CGI

Des revenus dopés par la chute du huard

La chute du dollar canadien profite à CGI, dont l’action a bondi hier à Toronto après le dévoilement de résultats étonnants propulsés par des taux de change favorables.

Pour le premier trimestre de son exercice 2016, terminé le 31 décembre dernier, la multinationale québécoise a déclaré un bénéfice avant éléments exceptionnels de 264,9 millions de dollars ou 0,84 $ par action. C’est légèrement supérieur à la moyenne de 0,83 $ par action prévue par les analystes financiers.

Les revenus, qui ont atteint 2,7 milliards, ont progressé de 5,6 % depuis l’année dernière. La chute du dollar canadien a, à elle seule, généré une augmentation de 187,1 millions. Sans elle, les revenus auraient reculé de 1,8 %.

Un rapport publié la semaine dernière par la Banque Royale estimait à 1,2 milliard le « vent de dos » que pourraient représenter les taux de change pour les revenus de CGI lors de cet exercice.

Les investisseurs ont semblé adorer ces résultats, portant l’action de CGI (GIB.A) à un nouveau sommet de 58,69 $ en cours de journée, ce qui représentait alors une hausse de 7,5 % par rapport à son cours de la veille. Elle s’est finalement posée à 57,72 $, en hausse de 4 %.

ENCORE DE LA DIGESTION

Trois ans après avoir acquis Logica, CGI continue d’optimiser les opérations de celles-ci. C’est pourquoi, a dû de nouveau expliquer hier le PDG Michael Roach devant ses actionnaires réunis pour leur assemblée annuelle, la croissance « organique » des revenus n’est toujours pas au rendez-vous. Plus précisément, CGI continue d’épurer des lignes d’affaires et des régions géographiques – Moyen-Orient, Chili, Venezuela, etc. – dans lesquelles ses activités ne sont pas suffisamment profitables. Il en résulte une diminution des revenus, mais une augmentation des marges bénéficiaires. Selon M. Roach, il faudra probablement attendre au moins un autre trimestre avant que l’ensemble des revenus de CGI affiche une hausse organique.

PROPOSITIONS BATTUES

Contrairement à ceux de Cogeco, il y a quelques jours, les actionnaires de CGI ont rejeté une proposition du Mouvement d’éducation et de défense des actionnaires (MEDAC) visant à dévoiler séparément les résultats des votes selon les classes d’action. Contrairement à l’habitude dans ce type d’assemblée, le rejet, bien qu’écrasant, n’a pas été unanime. Une deuxième proposition, visant à soumettre la rémunération des hauts dirigeants à un vote consultatif, a elle aussi été battue à plate couture. Important actionnaire de CGI, la Caisse de dépôt s’y est notamment opposée, malgré une politique en ce sens, après avoir obtenu des explications jugées suffisantes de la part de CGI.

CROÎTRE, MAIS COMMENT ?

Le cofondateur de CGI, Serge Godin, n’en fait pas une promesse, mais il « aspire » à ce que l’entreprise double encore une fois sa taille à l’intérieur d’une période de cinq à sept ans. Pour y parvenir, il compte en parts égales sur la croissance interne et les acquisitions. Et la liste d’épicerie est prête. Lui et son équipe ont déjà « préqualifié » 684 entreprises dont les revenus vont de 10 à 300 millions et 115 autres dont les revenus dépassent ce seuil et qui seraient alors considérées comme des acquisitions « transformatrices ».

DES SECTEURS À SURVEILLER

Dans le vaste domaine des technologies de l’information, ce sont avant tout les institutions financières, les entreprises de services publics et les gouvernements qui représentent les principaux vecteurs de croissance, selon le PDG de CGI, Michael Roach. Tous sont soumis à diverses pressions, dont au moins une commune : leurs clients préfèrent faire affaire avec eux par le biais de leur téléphone mobile plutôt que de faire la queue. D’un point de vue géographique, c’est aux États-Unis que CGI entrevoit le meilleur potentiel de croissance. Elle en tire déjà environ 3 milliards de dollars en revenus, mais estime le marché total à 700 milliards. « On va pêcher là où se trouve le poisson », résume M. Roach.

PARADIS FISCAUX

La question est d’actualité parmi les multinationales québécoises, mais tant M. Godin que M. Roach assurent que CGI ne profite pas des paradis fiscaux pour éviter de l’impôt. « D’abord, évidemment, nous respectons les lois », affirme M. Roach. « Je crois que la différence entre nous et certains autres, c’est que nous avons de réelles activités au Luxembourg. Nous n’y sommes pas que pour faire transiter de l’argent. Si vous regardez la liste de 40 pays dans lesquels nous sommes, nous y faisons de vraies affaires et nous y payons des taxes. D’ailleurs, si vous regardez notre taux global d’imposition, que l’on prévoit être entre 26 et 28 %, c’est un montant significatif, surtout pour une entreprise de notre taille. »

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