Plein air

Laine polaire toxique

Les amateurs de plein air sont souvent des environnementalistes convaincus. Ils ont donc subi un méchant choc récemment lorsqu’ils ont appris qu’un de leurs vêtements préférés, le bon vieux polar, avait des conséquences négatives sur l’environnement.

Ils peuvent cependant prendre certaines mesures pour minimiser le problème, en attendant une solution du côté de l’industrie.

Le chandail de laine polaire (le polar) perd un grand nombre de microfibres de plastique à chaque lavage. Les usines de traitement d’eau parviennent à contenir une bonne proportion de ces microfibres (soit de 65 à 92 %), mais ce qui reste se retrouve dans les cours d’eau et dans la chaîne alimentaire.

Ces microfibres peuvent notamment bloquer le système digestif des organismes aquatiques. Comme elles absorbent bien les substances chimiques toxiques, les microfibres peuvent avoir des effets négatifs sur le système reproducteur des organismes.

Les microbilles de plastique utilisées par l’industrie des cosmétiques causent des problèmes semblables. Toutefois, il existe des solutions de rechange à ces microbilles, des éléments naturels comme du sucre et du sable qui ne sont pas très dispendieux. Les grands manufacturiers de cosmétiques ont déjà commencé à adopter ces solutions.

Or, dans le cas des polars et autres vêtements de textiles synthétiques, il n’y a pas de solutions de rechange à portée de la main.

PROJET DE RECHERCHE

Le manufacturier de vêtements de plein air Patagonia a commandité un projet de recherche pour tenter d’en savoir plus sur le phénomène de la perte de microfibres. L’organisme commandité, la Bren School of Environmental Science and Management de l’Université de Californie, a rendu publics les résultats de la recherche il y a deux semaines.

Chaque chandail de laine polaire peut perdre de 160 à 2700 mg de microfibres par lavage. Les vieux polars perdent 1,8 % de plus de microfibres que les polars neufs. En outre, les polars perdent 5,3 % plus de fibres s’ils sont lavés dans une laveuse à chargement par le haut que s’ils sont lavés dans une laveuse à chargement frontal. C’est l’agitateur central de la laveuse à chargement par le haut qui causerait cette perte accrue de microfibres.

Patagonia a fait valoir que les polars de qualité (soit les siens !) perdaient 170 % moins de microfibres que les polars peu coûteux. Elle a également affirmé qu’il faudrait faire des recherches supplémentaires pour voir à quel point les microfibres sont nocives pour les océans, surtout en comparaison d’autres plastiques comme les emballages. L’entreprise s’est toutefois engagée à collaborer avec d’autres manufacturiers de vêtements synthétiques pour travailler sur des solutions. Patagonia entend notamment tenir compte du phénomène de perte de microfibres dans ses activités de recherche et développement. Elle prévoit aussi communiquer avec les manufacturiers d’électroménagers pour explorer la mise au point de filtres plus efficaces et le développement de nouvelles techniques d’agitation.

En attendant du progrès sur ce front, Patagonia a préparé quelques conseils aux consommateurs pour minimiser la perte de microfibres.

– Ne pas acheter de produits dont on n’a pas besoin.

– Acheter uniquement des vêtements de grande qualité, durables.

– Laver les vêtements moins souvent.

La Plastic Soup Foundation, une ONG néerlandaise, a également quelques bonnes idées pour permettre aux amateurs de plein air de minimiser leurs impacts sur l’environnement.

– Remplir la laveuse au maximum. Une grosse brassée minimise la friction entre les vêtements, ce qui diminue la perte de microfibres.

– Utiliser du détergent en liquide plutôt qu’en poudre : les grains de la poudre délogent davantage les microfibres.

– Utiliser de l’assouplisseur de tissus : ces ingrédients réduisent la friction entre les vêtements.

– Laver à basse température : l’eau très chaude endommage certains tissus, ce qui entraîne la perte de fibres.

– Éviter les longs lavages : plus le lavage est long, plus il y a de friction entre les vêtements.

– Sécher à basse vitesse. La haute vitesse augmente la friction entre les vêtements.

– Éviter les vêtements synthétiques et privilégier les tissus naturels comme la laine, le coton, le lin ou la soie.

Ce dernier conseil risque toutefois de ne pas plaire aux amateurs de plein air. Certains tissus naturels ne sont pas appropriés pour les activités de plein air, comme le coton, qui absorbe l’humidité et sèche très, très lentement.

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