Réunion de famille

Le jeune défenseur Cale Fleury disputera son premier match dans la LNH demain soir en Caroline. Sur la même patinoire que son grand frère Haydn.

Cale et Haydn Fleury

Les frères Mini-Wheats

RALEIGH, Caroline du Nord — Vous vous souvenez des sourires de Lyle Odelein ? Haydn Fleury avait un sourire digne de celui d’Odelein hier. La raison : on lui a appris, à sa sortie de la patinoire, que son petit frère, Cale, allait amorcer la saison avec le Canadien. Dans la LNH. Demain. Ici même.

En fait, Haydn Fleury doit probablement encore sourire au moment où vous lisez ces lignes.

« Je ne le savais pas, tu me l’annonces ! Merci de me le dire. J’ai hâte de le voir jeudi ! », a lancé Haydn après l’entraînement des Hurricanes, à 48 heures du premier match de la saison.

La vie est plutôt bien faite. Au début du camp, ni l’un ni l’autre des frères n’était assuré d’un poste. Haydn est un choix de 1er tour (7e au total) en 2014, qui tarde à s’établir dans la LNH et qui tentait de faire sa place dans une brigade défensive de talent. Il compte déjà 87 matchs d’expérience dans la LNH, mais seulement 20 la saison dernière.

Cale est un choix de fin de 3e tour (87e au total) en 2017, qui ne compte qu’une année d’expérience chez les professionnels, dans la Ligue américaine.

Et voilà qu’ils se retrouveront sur la même patinoire pour le premier match de Cale.

« Ça ne pouvait pas mieux tomber… Je ne sais pas si je vais jouer contre la Caroline, mais si ça arrive, ce sera vraiment spécial », a humblement dit Cale Fleury aux journalistes présents à Brossard hier.

Les parents s’en viennent

Seront à Raleigh les parents des jeunes, un oncle et une tante, la copine de Cale, de même que Donnie Blair, un proche de la famille et accessoirement le 1er choix du repêchage 1996 de la Ligue canadienne de football.

« On a vraiment hâte de les voir les deux sur la patinoire, dit John Fleury, le père, au bout du fil à Calgary. On va surtout les surveiller à l’échauffement. La première fois qu’ils s’étaient affrontés dans la Ligue junior de l’Ouest (WHL), Haydn regardait Cale tout au long de l’échauffement. Il n’arrêtait pas de sourire, il était en admiration. Il est vraiment très fier de son petit frère. Il est très protecteur. Je suis sûr qu’il a prévenu ses coéquipiers que son petit frère est très robuste ! »

Et la question à 1 million de dollars : pour qui prendra la famille ?

« C’est une très bonne question ! répond le paternel. J’aimerais que ça se termine en tirs de barrage, pour que les deux équipes aient un point. J’espère qu’ils joueront tous les deux un bon match. Et je vais applaudir l’équipe gagnante à la fin. Mais si c’était à Montréal, je n’oserais pas encourager la Caroline ! »

Des styles opposés

C’est un véritable moulin à paroles qu’on a rencontré dans le vestiaire des Hurricanes, hier. Haydn Fleury répondait aux questions avec aplomb et parlait si fort qu’il enterrait pratiquement ses coéquipiers qui accordaient des entrevues au même moment.

À l’inverse, Cale Fleury se montre plutôt timide devant les micros jusqu’ici. Un homme de peu de mots. Lui, c’est le côté nutritif des Mini-Wheats. Son grand frère, c’est le givrage sucré.

« Haydn est très heureux. Il joue au hockey parce que ça le rend heureux, décrit John Fleury. À ses yeux, le hockey est un sport très fluide, sans l’aspect un peu méchant que certains y trouvent. Il me disait toujours : aime le hockey et le hockey t’aimera. Pour Cale, le hockey, c’est du sérieux [all business] depuis qu’il est tout jeune. »

Ce contraste se voit aussi sur la patinoire. Rob Brind’Amour, l’entraîneur-chef des Hurricanes, a expliqué récemment aux médias locaux qu’il souhaitait voir Haydn démontrer davantage de robustesse dans son jeu.

