Montréal

Valérie Plante devrait remplir une autre de ses promesses électorales dans son premier budget, mercredi. Hier, lors du dîner des Rois de l’Accueil Bonneau, la mairesse a par ailleurs voulu rassurer les commerçants au sujet des travaux qui commencent aujourd’hui dans la rue Sainte-Catherine.

Valérie Plante s’attaque à l’insalubrité des logements

L’administration Plante-Dorais profitera de la présentation du budget cette semaine pour remplir une autre de ses promesses électorales, soit de s’attaquer au problème d’insalubrité des logements. Un million sera injecté dans la brigade d’inspecteurs en salubrité afin de pratiquement doubler leurs effectifs et ainsi augmenter les inspections réalisées, a appris La Presse.

Mercredi, la nouvelle administration Plante-Dorais dévoilera son tout premier budget. Alors qu’un trou de 358 millions avait été repéré au lendemain des élections, Projet Montréal a profité des deux derniers mois pour combler ce manque à gagner. Et non seulement a-t-on réussi à équilibrer le budget, mais on a également dégagé une marge de manœuvre pour mettre de l’avant certains des principaux engagements électoraux.

Ainsi, malgré des finances serrées, la mairesse Valérie Plante fera un important premier pas dans l’un des thèmes centraux de sa campagne, l’habitation. À une semaine du vote, elle s’était engagée à s’attaquer au problème d’insalubrité des logements. Pour y arriver, elle promettait d’embaucher de 20 à 30 inspecteurs supplémentaires afin de réaliser 100 000 inspections durant son premier mandat.

Le budget présenté mercredi prévoira ainsi 1 million de plus au service de l’habitation afin de renforcer l’inspection des logements. La brigade de 17 inspecteurs travaillant actuellement pour la ville-centre verra ainsi ses effectifs augmenter de 13 employés. Cette équipe aidant les arrondissements à contrer les problèmes d’insalubrité comptera ainsi un total de 30 personnes. 

Dans l’entourage de la mairesse, on souligne qu’il s’agit ici « d’un premier pas », d’autres embauches devant avoir lieu au cours des prochaines années.

Contrairement aux inspecteurs d’arrondissement qui peuvent remplir d’autres fonctions, ceux relevant de la ville-centre travaillent uniquement à l’inspection des logements. Leur mandat sera de cibler les arrondissements où la problématique est plus importante.

La question est importante à Montréal, où l’on compte pas moins de 495 000 appartements locatifs, selon les données du recensement 2016 de Statistique Canada. En effet, 63 % des Montréalais sont locataires. C’est nettement plus que dans le 450, où seulement 28,4 % des ménages sont à loyer.

Les logements de Montréal accusent également le coup de leur âge. Près de 39 % des immeubles de l’île ont été construits avant 1960, selon Montréal en statistiques, qui compile des données pour la métropole. En comparaison, à peine 12,8 % des bâtiments des couronnes datent de cette époque.

Quant à savoir si les 100 000 inspections prévues pourront être effectuées, l’augmentation graduelle des effectifs de la brigade de salubrité devrait permettre d’atteindre cet objectif, assure-t-on.

Reste qu’obtenir des chiffres précis sur le nombre d’inspections est toutefois difficile. Pascal Robichaud, qui se spécialise dans les données ouvertes, demande depuis près d’un an, grâce à la Loi sur l’accès à l’information, les statistiques des 19 arrondissements de Montréal. Malgré cela, il n’a obtenu pour le moment qu’un portrait partiel de la situation, plusieurs administrations locales ne fournissant pas les données demandées. Celui-ci espère voir la nouvelle administration améliorer la diffusion de ces informations.

Un Dossier épineux

Le dossier de la lutte contre les logements insalubres s’est avéré épineux ces dernières années. Durant la campagne électorale de 2013, l’ex-maire Denis Coderre avait dit vouloir en faire une priorité, mais peu de progrès tangibles ont été notés. En janvier 2017, la Ville de Montréal avait indiqué que moins de 200 constats d’infraction avaient été remis à des propriétaires de 2014 à 2016 à la suite d’inspections. Seulement deux immeubles avaient fait l’objet d’un avis de détérioration, soit une inscription au registre mis en place pour recenser ces bâtiments en mauvais état.

L’administration Coderre disait compter sur de nouveaux pouvoirs dans la Loi sur la métropole pour serrer la vis aux propriétaires délinquants.  Québec avait toutefois refusé de lui confier le pouvoir de saisir les immeubles de propriétaires récalcitrants.

Alors cheffe de l’opposition, Valérie Plante avait dénoncé le manque de ressources accordées par la ville-centre à la lutte contre l’insalubrité. 

Durant la dernière campagne, elle s’était ainsi engagée à augmenter le nombre d’inspecteurs pour réaliser plus d’inspections. Elle avait notamment déploré le manque de suivi des inspections. Elle a par ailleurs promis de mettre en place un registre des « mauvais propriétaires », soit ceux qui ne font pas les changements requis.

Le budget municipal pour l’année 2018 sera présenté mercredi au conseil municipal. Le document sera ensuite étudié par les élus en commission. L’adoption définitive du budget est prévue le mercredi 24 janvier.

