À Rennes, Saint-Malo et sur les rives du Saint-Laurent, trois personnages aux vies enchevêtrées prennent forme de façon surprenante dans ce 13e roman de l’auteur québécois qui a signé Le postier Passila. La première travaille pour un avocat qui enquête sur la mort du second, jeune boulanger malois qui n’a d’arabe que le nom et dont on découvre les derniers instants par bribes. Le troisième est un policier qui quitte la France pour se réfugier dans une maison bleue à Cap-Santé, au pays d’origine de sa mère. Pourquoi a-t-il fui ? Que s’est-il réellement passé lors de l’interrogatoire de Salim Belfakir ? Le rythme obsédant de ce suspense rend le livre impossible à lâcher, les moindres détails de ce roman brillamment orchestré nous tirant de l’avant grâce à une construction complexe et savamment planifiée pour nous faire mordre à l’hameçon. Et le procédé fonctionne à merveille, mis à part quelques éléments déconcertants et peu pertinents qui n’ajoutent rien à l’histoire – autre que de nous faire sourciller. Au bout du compte, à travers les questionnements identitaires, les secrets et les révélations, tout finit par ramener aux événements de cette nuit fatidique au cours de laquelle a eu lieu le malheureux interrogatoire. — Laila Maalouf, La Presse

« Tout cela le laissait songeur, puis il pensa à sa mère, née dans ce pays duquel elle ne lui avait rien transmis si ce n’est quelques expressions dont il avait presque perdu le souvenir avec le temps – prendre une brosse, aller aux vues, manger une volée, faire du pouce, sacrer son camp… Quand il rapportait ces incongruités à l’école, les autres se moquaient de lui. On lui avait trouvé un surnom idoine, "Le Sauvage", à cause de ces quelques mots étranges et de ses tournures de phrases particulières. »