« Cale est beaucoup plus robuste que moi, admet Haydn. C’est un joueur intelligent, capable d’appuyer l’attaque. Il continue à développer sa première passe et peaufine son jeu défensif. Je crois que je suis un meilleur patineur que lui, même s’il ne serait pas nécessairement d’accord ! »

« Cale était un enfant colérique. Ça ne paraît pas quand on lui parle, mais il a toujours aimé frapper, il a toujours eu ça en lui. Il venait le visage rouge et il partait. Ça lui venait naturellement. »

— Haydn Fleury au sujet de son frère Cale

« Il est colérique seulement quand il met ses patins et quand il fait du sport, précise John Fleury. Il est très compétitif. »

Ce match, les deux frères le disputeront dans des contextes bien différents. Cale a causé la surprise au camp et peu d’observateurs l’attendaient aussi rapidement dans la LNH. Les attentes demeurent modérées. « Il a été repêché au 87e rang. Il avait une chance de se rendre à la LNH, mais c’était loin d’être une certitude », rappelle le père.

À l’inverse, Haydn arrive à la croisée des chemins, à 23 ans. Pour l’heure, une blessure à Trevor van Riemsdyk lui ouvre la porte. « On a de grandes attentes pour lui, expliquait Brind’Amour hier. Il est ici depuis assez longtemps. C’est un jeune, mais on ne le voit pas comme un jeune. Il devra élever son jeu d’un cran s’il veut rester dans la formation. »

Et de façon plus frivole, il y a aussi ce satané premier but qui se fait attendre. Haydn Fleury disputera demain son 88e match et le compteur est toujours à zéro. Victor Mete (120 matchs) et lui sont les deux joueurs actifs toujours sans but avec le plus de matchs d’expérience.

« S’il fallait que Cale marque son premier but avant moi, ce ne serait vraiment pas bon ! », lance Haydn. En riant, évidemment.

— Avec Richard Labbé, La Presse

Le Canadien

Drouin avec le troisième trio

On peut affirmer, sans trop se tromper, que Jonathan Drouin a déjà été plus souriant dans le vestiaire du Canadien à Brossard.

Le jeune attaquant québécois s’est présenté en vitesse à la portion du vestiaire ouverte aux médias, hier. Il a brièvement répondu à quelques questions en anglais, avant de refuser de répondre aux questions en français quelques instants plus tard, pour mieux repartir loin des micros et caméras.

Ce fut la fin des émissions.

De toute évidence, ces jours-ci, le joueur de 24 ans aimerait mieux subir un traitement de canal plutôt que d’avoir à répondre aux questions. Il convient ici de préciser que juste avant, Drouin avait été vu sur la glace du centre d’entraînement en train de patiner avec le troisième trio du club, en compagnie de Jesperi Kotkaniemi au centre et de Joel Armia à droite.

Un point en quatre matchs

Lors du camp d’entraînement, le joueur québécois a pourtant joué à l’occasion en compagnie de Phillip Danault et de Max Domi, les deux premiers centres du club. Mais nous n’en sommes plus là, manifestement.

Il convient aussi de rappeler qu’avec un salaire de 5,5 millions de dollars US par saison, c’est Drouin qui est le mieux payé des attaquants du Canadien.

Mais l’argent ne devrait pas être source de discussions dans ce dossier, selon Marc Bergevin.

« Je ne vais pas m’attarder là-dessus, je ne fonctionne pas comme ça, a expliqué le directeur général hier. On est une équipe qui a besoin de ses quatre trios. Tout le monde doit participer. Si, un soir, le trio de Gallagher est meilleur que celui de Domi, ce sera ça. Si un autre soir, le trio de Kotkaniemi est meilleur que celui de Danault, ce sera ça.

« Je veux des groupes de joueurs qui peuvent produire chaque soir. Tu ne peux pas toujours compter sur les mêmes. Claude [Julien] a un équilibre entre ses trios, ce qui va permettre à chacun de nous aider à tour de rôle. »

— Marc Bergevin

En quatre matchs, Drouin a récolté une seule mention d’aide et il a terminé son calendrier préparatoire avec une fiche de - 2. On peut fortement présumer que la direction montréalaise s’attend à mieux, comme elle s’attend à mieux aussi que la saison de 53 points qui lui a été offerte par le joueur au numéro 92 en 2018-2019.

