La région de Montréal souffre de la sous-scolarisation historique de sa population, qui freine la croissance de sa productivité et qui la place en fin de peloton parmi les principales régions métropolitaines nord-américaines, révèle le Bilan économique du Grand Montréal 2017.
Publié hier par la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), le Bilan économique fait le constat que le rattrapage scolaire à Montréal est incomplet. La part des diplômés universitaires a stagné de 2012 à 2016. « Montréal, avec Edmonton [Alberta] et Québec, continue d’avoir un taux de grades universitaires inférieur à celui de la moyenne des métropoles américaines », note-t-on.
« La scolarisation est le premier facteur déterminant de la productivité et du niveau de vie, surtout en région urbaine. Auparavant, c’était les industries manufacturières qui comptaient. Maintenant, c’est de plus en plus le cerveau des gens », explique l’économiste de la CMM Maxime Trottier.
La Ville de Montréal vante son économie du savoir, qu’elle présente comme un atout pour « propulser son développement économique », comme on le souligne dans la récente stratégie de la mairesse Valérie Plante. Montréal compte quatre universités, des centres de recherche, des cégeps, mais sa population tire tout de même de l’arrière en matière de scolarisation.
Dans la région de Montréal, qui englobe l’agglomération montréalaise, celle de Longueuil, Laval et les couronnes nord et sud, c’est 37 % de la population de 25 à 64 ans qui détient un diplôme universitaire. C’est toutefois chez les jeunes travailleurs (de 25 à 34 ans) que le retard scolaire s’est le plus creusé par rapport à Toronto (44 % contre 51 %).
Si M. Trottier ne peut expliquer les raisons du ralentissement de la scolarisation, il constate un rebond du taux de diplômes universitaires en 2017. « Les régions métropolitaines plus scolarisées sont celles qui ont une productivité plus élevée et qui croissent le plus », rappelle-t-il.
Croissance de l’emploi
Par ailleurs, M. Trottier tient à souligner la poussée des services à la production, c’est-à-dire les services professionnels, administratifs, financiers, le transport et le commerce de gros, depuis 2014. Cela correspond à la chute du dollar canadien.
« C’est à la base de la forte croissance de l’emploi que l’on connaît maintenant. On ne voit pas une hausse des investissements ni des exportations. On voit une hausse remarquable des services à la production qui est concentrée à Montréal. Il y a une tendance semblable à Vancouver et Toronto, mais à Montréal, c’est deux fois plus élevé. »
— Maxime Trottier, économiste de la CCM
Le taux d’emploi a été particulièrement marqué chez les personnes issues de l’immigration. Il a fait un bond important depuis 10 ans, passant de 52,8 % en 2009 à 61 % en 2017. Déjà, au printemps dernier, Statistique Canada révélait ces données.
Cette hausse de l’emploi touche autant les immigrants récents que ceux établis depuis longtemps dans le Grand Montréal. Chez ceux qui sont installés depuis cinq à dix ans dans la région métropolitaine, le taux d’emploi dépasse même celui des Montréalais nés au Canada. Il s’agit de données générales qui ne précisent pas dans quels secteurs exactement cette augmentation se fait sentir.
« Les immigrants se retrouvent surtout dans l’île de Montréal et le boom de l’emploi y est concentré. Les services à la production ont tendance à se concentrer dans le centre des régions urbaines », explique Maxime Trottier.
Moins de chômage chez les immigrants
Le taux de chômage chez les immigrants demeure toutefois plus élevé que celui des natifs. L’écart entre les deux groupes s’est toutefois rétréci de façon significative, passant de 6,4 % en 2009 à 3,1 % en 2017. Pour M. Trottier, c’est un renversement important.
« Dans le passé, c’est Montréal qui avait la performance la plus mauvaise comparativement aux autres régions métropolitaines du Canada comme Toronto ou Vancouver, avec un taux de chômage trois fois plus élevé chez les immigrants. »
— Maxime Trottier
La CMM regroupe 82 municipalités, ce qui correspond à 4 millions d’habitants, soit un bassin d’emploi de 2 millions de travailleurs. Le chômage atteint à l’heure actuelle un plancher historique avec 6,6 %. Il s’agit du niveau le plus faible depuis que les données sont compilées, soit depuis 1975.
L’immigration internationale ainsi que l’arrivée de réfugiés en provenance des États-Unis ont eu un effet sur la demande de logements locatifs. « Le taux d’inoccupation de ces logements est passé de 3,9 % en 2016 à 2,8 % en 2017 », peut-on lire dans le Bilan économique du Grand Montréal 2017.