Les cinq arrondissements où l’on compte le plus de logements

Côte-des-Neiges– Notre-Dame-de-Grâce 73,3 %

Ville-Marie 72,6 %

Plateau-Mont-Royal 72,4 %

Villeray–Parc-Extension– Saint-Michel 72,2 %

Montréal-Nord 71,6 %

Sources : Montréal en statistiques et Statistique Canada

Travaux de la rue Sainte-Catherine

La mairesse se fait rassurante

Valérie Plante assure que les commerçants seront dédommagés si le chantier de construction mis en branle dès aujourd’hui dans la rue Sainte-Catherine importune leurs activités plus que prévu. Lors de son passage à l’Accueil Bonneau pour le dîner des Rois, la mairesse a par ailleurs affirmé que toutes les personnes qui vivent dans la rue à Montréal ont une place où dormir cet hiver.

Avec le chantier de la rue Sainte-Catherine, les travaux de la Ville toucheront une des artères commerciales et piétonnes les plus fréquentées de Montréal. Malgré l’ampleur du chantier qui s’installe à partir d’aujourd’hui, Valérie Plante soutient que son administration a les projets d’urbanisme d’ampleur « dans son ADN ». « Nous sommes forts là-dedans, et on a l’intention de le montrer », a-t-elle martelé.

La mairesse a laissé entendre que des dédommagements seraient envisagés si les travaux avaient un impact sur les commerçants. « Il faudra maintenant déterminer les critères pour cette possibilité », a-t-elle ajouté. 

« Un grand chantier, ça rapporte à long terme, mais dans le quotidien, c’est difficile pour les commerçants, et nous voulons montrer le sérieux de ce côté aussi. » — Valérie Plante, mairesse de Montréal

La rue Sainte-Catherine sera réaménagée sur une distance de 2,2 km, de l’avenue Atwater jusqu’au Quartier des spectacles. Le tronçon délimité par les rues Mansfield et De Bleury, première zone touchée par les travaux, et ce, jusqu’à l’été 2018, sera sujet à plusieurs fermetures de route, partielles ou complètes, temporaires ou durant tout le temps du réaménagement.

« Nous n’allons pas tout chambouler »

La Ville de Montréal avait lancé, sous l’administration Coderre en 2014, une consultation publique sur l’avenir de la rue Sainte-Catherine Ouest. « Nous n’allons pas tout chambouler, a assuré Valérie Plante. Les commerçants et les riverains se sont prononcés, et pour nous, c’est très important. » Sans « recommencer à zéro », la nouvelle administration a toutefois tenu à réévaluer les coûts et à réexaminer sa « marge de manœuvre ». La Ville annoncera bientôt quels éléments du plan de réfection de Denis Coderre seront mis de côté, remplacés ou maintenus.

Le réseau de distribution d’eau, centenaire, sera une des priorités de ce projet de réaménagement, a affirmé Mme Plante. 

L’aménagement et l’investissement qui y sera consacré seront ensuite déterminés. « Nous avons trois principales considérations : que les travaux soient dans les temps pour les commerçants, que ce soit dans les coûts pour que les payeurs de taxes qui investissent en aient pour leur argent et qu’on renippe cet espace pour que ce soit un espace signature », a indiqué Robert Beaudry, responsable du développement économique et commercial de la Ville.

La Ville en est toujours à évaluer certains détails de son plan d’action pour ces travaux d’envergure. Une rencontre avec ses partenaires d’affaires est prévue le 15 janvier. Une annonce publique sera ensuite faite pour informer plus précisément la population quant au projet.

Des lits pour tous dans les refuges

La mairesse Plante s’adressait hier aux médias dans le cadre de sa présence au 140e dîner des Rois de l’Accueil Bonneau. « C’est une belle activité qui montre toute la solidarité et l’entraide dont font preuve les Québécois et les Québécoises », a dit Mme Plante, qui a participé à la distribution des repas. Accueillies en musique, les personnes rassemblées pour profiter d’un repas chaud, hier, ont bénéficié de la présence de nombreux bénévoles, venus de plusieurs régions de la province pour l’occasion.

Si le froid polaire est déplaisant pour la majorité des Montréalais, ceux qui n’ont pas de toit en souffrent tout particulièrement. Les organismes d’aide aux sans-abri sont beaucoup plus sollicités depuis les dernières semaines. Certains refuges ont débordé. 

« Il y a suffisamment de ressources. Il y a eu des débordements, mais des lits ont été ajoutés et il y a présentement de la place pour toute personne en situation d’itinérance. »

— Rosannie Filato, responsable du développement social et communautaire de l’administration Plante

« La Ville est très préoccupée, on suit le fil des événements et il y a un travail constant avec les pompiers, les services de police et les services communautaires », a quant à elle soutenu la mairesse. Elle s’est dite très fière de la communication entre la Ville et les services d’aide afin que chaque personne qui en a besoin puisse trouver refuge. « Pour l’instant, tout est en place, et tout le monde a un lit dans lequel dormir », a conclu Mme Plante.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.