C’est le hockey, et les choses peuvent changer assez rapidement, on le sait, mais pour l’heure, au moment où le Canadien se prépare à amorcer sa saison demain soir en Caroline contre les Hurricanes, Drouin est un joueur de troisième trio. Ce qui n’était certes pas le plan au moment de son acquisition du Lightning de Tampa Bay en juin 2017, en retour du défenseur Mikhail Sergachev.

Reste à voir, maintenant, si ça va durer. Reste à voir, aussi, si le portable de Bergevin ne pourrait pas nous réserver des surprises très prochainement.

« On pourrait avoir de l’aide à toutes les positions. Je suis toujours ouvert aux propositions », s’est contenté de répondre le DG, avec sa discrétion habituelle.

Hurricanes de la Caroline

Le malaise d’Aho toujours présent

RALEIGH, Caroline du Nord — La saga de l’offre hostile du Canadien à Sebastian Aho était inconfortable pour tous les acteurs impliqués du début à la fin. Et pour Aho, elle l’est visiblement encore.

On se transporte dans le vestiaire des Hurricanes de la Caroline, après l’entraînement d’hier matin. Aho quitte la patinoire et voit les deux journalistes de Montréal qui l’attendent. « Il avait tellement hâte de vous parler ! », lance à la blague un loustic.

Le collègue de RDS François Gagnon lui fait remarquer qu’il vient probablement de connaître le plus bel été de sa carrière. Venant d’un journaliste de Montréal, à deux jours du match contre le Canadien, la remarque visait évidemment à lui rappeler que l’offre hostile de 5 ans et 42,27 millions de dollars du Tricolore – égalée par les Hurricanes – lui avait permis de régler sa situation contractuelle dès le début de juillet.

Réponse du joueur : « Tout d’abord, j’ai été en santé tout l’été, donc c’était bien. Comme on s’est rendus au troisième tour des séries éliminatoires, c’était bien d’avoir un été plus court que d’habitude. Je prendrais des étés encore plus courts, si possible ! »

Ramené sur le sujet de l’offre hostile, Aho s’est refermé. « C’était bien de régler mon contrat tôt dans l’été et de me concentrer sur mon entraînement », a-t-il répondu.

Sur ce dernier point, difficile de le contredire. C’était l’été des joueurs autonomes avec compensation dans la LNH, avec une panoplie de vedettes dans le début de la vingtaine en position avantageuse pour négocier, avec la menace d’une offre hostile planant sur les équipes. Quatre de ces dossiers se sont réglés seulement dans la dernière semaine : Matthew Tkachuk (Calgary), Mikko Rantanen (Colorado), Patrik Laine et Kyle Connor (Winnipeg).

De tels cas ont évidemment rappelé le fiasco de William Nylander la saison dernière. L’attaquant avait attendu au 1er décembre pour s’entendre avec les Maple Leafs de Toronto, et avait conséquemment connu des difficultés à son retour sur la patinoire, contre des adversaires qui avaient deux mois de hockey dans le corps.

Étant donné le rôle qu’occupe Aho en Caroline, les Hurricanes ne pouvaient pas se permettre d’amorcer la saison sans leur meneur de jeu. La saison dernière, il a mené l’équipe pour les buts (30), les points (83) et a été l’attaquant le plus utilisé (20 min 9 s).

« C’était important pour moi d’être ici dès le premier jour du camp, c’est le moment de rencontrer les nouveaux coéquipiers », a ajouté Aho.

On ne se trompe pas trop en affirmant qu’il aurait volontiers transporté une sécheuse frontale dans un escalier en colimaçon dans le verglas plutôt que de répondre à des questions sur le sujet.

Le travail de l’agent

Une grande partie du malaise vient des propos qu’avait tenus l’agent d’Aho, Gerry Johannson, qui a soutenu – même après que les Hurricanes eurent égalé l’offre – que son client souhaitait jouer à Montréal. Ses patrons auront passé les jours suivants à tenter de remettre le dentifrice dans le tube et à assurer qu’Aho est parfaitement heureux en Caroline.

