Prévenir les déceptions à Noël
Que faire si notre enfant désire un gros fusil Nerf qui tire des fléchettes, mais qu’on n’en veut pas ?
Une des approches que j’aime le mieux pour gérer les envies d’enfants qu’on ne peut pas combler, c’est l’approche empathique. Au moment où l’enfant formule sa demande, il vit une forte émotion positive. Ce n’est pas le moment d’aller couper cette excitation en lui disant : « Tu ne l’auras pas. » On donne plutôt le temps à l’enfant de vivre son excitation.
Si on prend l’exemple du fusil, je m’assoirais avec fiston et je lui dirais : « Montre-moi les fusils que tu aimes dans le catalogue. » Je prendrais le temps d’en parler avec lui, d’entendre son point de vue. De dire : « C’est vrai qu’il est gros et qu’il lance des flèches loin, celui-là. » On va reconnaître ce qui est cool aux yeux de l’enfant et avoir un lien positif avec lui. Une fois qu’il s’est senti entendu, il y a plus de chance qu’il soit, lui aussi, disposé à nous entendre.
On peut alors dire : « Écoute, ce qui m’inquiète avec ce fusil, c’est qu’on n’a pas l’espace qu’il faut pour jouer avec dans la maison. C’est ta sœur qui va recevoir les flèches et être blessée. Je trouve plus constructifs les jeux qui ne sont pas violents. » On explique nos valeurs à l’enfant. Puis, on essaie de trouver un autre jouet qui l’intéressera en le prévenant que le fusil ne fera pas partie de ses cadeaux.
Si l’enfant croit au père Noël, peut-on entrer dans cette fantaisie et prétendre que les lutins ne pourront pas fabriquer tous les jouets demandés ?
Oui. Si on est capable de désamorcer les attentes avant Noël avec ces propos, tant mieux. On peut aussi prêter au père Noël nos valeurs et nos explications. On dit : « Le père Noël ne donne pas beaucoup de fusils parce que ça le rend triste, la guerre. » Si c’est un animal que l’enfant veut, on peut dire que le père Noël refuse d’emmener un petit chat qui sera malheureux parce qu’on n’est pas assez souvent là.
Que dire à l’adolescent qui réclame une tablette, trop chère ?
On dit que c’est trop cher. On peut proposer de contribuer jusqu’à tel montant, puis l’enfant doit gagner le reste. Ça permet d’apprendre qu’on n’a pas tout au moment où on le désire dans la vie et qu’il faut travailler pour notre plaisir.
Que répondre à l’enfant jaloux de son ami qui a reçu le fameux fusil ?
Encore là, je prendrais un temps pour écouter l’enfant, lui dire : « Ah oui ? Ton ami l’a ? » Je l’emmènerais à énumérer ce que son ami possède et ce qu’il n’a pas. « Ton ami a-t-il le château Lego que tu as ? » Je ferais valoir que c’est bien que tous les enfants ne reçoivent pas les mêmes jouets parce qu’après, ils peuvent se les prêter et jouer ensemble. Il faut leur faire réaliser que chacun a ses chances et ses malchances. Ça fait partie de la vie.
Ne faut-il pas faire vivre des déceptions aux enfants, pour qu’ils réalisent qu’on ne peut pas tout avoir ?
C’est correct qu’ils vivent des déceptions, mais je voudrais éviter qu’ils les vivent le soir de Noël. On veut que ce soit un beau soir, Noël.
Avec la fatigue, n’est-il pas difficile d’éviter les crises le soir du 24 décembre ?
La fatigue est un facteur de crise. Si on est capable, on tente d’emmener l’enfant à se lever tard ou à faire une sieste. Il faut aussi essayer soi-même de contrôler son stress parce que les enfants l’absorbent.
Même si on court toute la journée, qu’on nettoie, qu’on prépare à manger, on peut donner 20 à 30 minutes chacun aux enfants en se partageant la tâche avec notre conjoint. On va juste jouer avec les enfants, colorier, lire une histoire collés. Faire quelque chose pour apaiser les enfants, avant que la visite arrive.
Note : Les propos de M. Hammarrenger ont été édités.
Benoît Hammarrenger vient de faire paraître L’opposition : ces enfants qui vous en font voir de toutes les couleurs, aux Éditions Midi trente.