Des nouvelles pour « moi »
Si vous êtes abonné à Facebook, vous savez sans doute que le réseau social s’apprête à offrir à ses abonnés des nouvelles taillées sur mesure en fonction de leurs intérêts, leurs préférences et leurs habitudes de navigation.
L’objectif du grand patron de Facebook, Mark Zuckerberg : offrir un journal personnalisé pour chaque utilisateur dans le monde grâce à un choix éditorial qui sera effectué non pas par un rédacteur en chef, mais bien par un algorithme.
Cette nouvelle offre n’est pas si surprenante, quand on y pense. Elle est la suite logique de l’arrivée de la plupart des grands médias sur Facebook en 2011. Que ce soit , , ou CNN, ils ont tous lancé une application permettant de consulter leur contenu sans quitter l’environnement Facebook.
Résultat : de plus en plus de gens s’informent par l’entremise du réseau social.
Ils sont en outre toujours plus nombreux à s’informer sur leur appareil mobile (téléphone, tablette), ce que confirme la plus récente étude du CEFRIO, .
« L’engouement croissant pour l’information sur appareils mobiles ouvre de nouvelles portes aux diffuseurs de nouvelles. »
— Claire Bourget, directrice principale, recherche marketing au CEFRIO lors de la publication de l’étude
Aux États-Unis, le mouvement est encore plus prononcé. Une étude du Pew Center estime que la proportion de partages (comme lorsqu’on accède à un article de par Twitter ou Facebook, par exemple) est aussi importante que celle de la recherche (par exemple quand on se rend directement sur la page d’accueil de ). Dans les deux cas, cette proportion est d’environ 29 %.
Dans un rapport maison sur les tendances à venir, le site BuzzFeed affirme qu’« il est révolu, le temps où on s’assoyait et où on parlait de la page d’accueil de notre site. Aujourd’hui, on s’assoit et on parle de partages de nos textes sur Facebook et Twitter ».
En quoi ces changements sont-ils si importants ? demandait récemment Emily Bell, directrice du Centre Tow en journalisme numérique à l’Université Columbia. « Sans le réaliser, nous sommes entrés dans un monde où la façon de nous informer ne passe plus par les journaux ou par les manchettes du bulletin de 18 h, a déclaré M Bell dans le cadre de la Reuters Memorial Lecture, la semaine dernière. L’information passe maintenant par ce que nous voyons sur notre téléphone, à travers un autre filtre, et, de plus en plus, ce filtre est Facebook. En 2011, une étude du Pew Center estimait à 11 % la proportion de personnes qui s’informaient par l’entremise de Twitter ou Facebook sur un appareil numérique. Trois ans plus tard, 30 % des gens interviewés disent s’informer exclusivement sur Facebook. C’est une migration très rapide en peu de temps. »
Y aura-t-il une voie de sortie, une façon de s’informer sans passer par Facebook ?
Des entreprises de presse, grandes et petites, tentent de se tailler une place à l’ombre du géant.
En janvier prochain, Reuters lancera l’application Reuters TV, un bulletin qui vous sera livré au moment de votre choix, avec les nouvelles qui vous intéressent et, surtout, d’une durée qui conviendra à votre horaire (de 5 à 30 minutes, au choix).
Une autre application, News on Demand, déjà sur le marché, se présente comme un « concierge » de l’information (allusion au concierge d’hôtel qui se plie à vos moindres désirs). Lancée par une journaliste du basée en Californie, l’application propose les trois nouvelles de la journée ou du moment, des nouvelles pigées dans une immense banque d’agences et de médias traditionnels, bien entendu.
Pour les médias traditionnels, voilà un défi supplémentaire : comment être assez attrayant pour que les consommateurs-citoyens aient envie de partager vos contenus dans les réseaux sociaux ?
Quant à l’impact de ces nouvelles personnalisées, ces infos « chacun pour soi », sur le tissu social… on laissera aux sociologues le soin de l’analyser.