, I Don’t Care.

— La Presse

LUC DE LAROCHELLIÈRE

Faire percer la lumière

« Il y a plein d’albums qui sortent, plein de monde qui écrit des chansons. Je me suis dit : “Est-ce que ça vaut la peine que j’en mette un autre sur la pile ?” »

C’est la question que s’est posée Luc De Larochellière avant de se lancer dans la production d’Autre monde, 11e opus d’une carrière qui dure depuis 30 ans. En observant « la montée de la droite partout dans le monde, le populisme à la Trump et à la Rob Ford, les discours haineux et les attaques directes contre la culture et la science », le chanteur de 50 ans a conclu que ce qu’il avait à dire était pertinent et méritait d’entre entendu.

« La lumière est attaquée ces temps-ci et j’ai eu envie d’arriver avec un autre discours. C’est un album du temps qu’on vit, un temps sombre où la lumière essaie de percer. »

— Luc De Larochellière

Le chroniqueur social qu’il a toujours été depuis Amère America – qu’il a écrite, rappelons-le, à l’âge de 19 ans ! – est donc de retour. Le voilà qui dénonce, par exemple, la prolifération des armes à feu dans Suicide américain. « Une société qui laisse mourir ses enfants au nom d’un amendement qui est vu comme parole d’évangile, pour moi ça veut dire qu’on est rendus dans le domaine du suicide. » Ou qui oppose le rêve à l’obscurantisme dans Pelleteurs de nuages. « Cette expression est une insulte, mais dans ma chanson, c’est le contraire. On a besoin d’eux, ce sont eux qui font avancer la beauté du monde. »

Ce nouveau disque est aussi traversé par les interrogations existentielles du chanteur. Des chansons comme Voyageurs et D’état en état résument un peu sa pensée « philosophico-spirituelle », dit-il en souriant. « À mon humble avis, on n’est pas là pour rien. On est là pour vivre ce voyage, qui est fait de toutes nos expériences. »

CHERCHEUR DE SENS

À travers ce voyage qu’est Autre monde, Luc De Larochellière prouve qu’il reste un brillant artisan de la chanson – il avait d’ailleurs remporté le Félix d’auteur ou compositeur de l’année en 2010 pour son précédent disque solo, Un toi dans ma tête. Celui qui rêvait de devenir guitariste, mais qui a rapidement compris qu’il ne serait « jamais aussi bon » qu’il l’aurait voulu, manie toujours aussi bien les mots.

« Il y a déjà une musique dans la langue, et j’essaie d’aller la chercher en jouant avec les rimes, les répétitions de sons. C’est là, parfois, que le sens apparaît. »

— Luc De Larochellière

Un sens porté par sa voix grave et modulée, capable de mélancolie comme de hargne revendicatrice et grandement mise de l’avant. « C’est ce que je voulais. J’ai beaucoup écouté les enregistrements guitare-voix de mes chansons en marchant avec mes écouteurs. J’ai eu envie de garder cette impression, comme si je me chantais mes propres tounes dans mes oreilles. Même si c’est orchestré, j’ai voulu garder ce ton, j’aimais ce son dry. »

Philippe Brault (Pierre Lapointe, Safia Nolin, Koriass) a été le réalisateur d’Autre monde, pour ce premier disque que Luc De Larochellière fabrique sans son complice de toujours, Marc Pérusse. « Marc et moi, on a essayé plein de choses ensemble. Mes derniers disques, dont Un toi dans ma tête et celui que j’ai fait avec Andréa Lindsay, C’est d’l’amour ou c’est comme, ont été mes meilleurs, selon moi. Mais après, on fait quoi ? Ne pouvant me changer moi-même, j’ai changé de réalisateur. Philippe a la réputation d’être très adaptable, très attentif aux artistes. Et il a bien compris ce que j’avais en tête. »

Un quatuor à cordes pour donner un effet cinématographique et classique aux chansons, une rythmique qui donne une touche moderne et actuelle, le résultat est à la hauteur de ses espérances. « Ça nourrit l’atmosphère des chansons. » Une atmosphère chargée d’émotions, car même si Autre monde comporte plusieurs pièces up-tempo, on en ressort avec un certain vague à l’âme.

