L’état du marché

Montréal, Toronto et Vancouver :
même combat ?

Il y a d’abord eu Vancouver, ensuite Toronto, et voilà que certains craignent maintenant une flambée des investissements étrangers – et des prix – à Montréal. La hausse du nombre d’acheteurs chinois est déjà perceptible dans certains secteurs de la métropole, au point où le parti de l’opposition Projet Montréal suggère d’imposer des mesures spéciales avant qu’il ne soit « trop tard ». À quoi s’attendre ? Les données publiées cette semaine permettent d’y voir un peu plus clair.

TORONTO

C’est LE point chaud, voire brûlant, du Canada. La Ville Reine enregistre depuis plusieurs mois une progression démesurée de ses prix (entre 20 % et 30 %), en totale déconnexion avec les paramètres fondamentaux de l’économie. L’explosion est telle que plus personne n’hésite à utiliser l’expression taboue « bulle immobilière » pour décrire le marché torontois. Devant les craintes grandissantes d’un éclatement de la bulle, le gouvernement ontarien a imposé le mois dernier une nouvelle taxe de 15 % destinée aux acheteurs étrangers, assortie d’une série d’autres mesures. Le marché affiche déjà des signes d’une certaine accalmie, dont une hausse (un peu) moins délirante des prix en avril. Le nombre de propriétés à vendre a aussi fortement augmenté dans le Grand Toronto, ce qui devrait contribuer à réduire la pression sur les valeurs de revente.

Les chiffres d’avril

Ventes totales : 11 630 (- 3,2 %)

Prix moyen des maisons unifamiliales : 1,21 million (+ 24,3 %)

Prix moyen des condos : 541 000 $ (+ 32,1 %)

Nombre d’inscriptions : 21 630 (+ 33,6 %)

VANCOUVER

La colère gronde toujours dans la classe moyenne de Vancouver. Les résidants reprochent à leur gouvernement d’avoir mis beaucoup trop de temps à agir pour calmer le marché immobilier en surchauffe. L’habitation est même devenue l’un des thèmes centraux de la campagne électorale qui bat son plein en Colombie-Britannique. L’imposition d’une taxe spéciale de 15 % pour les investisseurs étrangers a calmé le jeu l’été dernier, ce qui n’empêche pas le marché de rester à des niveaux historiquement élevés. Le segment des maisons unifamiliales – très prisé par les investisseurs chinois – a été le plus durement touché par les nouvelles mesures. Celui du condo, plus abordable, semble déjà s’être rétabli, si l’on se fie aux nouvelles données publiées cette semaine par la chambre immobilière locale.

Les chiffres d’avril

Ventes totales : 3553 (- 25,7 %)

Prix moyen des maisons unifamiliales : 1,52 million (+ 8,1 %)

Prix moyen des condos : 554 000 $ (+ 16,6 %)

Nombre d’inscriptions : 7813 (+ 3,5 %)

MONTRÉAL

La métropole québécoise reste une aubaine, vue de Toronto et Vancouver. Mais le marché continue de se raffermir, au point de soulever des inquiétudes dans certains secteurs. Un reportage récent de La Presse faisait état d’une augmentation marquée du nombre d’investisseurs chinois dans une demi-douzaine de villes, dont Mont-Royal, Westmount, Kirkland et Hampstead. Certains analystes entrevoient un déplacement d’une partie de la demande chinoise vers Montréal, en raison des nouvelles taxes à Vancouver et Toronto. Pour éviter un « effet domino », la chef du parti Projet Montréal, Valérie Plante, a proposé cette semaine d’instaurer des mesures préventives dans la métropole. La Fédération des chambres immobilières, elle, s’attend plutôt à un « impact limité ». Selon des données publiées jeudi, le Grand Montréal a connu son mois d’avril « le plus actif » depuis 2012. Les ventes affichent en légère progression (surtout dans le segment de la copropriété : + 9 %), tandis que le marché est retombé à l’avantage des vendeurs dans l’unifamiliale.

Les chiffres d’avril

Ventes totales : 4798 (+ 1 %)

Prix moyen des maisons unifamiliales : 

Région métropolitaine : 377 000 $ (+ 9 %)

Île de Montréal : 585 000 $ (+ 16 %)

Prix moyen des condos : 

Région métropolitaine : 284 000 $ (+ 5 %)

Île de Montréal : 330 000 $ (+ 6 %)

Nombre d’inscriptions : 29 519 (- 14 %)

Source des statistiques : FCIQ par le système Centris, Chambre immobilière du Grand Montréal, Toronto Real Estate Board et Real Estate Board of Greater Vancouver. Variations en pourcentage par rapport à avril 2016.

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