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Des chercheurs au chevet des pistes cyclables

Ajouter des kilomètres de pistes cyclables chaque année ne suffit pas à assurer la qualité du réseau : encore faut-il entretenir celles qui sont déjà en place. Des chercheurs travaillent à élaborer un tout premier guide pour surveiller l’état des voies réservées aux cyclistes pour éviter que les défauts y pullulent. Parce que, contrairement à un automobiliste qui risque une visite au garage, un nid-de-poule peut valoir à un cycliste un séjour à l’hôpital.

Pistes cyclables

Projet de recherche

Le Centre d’expertise et de recherche en infrastructures urbaines (CERIU) a entrepris en septembre d’élaborer un tout premier guide d’auscultation des voies cyclables. Le projet part du constat que, pour l’instant, les techniques d’inspection des chaussées se limitent à évaluer le confort de roulement des voitures et camions. À l’heure où les villes multiplient les projets de pistes cyclables, les chercheurs veulent développer un outil pour évaluer l’état de leurs voies. « On est en train de faire plein d’infrastructures, mais comment assurer leur pérennité ? Il y a plein de municipalités qui sont prises avec ça », note Maéva Ambros, chargée de projet au CERIU.

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Un réseau vieillissant

Le réseau cyclable de Montréal a connu une forte croissance ces dernières années, ayant pratiquement doublé pour s’étendre sur 780 km. Reste qu’une importante partie date des années 80 et a aujourd’hui besoin d’être rafraîchie. « Le réseau cyclable ressemble à nos routes. Il est peut-être en un peu moins mauvais état, mais pas de beaucoup », évalue Suzanne Lareau, de Vélo Québec. La Ville de Montréal reconnaît que le besoin de retaper certaines pistes a commencé à se faire sentir. La métropole a d’ailleurs entrepris l’an dernier la réfection de l’une de ses plus vieilles voies cyclables, rue Rachel. « Avant, on y allait sur les impressions des utilisateurs. Là, avec ce guide, on va pouvoir y aller sur des données précises », dit Marc-André Gadoury, élu responsable du réseau cyclable.

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Peu d’outils

Pour l’heure, les villes sont peu outillées pour l’entretien à long terme de leurs pistes cyclables. Les techniques pour surveiller l’état des chaussées ont essentiellement été élaborées en fonction du confort des voitures et camions, critères qui ne s’appliquent pas aux voies cyclables. « On se rend compte que le vieillissement des pistes cyclables est différent du vieillissement d’une rue. On a besoin d’un outil plus spécifique », dit Marc-André Gadoury. Le guide précisera ainsi quels éléments prendre en note et quelles inspections doivent être effectuées à l’aide de machines.

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Danger pour les cyclistes

Les défauts dans la chaussée peuvent rapidement représenter un problème de sécurité pour les cyclistes. « Un pneu de vélo n’a pas la même capacité à supporter un choc qu’une route de voiture », résume Maéva Ambros. « Quand une piste est dégradée, c’est dangereux. Un cycliste qui percute un nid-de-poule et passe par dessus son guidon peut se blesser sérieusement », ajoute Suzanne Lareau, de Vélo Québec. Montréal dit être bien conscient de cet enjeu. « Une fissure d’à peine 2 cm de large dans une piste cyclable, c’est dangereux. On peut avoir des chutes », observe l’élu Marc-André Gadoury.

Pistes cyclables

Ennemis des pistes

Même si le passage des véhicules lourds représente souvent le principal facteur de vieillissement des chaussées, les pistes cyclables ne sont pas à l’abri des effets du passage du temps. Des racines d’arbres en bordure des pistes peuvent soulever la chaussée. Des fissures peuvent apparaître quand le sol bouge. Des nids-de-poule peuvent se former aux endroits où il y a des accumulations d’eau. Des trous peuvent apparaître en bordure des bouches d’égouts et puisards. Mais pour Suzanne Lareau, la principale plaie est sans aucun doute le colmatage des chaussées fait à la va-vite. Comme les rues, les pistes cyclables sont souvent éventrées pour réparer des conduites souterraines, mais la PDG de Vélo Québec se dit particulièrement déçue de la qualité des réparations dans certaines rues, comme la rue Clark.

Pistes cyclables

Financement recherché

Les travaux du CERIU pour l’élaboration du guide ont débuté en septembre dernier et devraient aboutir en mai. La Ville de Montréal versera 15 000 $ au projet, soit environ la moitié du budget. Les Villes de Québec et Saint-Charles-Borromée, ainsi que l’Association des constructeurs de route couvriront un quart de la facture. Du financement est ainsi encore recherché pour mener à bien les travaux. Par ailleurs, les chercheurs prévoient lancer un deuxième volet, suite logique de leurs travaux, dans lequel ils élaboreront un guide pour assurer l’entretien des pistes cyclables. « À partir des données qu’on collige, comment on gère cela ? Quelles sont les meilleures techniques pour intervenir ? », demande Maéva Ambros. La Ville de Montréal prévoit également soutenir ces recherches.

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