Environnement

Un choix écologique pour l’avenir

Par la pollution qu’elle cause et ses conséquences sur la santé publique, la voiture électrique « tue davantage de gens » dans le Midwest américain que la voiture à essence, affirme le professeur Jeremy Michalek.

Pourtant, le professeur en ingénierie et en politiques publiques à l’Université Carnegie Mellon est un partisan de la voiture électrique. À Carnegie Mellon, en Pennsylvanie, il dirige le groupe d’étude sur l’électrification des transports. Et si ses travaux concluent que l’auto électrique a une empreinte écologique plus importante actuellement dans le Midwest américain, il croit tout de même qu’elle sera une solution écologique à long terme.

« C’est une partie importante de la solution pour réduire notre empreinte environnementale. Il n’y a pas beaucoup d’autres technologies qui permettent de rouler avec de l’énergie renouvelable. »

— Jeremy Michalek, professeur en ingénierie et en politiques publiques à l’Université Carnegie Mellon

Selon ses calculs, la voiture électrique deviendrait plus avantageuse pour l’environnement dans le Midwest dès l’an prochain. « En 2018, on estime qu’une voiture électrique sera à peu près à égalité avec la voiture à essence la moins polluante dans le Midwest, précise le professeur Michalek, qui base ses calculs sur le nombre de centrales au charbon appelées à fermer pour être remplacées par du gaz naturel, une énergie fossile, mais moins polluante que le charbon.

« Si vous voulez vous attaquer sérieusement aux changements climatiques, vous devez développer une économie qui ne s’appuie pas sur des énergies fossiles », affirme Henry Lee, directeur du programme des ressources naturelles et de l’environnement à l’Université Harvard.

De moins en moins de charbon

Les Américains, les Européens et les Chinois devront toutefois se tourner vers des sources d’énergie plus vertes pour produire leur électricité.

« On se dirige vers un parc de production d’électricité de moins en moins émetteur de gaz à effet de serre. Plus cette tendance va se poursuivre, plus on est en train d’éliminer le charbon et les combustibles fossiles pour avoir un parc de production d’électricité qui émet peu ou pas de gaz à effet de serre, plus le mode de propulsion électrique deviendra intéressant. »

— Steven Guilbeault, cofondateur et directeur principal d’Équiterre

« Il y aura moins de charbon et d’énergies non renouvelables aux États-Unis, et de façon inverse, les sources de pétrole deviennent de plus en plus sales et extrêmes pour l’environnement, dit David Reichmuth, ingénieur senior du programme des véhicules propres de l’Union of Concerned Scientists, une ONG scientifique américaine. Même les voitures achetées aujourd’hui vont rouler pendant 10 ans sur de l’électricité plus verte [qu’actuellement]. »

Les calculs d’Hydro-Québec

Le Québec devra aussi bien faire ses calculs énergétiques pour s’assurer que la voiture électrique continue d’être avantageuse sur le plan environnemental. Hydro-Québec doit pouvoir satisfaire à la demande d’énergie des voitures électriques à l’aide d’hydroélectricité, et non acheter sur les marchés de l’énergie qui serait produite par des sources plus polluantes. « Actuellement, c’est presque toujours les énergies fossiles qui sont utilisées lorsqu’il faut répondre à une demande additionnelle », dit le professeur Jeremy Michalek.

Hydro-Québec estime toutefois pouvoir répondre à la demande énergétique de 1 million de voitures électriques avec son réseau actuel d’hydroélectricité sans acheter d’autres types d’énergie sur les marchés, à condition que les voitures électriques soient rechargées la nuit, hors des périodes de pointe. « Une voiture électrique consomme environ l’électricité d’un chauffe-eau », précise Geneviève Chouinard, porte-parole d’Hydro-Québec.

Finalement, tant les experts que les groupes environnementaux font valoir que la voiture électrique n’est pas la solution parfaite en matière d’environnement. « La voiture électrique n’est pas la solution, c’est l’une des solutions, dit Steven Guilbeault, d’Équiterre. L’aménagement du territoire et les transports collectifs sont plus importants encore dans l’équation. »

Cobalt et enfants exploités

Pour fabriquer une batterie au lithium d’une voiture électrique, les constructeurs automobiles ont besoin de cobalt. Or, 50 % du cobalt dans le monde est extrait en République démocratique du Congo, en Afrique. Souvent par des enfants. D’ailleurs, Amnistie internationale estime que 20 % du cobalt mondial est extrait manuellement au Congo, par des adultes « et des enfants n’ayant parfois pas plus de 7 ans travaillant dans ces conditions épouvantables », et ce, pour moins de 1 $ par jour. Amnistie internationale estime qu’il est « fort probable que le cobalt extrait de mines par des enfants soit utilisé dans les batteries de voitures électriques ». « Les voitures électriques ne sont probablement pas aussi “propres” que vous le pensez. Les clients doivent savoir que ces voitures vertes sont peut-être polluées par les souffrances des enfants qui travaillent en République démocratique du Congo », a indiqué Mark Dummett, chargé de recherches à Amnistie internationale, dans un communiqué diffusé en 2016.

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