société

La pression de la performance

Au-delà des médias sociaux, le désir de perfection est bel et bien présent dans le merveilleux monde de la maternité.

On souhaite le meilleur pour nos enfants, on veut avant tout qu’ils soient heureux… et qu’ils excellent dans tout. « C’est un sport national, la performance parentale ! Qui est le meilleur parent ? La meilleure mère ? Le meilleur enfant ? Qui réussit le mieux à l’école et dans les trop nombreuses activités ? », lance Odile Archambault, auteure du blogue Maman a un plan.

« J’avoue que ça m’angoisse et ça me dérange de penser aux attentes envers les parents, les parents omniprésents, les mères qui préparent les meilleurs repas avec les meilleurs aliments… »

— Odile Archambault

« Les super-mères. On entend beaucoup de mères qui se sentent coupables parce qu’elles ne font pas de tartes le dimanche après-midi. Pourquoi se met-on cette pression ? C’est ça, notre époque ? », s’inquiète-t-elle.

Pour la psychologue et auteure Nathalie Parent, ce désir de perfection a toujours existé. « Dans notre ère de performance actuelle, être la meilleure mère possible fait partie de nos souhaits les plus profonds, estime-t-elle. Faire mieux que notre mère, c’est ce qu’on entend souvent, ça nous pousse à nous dépasser, mais en même temps, il y a un piège. » Nathalie Parent estime qu’on idéalise sa mère et qu’on a une image en tête qu’on veut améliorer, mais une image, ce n’est pas réel.

UNE QUESTION CONTEMPORAINE

De son côté, Camille Froidevaux-Metterie, auteure de La révolution du féminin, pense que la question de la mère parfaite est très contemporaine. « Quand les femmes n’étaient que des mères, elles n’avaient pas à réfléchir entre leur vie sociale, leur vie professionnelle et leur vie privée. Elles n’avaient pas à faire de compromis ni de sacrifices, elles étaient dévouées à leur condition maternelle et domestique. La question de la mère parfaite vient avec l’émancipation féminine et la féminisation du travail, avec le fait que les femmes sont devenues des individus qui, désormais, travaillent. Le grand défi repose sur cette dualité. Il y a un soupçon sur la capacité des femmes à assumer leur condition maternelle tout en travaillant », dit-elle.

TOUT MENER DE FRONT

Est-ce que les femmes craignent de ne pas pouvoir tout mener de front ? Sont-elles trop exigeantes ? Oui, répond Camille Froidevaux-Metterie, sans hésiter. « Les attentes sont élevées et les femmes portent tout sur leurs épaules. Nous expérimentons encore cette condition nouvelle de mère et de femme qui travaille, avec son lot d’insatisfactions, de culpabilité et d’inquiétudes », dit-elle.

L’auteure Martine Delvaux partage ce point de vue. Selon elle, les femmes doivent être performantes au travail, mais aussi à la maison. « La conciliation travail-famille n’a pas suivi, il faut s’occuper de tout, de la maison, des enfants, de la cuisine et la pression est forte, et les burn-out existent. »

« Les féministes sont là, elles critiquent ce poids qu’on fait porter aux femmes d’être des procréatrices et éducatrices impeccables, explique Martin Delvaux. Malgré le mouvement de mères indignes, ce qui sous-tend encore aujourd’hui dans la culture dans laquelle on vit, c’est cette obligation que portent les femmes d’être sans tâches et parfaites. »

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