Déprise agricole

Après les pommiers, place aux fruits et légumes bios

LA RELÈVE

ÉLOÏSE RACINE 25 ans

Originaire d’une famille propriétaire d’une ferme laitière à Brigham, en Montérégie, elle a étudié en maraîchage biologique au cégep de Victoriaville. « La production laitière, ça froisse trop mes valeurs, dit-elle. Les animaux sont à l’intérieur et mangent du blé d’Inde tout le temps. Ça n’a pas de bon sens. »

LE PROJET

Un jardin maraîcher bio-intensif, « un petit espace maximisé à fond » où elle fera pousser toutes sortes de légumes – radis, chou-rave, kale et bien d’autres – et du maïs sucré, « un produit d’appel important ».

LE LIEU

Éloïse s’installera sur une parcelle de près de 4 hectares dans un vaste verger de Dunham. Les vieux pommiers qui s’y trouvaient ont été coupés en 2008. Sa production ne commencera que l’an prochain, mais elle habite déjà une maison sur le domaine, en face de celle des propriétaires. Les produits seront écoulés dans un kiosque en bordure de la route 104, qui traverse la terre. « Pour l’instant, on fait la préparation du sol, dit-elle. On fertilise, on s’assure qu’il y a un bon pH. La jachère, c’est une répétition du travail du sol. Il faut ameublir, assouplir, soulever les racines des vivaces. » Et pour les gros travaux, son père, dont la ferme se trouve à quelques kilomètres, vient faire un tour avec son tracteur !

LE PROPRIÉTAIRE

Pierre Côté possède le verger avec sa femme Denyse Beaudry. Ancien professeur d’administration dans un cégep de Montréal, il a repris la terre que son père et son grand-père avaient exploitée avant lui. « C’est une retraite active », dit en riant l’homme de 63 ans, qui s’occupe du verger à temps plein depuis deux ans et demi. Il en aurait coûté trop cher de replanter la parcelle libérée en 2008. Il a donc décidé de s’inscrire à la banque de terres. « Je trouve que c’est un kit parfait pour un maraîcher, avec la maison sur le site. Elle a de la place pour sa serre, de la place dans les bâtiments de ferme pour mettre un frigo et peut-être un petit tracteur. Elle a tout ce qu’il faut pour commencer ! »

Déprise agricole

La colline du chêne… et des chèvres

LA RELÈVE

SOPHIE MARTINEAU 52 ans

Mère de quatre enfants et ancienne interprète gestuelle, elle ne peut plus exercer son métier depuis plusieurs années, en raison d’un problème neurologique au bras droit.

LE PROJET

Élevage de chèvres de boucherie Kiko, une espèce rustique, résistante aux maladies et qui requiert relativement peu d’interventions humaines. « La chèvre, c’est la viande la plus mangée dans le monde », dit Sophie Martineau, dont la sœur est une spécialiste de la génétique caprine. « Elle a de belles propriétés pour les gens qui veulent faire attention à leur santé. C’est moins gras que le bœuf, mais aussi protéiné. C’est moins gras que le poulet, mais c’est une viande rouge. Au Québec, c’est comme l’agneau il y a 25 ans. Ça commence. »

LE LIEU

La Ferme de la colline du chêne, une coopérative de Bromont établie dans un vallon à proximité du site des compétitions équestres des Jeux olympiques de 1976. Cyrille Tremblay y produit depuis 2011 des paniers de légumes biologiques, sur des terres appartenant à un collectif de propriétaires résidants. Mais toute une parcelle à flanc de coteau restait inutilisée. « On ne peut pas faire de légumes dans les pentes, il y a trop d’érosion et ce serait difficile avec les sarcleurs », explique Cyrille. C’est là que Sophie va faire paître ses bêtes à compter de l’an prochain. « C’est plus “collineux”, parfait pour des chèvres », dit-elle. Elle vise un troupeau d’une centaine de têtes et compte occuper jusqu’à 24 acres d’ici cinq ans. Elle prévoit utiliser un tiers de la vieille étable de cette ancienne ferme laitière qui avait cessé d’être exploitée au tournant du millénaire, avec la possibilité de se rendre aux deux tiers. « C’est à échelle humaine », observe-t-elle.

LE PROPRIÉTAIRE

Le Hameau de la colline du chêne

Cette coopérative réunit quatre familles et une équipe agricole. Son fondateur est Pierre Vinet. « Je me suis dit : pourquoi ne pas acheter la terre à plusieurs familles ? En échange, les familles sont des participants dans un projet. […] On voulait que de jeunes agriculteurs aient leur entreprise au sein de la coop. Ce sont eux qui prennent l’ensemble des décisions opérationnelles et des profits et pertes. Nous, on intervient juste pour fixer le cadre, comme exiger une agriculture bio et des ratios de saine gestion financière. » Pour l’instant, Sophie a un contrat de location, mais elle pourrait éventuellement rejoindre la coop.

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