Éditorial : Migrants

Faire de Montréal un sanctuaire

« C’est un moment historique. Ça envoie un message fort. »

Denis Coderre était ravi, lundi, d’annoncer que Montréal est désormais une « ville sanctuaire ».

Le conseil municipal a voté à l’unanimité en faveur d’une déclaration à cet effet proposée par le maire. Montréal emboîte ainsi le pas à de nombreuses villes américaines et à quelques villes canadiennes. Au pays, Toronto fut la première, en 2013.

Il faut se réjouir d’une telle initiative, qui représente un geste de solidarité à l’égard des migrants.

Ces jours-ci, trop d’élus, au sein des pays occidentaux, les diabolisent plutôt que de voler à leur secours.

Il faut évidemment prendre soin de préciser que la déclaration a, pour l’instant, surtout valeur de symbole. Il y a encore loin de la coupe aux lèvres avant que Montréal soit véritablement un sanctuaire pour les sans-papiers.

En adoptant cette déclaration, les conseillers municipaux viennent, dans les faits, de demander à diverses instances de la Ville « d’élaborer un plan d’action ». Celui-ci visera à « définir les opportunités d’améliorer l’accès pour une personne sans statut légal aux services de la Ville et de ses partenaires sans crainte d’être dénoncée ou déportée [expulsée] ».

C’est lorsqu’on connaîtra la teneur de ce plan d’action qu’on verra jusqu’à quel point Montréal sera à la hauteur de son statut de ville sanctuaire.

Ce qu’on peut toutefois d’ores et déjà constater c’est que le maire, qui a déjà été ministre fédéral de l’Immigration, sait de quoi il parle. Et qu’il a fait ses devoirs.

La déclaration prévoit non seulement que la Ville doit définir ses objectifs en la matière, mais aussi évaluer la formation à offrir à tous ceux qui peuvent être interpellés par des « sans-papiers ». Car si le mot d’ordre n’était pas respecté par le personnel de première ligne, l’initiative ne vaudrait pas grand-chose.

L’attitude adoptée par les policiers montréalais à l’égard des sans-papiers sera tout particulièrement cruciale.

Dans quel cas, par exemple, le SPVM contactera-t-il l’Agence des services frontaliers ? La Commission de la sécurité publique se penchera rapidement sur cette question, ce qui est également une très bonne nouvelle.

L’appel lancé à Québec par Montréal était également essentiel. Au pays, les pouvoirs des métropoles sont limités par rapport à ceux dont disposent les villes américaines.

Ici, c’est le gouvernement provincial qui peut, par exemple, s’assurer que les migrants sans statut pourront avoir accès à notre système de santé. Ou encore, dans le cas des enfants, avoir accès à l’école publique. Le ministère de l’Éducation souhaite d’ailleurs depuis un certain temps légiférer à ce sujet.

Bien sûr le diable est dans les détails. Et bien sûr, avant que le plan d’action soit élaboré et mis en œuvre, il faut prendre garde de créer « un faux sentiment de sécurité pour des gens vulnérables », comme le soulignait Valérie Plante, de Projet Montréal.

Néanmoins, le message lancé par Montréal est, indiscutablement, fort.

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