étude

Quand c’est un jeu, les garçons lisent mieux !

Se pourrait-il qu’à force de se faire dire qu’ils sont moins bons en lecture, les garçons aient fini par le croire et, pire, par le prouver ? Une étude menée en France et publiée récemment dans le Journal of Experimental Social Psychology tend à le démontrer. Plus encore, l’étude montre que si un contrôle de lecture est présenté comme un jeu, les garçons réussissent soudainement beaucoup mieux !

Intéressé depuis des années à l’apprentissage scolaire et en particulier à l’impact du contexte sur la réussite scolaire, Pascal Pansu, psychologue social de l’Université Grenoble-Alpes, et son équipe ont présenté une activité de lecture à 80 enfants de 9 ans. L’objectif : identifier le plus d’animaux possible dans un texte. À une partie des enfants, les chercheurs ont dit qu’il s’agissait d’un contrôle de leurs aptitudes en lecture ; aux autres, ils ont dit que c’était un jeu.

Ces chercheurs sont ratoureux : ce qu’ils voulaient vérifier, c’est si le contexte avait un impact sur la performance des garçons, généralement moins habiles en lecture que les filles. Pascal Pansu et ses collègues appuyaient leur hypothèse sur la « menace du stéréotype », un phénomène mis en valeur par le psychologue Joshua Aronson voulant que, dans certaines situations, des personnes ou des groupes de personnes agissent de manière à confirmer le stéréotype dont ils sont l’objet.

« La menace du stéréotype correspond à une baisse des performances des apprenants lorsqu’ils peuvent craindre de confirmer un stéréotype négatif dont ils sont la cible ou dont leur groupe est la cible. »

— Pascal Pansu, psychologue social

Dans ce cas-ci, les garçons qui subissaient un contrôle savaient qu’ils couraient le risque de confirmer le stéréotype selon lequel ils sont moins bons en lecture… alors ils ont moins bien réussi.

Pascal Pansu suggère que les apprenants doivent gérer à la fois la tâche assignée et cette menace diffuse, mais intégrée venue du stéréotype. « Nos résultats offrent une autre vision de l’écart entre les garçons et les filles en ce qui a trait à la lecture, dit le chercheur. En mettant l’accent sur le fait que le stéréotype de genre peut nuire à l’apprentissage de la lecture. Ce qui n’est pas la même chose que de dire qu’il existe des différences intrinsèques entre les garçons et les filles quant à leur capacité de lecture. »

Ce n’est pas tant la notion de jeu, mais le poids associé à la situation d’évaluation qui est l’enjeu principal. « S’il y a un travail à faire, c’est peut-être de voir comment on s’attache à faire passer des épreuves à des élèves. Quand vous voyez comment un élève peut réussir ou pas simplement parce qu’il n’y a pas cette pression évaluative, est-ce qu’on peut dire qu’il est moins bon qu’un autre ? Non, tranche-t-il. Il a ces capacités et il arrive à les exprimer si on lui en donne la possibilité. »

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.