DOCUMENTAIRE

Un film sur les 40 ans des boat people

La cinéaste Marie-Hélène Panisset et la présidente et fondatrice de l’organisme UniAction, Thi Be Nguyen, tournent un documentaire consacré aux 40 ans de l’arrivée des réfugiés vietnamiens, mieux connus sous le nom de boat people, au Québec.

Un des segments du documentaire sera consacré à l’écrivaine québécoise Kim Thúy, nous confient les deux auteures. Plusieurs autres témoignages recensés seront ceux d’enfants des boat people, qu’ils soient nés dans des camps de réfugiés (Laos, Cambodge) ou au Québec.

Dans l’idéal, le documentaire sera prêt pour diffusion à la fin de 2015 ou au début de 2016.

En entrevue, Thi Be Nguyen soutient que les Vietnamiens adultes au moment des événements sont très réfractaires à l’idée de parler à la caméra. Les raisons sont multiples. Certains ne veulent pas ressasser des souvenirs très douloureux. D’autres craignent les conséquences de leurs propos pour des membres de leur famille demeurés dans leur pays d’origine.

Mme Nguyen souhaite également présenter les choses dans un angle qu’elle qualifie de positif.

« Nos parents oublient souvent ce qu’ils ont accompli pour donner une vie meilleure à leurs enfants, dit-elle. Ils ont tout abandonné pour leur donner ce qu’il y a de mieux. Moi, je veux faire en sorte qu’ils s’en souviennent. »

Dimanche, Mmes Panisset et Nguyen tournaient un autre segment de leur film dans un restaurant vietnamien et thaïlandais de la rue Jarry, où elles rencontraient Thérèse Nguyen, elle-même réfugiée boat people, et sa fille Zoonie, dirigeante de Talentelle, une entreprise qui aide les femmes à se lancer en affaires.

13 000 AU QUÉBEC

Le 30 avril 1975, la ville de Saigon, capitale du Sud-Viêtnam, tombait aux mains des forces communistes nord-vietnamiennes, après le retrait des soldats américains. Dans la foulée de cette débâcle, quelque 1 million de Vietnamiens quittent le pays par la terre et la mer.

Entre 1979 et 1981, près de 60 000 réfugiés s’installent au Canada, dont 13 000 au Québec. Aujourd’hui, réfugiés et descendants forment une communauté de 35 000 à 40 000 personnes au Québec, ajoute Thi Be Nguyen, elle-même réfugiée.

À la tête d’UniAction, organisme voué à la philanthropie, à l’engagement communautaire et aux causes humanitaires, elle a eu l’idée originale du projet. Elle s’est associée à la cinéaste Marie-Hélène Panisset (Lucidité passagère), qui s’intéresse de plus en plus au documentaire.

Cette dernière souligne que le documentaire, dont le titre de travail est Les boat people, 40 ans après, s’inscrira en fait dans un projet « transmédias ». « Au film, nous ajouterons des capsules de témoignages qui seront diffusées sur internet », précise-t-elle.

Ce projet, financé entièrement avec des fonds privés, s’inscrit dans la foulée de plusieurs autres événements destinés à commémorer les 40 ans de la présence des boat people vietnamiens au Québec. Ainsi, le 30 août, au musée Pointe-à-Callière, aura lieu une exposition d’un jour sur l’histoire et la culture du Viêtnam.

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