SÉRIE Étapes de la vie financière 1/6

Vivre comme un étudiant

La vie est jalonnée d’étapes. Chaque fois qu’on en franchit une, des questions financières surgissent. La Presse Affaires est allée à la rencontre d’individus qui ont traversé ces moments charnières et qui ont accepté de raconter leur histoire. Aujourd’hui : les études.

Samuel Dishaw, 24 ans, vient de terminer un blitz de demandes d’admission au doctorat dans 14 universités, dont les célèbres Harvard, MIT et Berkeley. Étudiant en philosophie, il espère être accepté par l’une d’entre elles à titre de boursier. Toutes ses dépenses seraient ainsi couvertes. Plus de soucis financiers. Car, il faut le dire, l’argent a parfois causé des maux de tête à Samuel. « Les études et les finances ne font pas toujours bon ménage », observe-t-il.

L’étudiant a quand même joué de chance et de prudence. Il entame d’abord un baccalauréat en physique à l’Université de Montréal. Après une session, il bifurque vers la philosophie, toujours au sein du même établissement. Au cours des deux premières années, il réside avec sa mère, qui l’aide à payer ses droits de scolarité. « J’ai profité de cette période pour économiser », dit Samuel, qui n’a jamais reçu un prêt étudiant.

Il bosse l’été dans la restauration et fait quelques heures chaque semaine comme entraîneur de Génies en herbe au collège Jean-de-Brébeuf pendant l’année scolaire. « Je n’ai jamais voulu travailler davantage, car je craignais de nuire à ma réussite scolaire », dit celui qui a terminé son bac avec une moyenne étincelante.

Ses épargnes lui permettent de partir en appartement avec sa copine. Samuel vit toutefois modestement : il ne possède ni cellulaire ni voiture et achète des livres et des vêtements de seconde main. Il n’a qu’une carte de crédit, qu’il rembourse le plus régulièrement possible.

UN VOYAGE D’ÉTUDES COÛTEUX

L’occasion d’un échange étudiant se présente. Pendant six mois, il étudie la philosophie en Allemagne. C’est là que les premières inquiétudes financières apparaissent. « Je profitais d’une bourse de séjour, mais le montant ne couvrait pas tout, raconte-t-il. Je devais me loger et me nourrir. Le coût de la vie là-bas était assez élevé et le taux de change ne jouait pas en ma faveur. Et je ne pouvais pas compter sur un emploi d’appoint parce que je n’avais pas de permis de travail. » Mine de rien, toutes ses économies y sont passées. « Mais au moins, je ne suis pas revenu endetté », souligne-t-il.

De retour au pays, il entame sa dernière année de baccalauréat alors que son amoureuse commence sa maîtrise. Elle est récipiendaire d’une bourse d’études de 17 000 $, ce qui constituera le principal revenu du couple pendant l’année. « Disons que c’était assez mince comme régime », remarque Samuel en riant. Au printemps, l’argent commence à manquer. L’étudiant se dégote deux emplois à temps partiel : le jour, il est commis dans une boulangerie et le soir, il est serveur dans un restaurant mexicain.

« Si je n’avais pas travaillé cet été-là, je n’aurais pas pu payer mon loyer. »

— Samuel Dishaw, étudiant

La maîtrise s’ensuit et avec elle, des bourses d’études et des contrats d’assistant de recherche qui lui permettent de subvenir correctement à ses besoins. Samuel n’en devient pas pour autant dépensier. Il réussit même à épargner en vue d’un voyage d’études en Écosse.

Contrairement à d’autres étudiants, Samuel terminera bientôt sa maîtrise sans être endetté. Il espère maintenant que le facteur lui apporte une lettre d’acceptation en provenance d’une prestigieuse université…

Conseils d’expert

Les étudiants sont au tout début de leur vie financière et ils ont intérêt à partir sur de bonnes bases. Voici les recommandations de Jean-Nagual Taillefer, planificateur financier et conseiller en sécurité financière.

Faites un budget afin d’avoir une bonne idée de vos revenus et de vos dépenses et révisez-le régulièrement.

Même si ce n’est pas toujours possible, évitez le plus possible l’endettement. Bien sûr, l’utilisation sporadique d’une carte de crédit et le remboursement de votre solde en entier chaque mois vous aidera à bâtir une bonne cote de crédit. Cependant, n’en abusez pas. Prévoyez plutôt dans votre budget une somme pour vos dépenses personnelles, que vous retirerez comptant chaque mois. Un petit truc qui aide à réduire les dépenses inutiles !

Si vous remplissez les conditions d’admissibilité, demandez de l’aide financière aux études. Comme le rappelle l’expert, c’est un prêt fourni sans intérêt par le gouvernement, additionné d’une assurance vie temporaire. Pensez toutefois à présenter votre demande avec votre adresse personnelle et non celle de vos parents. Une erreur fréquente qui pourrait faire diminuer la somme octroyée.

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