Ski de fond

Sa plus belle

« C’est la victoire qui me donne le plus de satisfaction », a lancé Alex Harvey, vainqueur hier du 15 km style libre de la Coupe du monde d’Ulricehamn.

Il avait déjà gagné deux prologues, un sprint individuel, deux sprints par équipe et un skiathlon de 30 km. Ces victoires avaient sollicité sa force brute, sa pointe de vitesse et son sens tactique.

En Suède, hier, Alex Harvey a puisé dans un autre compartiment de son sac à outils : l’effort long, solitaire, à la limite du seuil anaérobique. L’épreuve de vérité dans un sport d’endurance comme le sien.

« Le ski de fond pur », a résumé Harvey peu après sa première place au 15 km style libre de la Coupe du monde d’Ulricehamn.

Dans une atmosphère rappelant les Mondiaux d’Oslo et de Falun, avec plus de 25 000 spectateurs agglutinés le long des rubans, le fondeur de 28 ans a décroché la victoire la plus significative de sa carrière sur le plan athlétique.

« C’est celle qui me donne le plus de satisfaction, c’est certain », a convenu Harvey, vainqueur six jours plus tôt en Italie en sprint par équipe avec son compatriote Len Valjas. « Dans un départ individuel, tu ne peux pas te cacher, avoir une mauvaise passe pendant la course. Tu es laissé à toi-même et tu ne peux pas t’abriter du vent derrière quelqu’un. C’est vraiment la forme physique, les skis que tu as, that’s it. »

Le voyant vert…

S’élançant à un intervalle de 30 secondes, les fondeurs devaient parcourir trois fois la même boucle de 5 km sur ce parcours sinueux et tout en relief, une nouveauté sur le circuit de la Coupe du monde.

Parti 44e, Harvey s’y est senti à l’aise dès les premiers hectomètres, enregistrant le cinquième temps au premier passage intermédiaire (à 2,9 km), moins de cinq secondes derrière le favori, le Norvégien Martin Johnsrud Sundby.

Chrono à la main, Louis Bouchard savait que son poulain était dans une bonne journée. Encore fallait-il garder le rythme.

« C’est une course tellement difficile », a souligné l’entraîneur de l’équipe canadienne. « Tu ne peux pas te fier à un autre comme dans un départ groupé. Tu ne sais pas trop ce qui se passe. Tout le monde part vraiment au maximum. Au premier passage, il faut que tu sois dans le coup. Après, tu serres les dents pendant 15 km. C’est l’enfer ! »

Dans le passé, Harvey a parfois pâti des départs trop rapides, ralenti par un problème de circulation sanguine dans les jambes, surtout dans les montées répétées en pas de patin. Opéré il y a un an et demi, l’athlète de Saint-Ferréol-les-Neiges ne souffre plus de cette limitation.

Après un tour (à 5 km), le voyant vert s’est allumé : le Canadien avait repris Johnsrud Sundby, meneur au classement de la Coupe du monde. Partis un peu après, le Suédois Marcus Hellner, un enfant de la place, et le Suisse Dario Cologna, double champion olympique de la spécialité, ont aussi cédé du terrain.

Harvey volait : « Je savais que j’étais le leader, je me sentais bien, j’étais capable de pousser tout le long. Mais tu ne savoures pas le moment jusqu’à ce que tu traverses la ligne… Tu te dis : “Celle-là est à moi.” Tu ne veux pas qu’elle te glisse des mains. »

Le quadruple médaillé aux Mondiaux a jeté son ski gauche sur la ligne avant de se laisser tomber sur le côté et de rouler sur le ventre, épuisé et euphorique. Avec son temps de 32 min 46,2 s (plus de 27 km/h !), il venait de devancer Sundby de six secondes. Hellner et Cologna n’étaient pas rentrés, mais ont eux aussi ralenti dans le dernier kilomètre, terminant respectivement troisième et quatrième.

Auteur de son 20e podium en Coupe du monde, Harvey est devenu le premier fondeur canadien à gagner des courses lors de deux fins de semaine consécutives. Cette victoire lui donne, bien sûr, des idées pour les Mondiaux de Lahti, qui s’ouvrent dans un mois en Finlande. « On peut vraiment dire que j’ai des chances dans toutes les courses, incluant le 15 km individuel ! », a-t-il souligné, presque étonné.

En attendant, Harvey, toujours quatrième au classement de la Coupe du monde, s’alignera au relais 4 x 7,5 km, aujourd’hui, à Ulricehamn, s’acquittant de la deuxième portion en classique. Le vétéran Devon Kershaw, 38e hier, partira premier, tandis que le jeune Knute Johnsgaard et Valjas (38e) suivront en style libre. Absents à La Clusaz en décembre en raison de la maladie de deux relayeurs, les Canadiens visent une place parmi les huit premiers.

Browne termine au 35e rang

Seule Canadienne au départ de l’épreuve féminine de 10 km style libre, Cendrine Browne, 23 ans, a réalisé la meilleure prestation de sa carrière en prenant le 35e rang. La fondeuse de Saint-Jérôme a cédé 1 min 52 s à la gagnante, la Norvégienne Marit Bjørgen, auteure de son 104e succès.

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