Le survivant
En 2012, Richard Guimond a frôlé la mort après avoir été poignardé dans le cadre de son travail de policier. Artère brachiale sectionnée à 90 %. Il subit trois importantes opérations. Aujourd’hui, il joue plus de 125 matchs de hockey l’hiver et parcourt entre 7000 et 8000 km à vélo l’été. Des sports qui le passionnent et qui lui ont aussi sauvé la vie.
Le sport a toujours fait partie de ma vie. Jeune, je jouais au hockey l’hiver et au soccer l’été. Vers 16 ans, j’ai commencé le vélo de route, puis la compétition. Avant l’accident, je me préparais pour les championnats canadiens de vélo de route, j’étais donc très en forme. Le médecin m’a d’ailleurs dit que c’est ce qui m’a permis de passer au travers. Qu’il n’aurait pas réussi à me sauver, sinon. Les gens qui ne sont pas au courant ne remarquent pas que j’ai des séquelles. J’ai dû malgré tout changer de travail car c’est la main qui tient l’arme qui a été touchée.
La première opération s’est déroulée le soir de l’accident. J’avais perdu trois litres de sang quand le chirurgien a arrêté l’hémorragie. Ensuite, j’ai eu une deuxième opération pour réparer l’artère brachiale, afin que le sang recommence à circuler dans mon bras. Malgré tout, mon bras ne fonctionnait plus du tout et je ne savais pas ce que l’avenir me réservait. J’ai ensuite rencontré une chirurgienne plasticienne à Montréal, qui m’a fait un transfert de nerfs dans le bras pour refaire fonctionner le biceps. C’était l’ultime tentative pour refaire fonctionner mon bras.
J’avais de la physiothérapie et de l’ergothérapie quatre fois par semaine, sans compter les exercices que je pouvais faire à la maison. C’est durant cette période que j’ai reçu l’appel de Ron Hextall (ancien gardien de but de la LNH), ce qui m’a donné un gros boost d’énergie ! Je n’en revenais pas qu’il ait pris le temps de m’appeler alors qu’il ne me connaissait pas ! Mon bras a recommencé à fonctionner lentement six mois après l’accident. J’ai rejoué au hockey sans bâton durant l’hiver, ma main étant incapable de tenir mon bâton. Mais pour moi, c’était une grande victoire. Deux mois plus tard, j’allais rouler en vélo et je savais que je serais capable d’en refaire comme avant.
Non, pas nécessairement. Je ne me vois pas comme un modèle à suivre. Les gens savent qui je suis et voient ce que je fais. Même avant, quand je faisais de la patrouille et qu’on m’offrait des heures supplémentaires, je préférais aller m’entraîner. L’accident n’a rien changé, à part que je ne fais plus de compétitions. Mais je continue à m’entraîner comme si j’en faisais.
Il faut jongler avec les horaires des enfants et de ma blonde. Dès qu’il commence à faire assez chaud, j’en profite pour rouler tôt, le matin. Mes sorties durent entre une heure et demie et deux heures. C’est sûr qu’il n’y a pas de surentraînement quand on a des enfants ! Et c’est très bien comme ça ! Je m’entraîne d’ailleurs souvent seul en raison des heures auxquelles je vais rouler. Mais ça ne me dérange pas. En plus, Rimouski, c’est le paradis du vélo. En cinq minutes, je suis dans les rangs en pleine nature. Évidemment, des fois, j’en profite. Une journée, cet été, j’avais le temps. J’en ai donc profité pour faire 200 km en une journée !
Je suis gardien de but, c’est assez recherché. En plus, j’aime jouer tard : à 21 h, même à 22 h 30. On m’appelle donc très souvent ! Physiquement, après ma saison de vélo, je suis top shape. Ça me permet de jouer entre quatre et cinq matchs par semaine sans problème. Par contre, j’en perds un peu pendant la saison. Disons que le début de saison en vélo fait du bien !
Pas forcément. Mon fils de 10 ans fait du karaté. C’est très différent de ce que je fais et c’est très bien comme ça. Ma fille a juste 5 ans. Elle a le temps de voir ce qu’elle veut faire !
Richard Guimond
45 ans
Agent de liaison au palais de justice
Père d’une fille de 5 ans et d’un garçon de 10 ans
Fait de 7000 à 8000 km de vélo et participe à plus de 125 matchs de hockey par année