L’autre source d’inconfort, c’était le sous-entendu que le propriétaire des Hurricanes, Tom Dundon, n’avait pas les reins assez solides pour égaler l’offre montréalaise, qui prévoyait le versement de 21 millions dans les 12 premiers mois. Ce sous-entendu était entretenu par les propos de Marc Bergevin et ceux de Johannson. Dundon l’a combattu en déclarant au Raleigh News & Observer que « signer ce chèque n’était rien de bien majeur ».

Aho, lui, assure qu’il n’a pas eu connaissance de la commotion. « Le décalage horaire était une bonne chose. Quand c’est arrivé, c’était le soir en Finlande. Donc je me suis couché, puis en me réveillant le lendemain, j’ai su que les Hurricanes égalaient l’offre. Donc j’ai manqué l’action !

« C’est bien d’être ici, je suis enthousiaste à l’idée de commencer la saison jeudi. »

— Sebastian Aho

On peut toutefois s’interroger sur les répercussions qu’une telle saga a pu avoir dans le vestiaire. Après tout, Aho a accepté l’offre hostile du Canadien. Même s’il s’agissait d’une tactique de négociation, le centre acceptait techniquement de se joindre au CH, avant de redevenir un Hurricane quand l’équipe a égalé l’offre.

Rob Brind’Amour, entraîneur-chef des Hurricanes, affirme avoir reçu des textos de deux joueurs. « En gros, c’était : on va égaler l’offre, n’est-ce pas ? Et moi : bien sûr. Je les ai rassurés.

« C’est devenu une grosse histoire, mais ici, ce n’en était pas une. On savait qu’il restait ici, poursuit le légendaire ancien joueur. Mais la question n’était pas de savoir si on allait égaler l’offre. C’est le côté business, les joueurs engagent des agents pour soutirer le meilleur contrat possible et l’agent a fait du bon travail, il a utilisé un levier de négociation.

« Au bout du compte, j’étais content, car à ce moment-là, on ne savait pas quand ces joueurs autonomes avec compensation allaient signer leurs contrats. Mon travail était plus facile en sachant que c’était réglé. Ensuite, c’est au propriétaire de payer. Moi, j’ai simplement à coacher ! »

La saga devrait peu à peu s’estomper, surtout si les Hurricanes et Aho poursuivent sur leur lancée de la dernière saison. Reste maintenant à voir si l’affront qu’a subi Dundon, en voyant ses ressources financières remises en question, sera vengé sur la patinoire.

À voir la proximité de Dundon avec son équipe (encore hier, il flânait dans le gymnase des joueurs), on vous parie un sac de cacahuètes qu’il se chargera de fouetter ses troupes.

Reilly se tient prêt

Mike Reilly pourrait avoir à sauter son tour lors du premier match de la saison, demain soir, et cette situation ne l’a pas vraiment pris par surprise. Il faut dire que le défenseur se doutait bien de ce qui allait arriver, surtout avec le jeune Cale Fleury qui prenait du galon à mesure que le camp d’entraînement avançait. « Je pense que la direction du club avait déjà décidé de la composition de ses duos en défense, a-t-il fait remarquer hier au centre d’entraînement de Brossard. Mais je sais que je dois être prêt lorsqu’on voudra bien faire appel à mes services. »

— Richard Labbé, La Presse

Gauthier retranché

Julien Gauthier aura poussé sa présence au camp jusqu’au bout. L’attaquant québécois a fait partie du groupe des six derniers joueurs retranchés hier par les Hurricanes. Choix de premier tour (21e au total) en 2016, Gauthier a participé aux six matchs préparatoires de son équipe. L’ailier de 21 ans n’a pas marqué et a obtenu une aide. Gauthier amorcera donc la saison avec les Checkers de Charlotte, avec qui il a inscrit 27 buts et 14 aides pour 41 points en 75 matchs l’an dernier.

— Guillaume Lefrançois, La Presse

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