Opinion  Finances publiques

Vers un meilleur contrôle du salaire des fonctionnaires

Les salaires et avantages sociaux des employés du secteur public tendent à éclipser ceux de postes comparables dans le secteur privé

Alors que plusieurs gouvernements à travers le Canada sont toujours enlisés dans l’encre rouge, le Québec est sur le point de présenter un autre budget équilibré au prochain exercice financier, ce qui mérite d’être souligné.

Pour poursuivre les efforts d’assainissement des finances du Québec, il sera cependant crucial au cours des prochaines années de mieux contrôler les dépenses, y compris la rémunération des employés du secteur public, qui absorbe environ la moitié des dépenses annuelles des programmes du gouvernement.

Et il y a suffisamment de motifs pour mieux contrôler les coûts de la rémunération. Si le gouvernement doit offrir une rémunération concurrentielle pour attirer des employés qualifiés, la recherche montre que les salaires et avantages sociaux des employés du secteur public tendent à éclipser ceux de postes comparables dans le secteur privé.

Une nouvelle étude de l’Institut Fraser met en évidence l’avantage salarial dont jouissent les employés du secteur public au Québec à tous les paliers (fédéral, provincial et municipal). À l’aide des données de Statistique Canada pour 2015, l’étude révèle que les employés du secteur public gagnent un salaire 9,1 % supérieur en moyenne à celui de travailleurs comparables dans le secteur privé, après prise en compte de facteurs tels l’âge, le sexe, la scolarité, l’ancienneté, l’expérience et le type d’emploi.

Les salaires ne sont toutefois qu’une composante de la rémunération globale, qui inclut les régimes de pension, la retraite précoce et la sécurité d’emploi. Comme vous le diront tous les propriétaires ou gestionnaires d’entreprises, le coût total de la rémunération importe plus que les composantes individuelles.

Pensions et sécurité d’emploi

Examinons d’abord le déséquilibre entre les pensions, un des avantages sociaux les plus coûteux qui soient offerts aux travailleurs des deux secteurs. En 2015, pratiquement tous les travailleurs du secteur public au Québec (98 %) participaient à un régime de pension à prestations déterminées garantissant un niveau de prestations à la retraite, contre seulement 1 travailleur sur 10 dans le secteur privé (13 %).

Les travailleurs du secteur public au Québec prennent également leur retraite 2,8 ans plus tôt en moyenne que les travailleurs du secteur privé.

Ils s’absentent aussi de leur travail 16,5 journées annuellement pour des raisons personnelles, comparativement à 9,6 journées pour leurs homologues du secteur privé.

En ce qui a trait à la sécurité d’emploi, les travailleurs du secteur public jouissent d’un avantage distinct. En 2015, 4,5 % des travailleurs du secteur privé au Québec ont connu une perte d’emploi, près de huit fois plus que le 0,6 % des travailleurs du secteur public.

Qu’est-ce qui explique cet écart dans les salaires et les avantages sociaux ?

Dans le secteur public, des facteurs politiques et le contexte monopolistique déterminent dans une large mesure le processus de fixation des salaires, alors que dans le secteur privé, le processus est dicté par les conditions du marché dans un contexte de concurrence.

Équité

Mais au-delà de la simple question budgétaire, il s’agit aussi d’équité. Pourquoi les employés du secteur public devraient-ils recevoir un avantage salarial défrayé par les impôts des travailleurs du secteur privé qui gagnent moins pour un travail comparable ?

Exclure les considérations politiques du processus de détermination des salaires contribuerait à aplanir les disparités. Cela peut se faire en harmonisant les salaires et avantages sociaux des employés du secteur public avec ceux d’employés comparables du secteur privé. Cela permettrait au gouvernement du Québec de mieux maîtriser les dépenses, de réduire l’endettement et d’assurer l’équité envers les contribuables qui paient la facture au bout du compte.

* Charles Lammam est coauteur de l’étude Comparaison de la rémunération dans les secteurs public et privé au Québec.

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