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Les 20 ans d’Ubisoft au Québec

Deux erreurs de nom se sont glissées dans notre dossier « Ubisoft : deux décennies de transformation » publié samedi. Le directeur de marque est Luc Duchaine et non Eric Duchesne, comme mentionné sur la photo, et le directeur de la division recherche et développement est Yves Jacquier, et non Jacquière. Nos excuses.

Chronique

Des téléphones infirmiers

Imaginez une femme enceinte dotée à la maison d’un tensiomètre branché en réseau capable d’avertir son médecin de toute anomalie pouvant signaler une prééclampsie.

Ou une dame âgée diabétique dont le glucomètre parlerait directement avec le CLSC.

Ou un monsieur qui s’est fait remplacer une hanche dont on aimerait savoir s’il marche bien, semaine après semaine après semaine, sans qu’il ait à retourner à l’hôpital.

Imaginez, bref, si la médecine toute numérisée qu’elle soit, entrait en contact avec ses patients par des canaux électroniques. Eh bien, voilà le défi que s’est donné Michel Nadeau en fondant en 2009 la société Groupe Santé Tactio.

« Actuellement, la médecine, c’est un peu comme si Uber existait avec tous ses conducteurs connectés, mais sans que les clients soient branchés au réseau par leurs téléphones intelligents », explique l’ingénieur de formation, en entrevue. Il revenait à peine de France où il venait d’annoncer une grosse collaboration avec La Poste là-bas. « La médecine est dans le monde numérique, mais les patients ne le sont pas. »

Tactio, une entreprise montréalaise de 35 employés, cherche donc à créer ce lien.

Michel Nadeau n’en est pas à sa première entreprise. Formé dans les télécommunications dès sa sortie de Polytechnique, il a lancé une entreprise spécialisée dans ce secteur, Minacom, en 1996, revendue ensuite à la société américaine Tektroniks 10 ans plus tard pour 30 millions. « On faisait la détection des problèmes de qualité de service sur les réseaux de téléphonie IP [internet] des grands opérateurs comme Comcast, Orange et AT & T », explique-t-il.

Après une pause, il s’est relancé en affaires en fondant le Groupe Santé Tactio en 2009.

Le lien entre les deux ? Un savoir-faire pour connecter des gens avec des réseaux électroniques.

En gros, explique-t-il, la problématique est simple : on a une population vieillissante, donc une demande croissante de suivis médicaux. Pourquoi ne pas « robotiser » une partie de ces services en branchant électroniquement les patients avec leurs médecins ? Est-ce nécessaire, demande M. Nadeau, d’aller au CLSC ou chez le docteur ou à l’hôpital pour vérifier une tension artérielle, si un appareil vendu dans le commerce peut prendre ladite tension et envoyer l’information qui sera intégrée électroniquement à un protocole médical de soins ?

M. Nadeau parle de la « révolution de l’automesure » – poids, glucose, tension, pouls, oxygénation du sang, etc. – qui allège les tâches en cabinet médical et élimine des déplacements et des soucis inutiles chez les patients. 

Une révolution qui ouvre aussi la voie à une médecine de l’avenir gérée de façon beaucoup plus efficace, où la société en a plus pour son argent. Le système de Tactio est utilisé pour faire des suivis médicaux pour une vingtaine de maladies, conditions et autres difficultés de santé.

La Poste

Tactio a donc plusieurs types de clients. D’abord les hôpitaux, cliniques, compagnies d’assurances et même les pharmacies qui veulent suivre leurs patients et numériser le parcours de soins. Par exemple en France, où Tactio est bien présente, les « maisons de santé » utilisent ses services pour garder le contact avec des patients en régions éloignées.

Ensuite, les équipementiers médicaux et les sociétés pharmaceutiques qui veulent faire des suivis sur leurs produits s’intéressent à l’offre de Tactio. Enfin, les centres de recherche et les universités. M. Nadeau lui-même est branché sur une recherche dont il ne sait rien – pour ne pas être influencé –, à part qu’il a un bracelet enregistrant des données.

À la mi-juin, l’entreprise a annoncé la mise en place d’une nouvelle collaboration avec une immense institution française, La Poste, qui est bien plus qu’une entreprise de livraison du courrier.

Celle-ci offre aussi des services bancaires et possède une filiale informatique, Docapost, qui est au cœur de la diversification des services de La Poste. On y met au point de nouvelles activités, dont plusieurs sont axées sur le lien de « tiers de confiance » que les 90 000 postiers français, tous équipés d’un appareil intelligent, ont avec les personnes âgées qu’ils vont déjà voir pour leur livrer le courrier.

La Poste a un service appelé « veiller sur mes parents », qui permet de payer les postiers pour qu’ils aillent voir les aînés et rapportent leur état et leurs besoins. Les services de Tactio poussent cette liaison entre les personnes âgées isolées et leur famille ou leur médecin et autres fournisseurs de soins de santé à un autre niveau techno. Sans parler des liens que la société montréalaise pourrait mettre en place entre les 270 000 employés de La Poste et leurs fournisseurs de soins de santé.

Selon l’homme d’affaires, la population de tous les âges est totalement prête à faire ce virage numérique et, oui, les personnes âgées sont de plus en plus portées vers le numérique, lame de fond qui s’accentuera avec la venue des baby-boomers dans la cohorte des septuagénaires. « C’est clair que la tendance est là, dit-il. Et en plus, ils veulent avoir un iPad pour lire La Presse ! »

Tactio en chiffres

4,5 millions Nombre de téléchargements des applications de suivi de santé de Tactio dans le monde, dont près de 800 000 en France

45 millions Nombre de dossiers médicaux et pharmaceutiques hébergés par Docapost, qui travaille maintenant avec Tactio et qui est le premier hébergeur de données de santé en France

50 Tactio travaille avec une cinquantaine d’hôpitaux ainsi qu’avec 400 pharmacies aux États-Unis, en France, en Angleterre, au Brésil et au Canada.

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