Son but n’était pas de nous faire pleurer, comme ce fut le cas avec l’émouvant Un toi dans ma tête, mais certainement de nous toucher, admet Luc De Larochellière. « J’aime bien la chanson Utile de Julien Clerc, écrite par Étienne Roda-Gil, qui dit : “À quoi sert une chanson, si elle est désarmée, je voudrais être utile, à vivre ou à rêver”… C’est ce que j’espère. Il y a beaucoup de choses qui tirent à blanc de nos jours. Moi, je ne veux pas tirer à blanc. Je veux servir à quelque chose, faire rêver, faire réfléchir des fois, faire sortir les mottons qui sont pognés… J’ai envie que les gens soient inspirés et qu’ils aient envie de créer eux aussi. »

CHANSON

Autre monde

Luc De Larochellière

Les disques Victoire

Sortie demain

Luc De Larochellière sur…

L’industrie musicale québécoise est en transformation et Luc De Larochellière est aux premières loges pour le constater. Point de vue d'un vétéran sur quatre thèmes. 

LES REDEVANCES

« Ce n’est plus juste une question de redevances, mais de subsistance. Je garde espoir que ce qui nous est enlevé depuis plusieurs années nous sera rendu, d’une certaine façon. Il me semble que c’est une injustice tellement flagrante, un vol tellement évident… Des actions se font, mais je suis surpris du temps que ça a pris avant que ça arrive. Je fais encore des chansons parce que c’est mon véhicule, mais c’est grâce aux spectacles que je gagne ma vie, pas les ventes de disques. Par ailleurs, mes affaires vont plutôt bien depuis quelques années, mais si ça allait bien comme ça va bien dans un marché où on vendrait des disques, je pourrais commencer à me ramasser des REER ! »

LES SPECTACLES

« C’est avec les spectacles que ça se passe maintenant. On ne fait pas de très grandes salles, sauf pour les hommages à Brel par exemple, où on peut remplir la salle Wilfrid-Pelletier… mais on est 10 têtes d’affiche ensemble, avec les chansons de Brel, ce qu’on ne ferait pas avec les nôtres ! Le format chanson en salle, c’est entre 150 et 400 places, et bien sûr il faut repenser nos formules. Quand je partirai avec ce disque sur la route, il y aura un défi, je ne pourrai pas emmener une section de cordes, une flûte, un hautbois et un band rock au complet ! Il faudra adapter, ce sera un défi d’imagination. »

LES CONCOURS DE CHANT

Luc De Larochellière a été mentor pour l’équipe d’Isabelle Boulay à La Voix il y a deux ans. Une participation qui lui a donné beaucoup de visibilité. « Ça m’a permis de faire une compililation, et une tournée a suivi. Je ne suis pas client de ce genre d’émission, car je suis souvent engagé comme formateur dans des concours comme Granby ou Ma première place des arts : c’est comme si un plombier regardait des émissions de plomberie en arrivant à la maison. Je ne décrie pas l’existence de ça, mais plutôt l’absence du reste ! Quand j’ai commencé, je pouvais aller plusieurs fois par semaine dans des émissions de télé où il y avait des performances musicales. Ça n’existe plus maintenant. Et la radio privée, on n’en parle même pas… »

LA CULTURE QUÉBÉCOISE

« Ce que les gens ne connaissent pas, ils ne peuvent pas savoir s’ils aiment ça ou pas. Je le vois avec la tournée Sept jours en mai, les spectateurs qui viennent nous voir, ce sont des gens qui aiment sortir, ils viennent voir le show sans savoir ce qu’ils vont entendre, et achètent le disque en sortant. On a cette chance d’avoir une culture locale, on se l’est bâtie, et on est en train de la laisser s’effriter et je trouve ça dramatique. C’est ma vie, oui, mais c’est aussi pour le Québec. Ça vaut la peine que de façon commune on investisse dans cette richesse, comme l’eau potable ou l’électricité. En donnant si peu de visibilité à la création, c’est comme une culture du laisser-aller vers la médiocrité. »

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