Diversité corporelle

Vrak, doublement gagnant du prix Image/in

Mercredi dernier, l’organisme ÉquiLibre a dévoilé les gagnants du huitième prix Imagine/in. À l’issue d’un vote populaire, Vrak a été couronné grand gagnant de ce concours, grâce à l’article #BodyPositive : 7 raisons d’apprendre à aimer son corps et à un segment de l’émission Code F. Rappelons que le prix Image/in vise à souligner des actions en faveur de la diversité corporelle et d’une image corporelle saine, dans les secteurs de la mode, des médias et de la publicité. Vrak a également obtenu la mention Choix des jeunes, alors que Vêtements Mandala a remporté le Coup de cœur du jury, prix décerné par des adolescents de 13 à 16 ans et des représentants de l’industrie de l’image.

— Isabelle Morin, La Presse

Question d’éthique

Peut-on séparer les enfants réfugiés de leurs parents ?

Chaque semaine, nous réfléchissons à un dilemme éthique où les principes et les valeurs s’entrechoquent. Parce qu’il arrive que la réponse ne soit pas simple, Pause invite les lecteurs à soumettre une question qui les préoccupe.

La semaine dernière, une photo publiée sur les réseaux sociaux de la fille du président des États-Unis, Ivanka Trump, a fait violemment réagir. La jeune femme posait avec son plus jeune enfant blotti dans ses bras. Or, au même moment, son père menaçait de séparer les enfants de leurs parents réfugiés afin de les dissuader d’entrer au pays. A-t-on le droit de séparer des familles et, si oui, est-ce éthique de le faire ?

La réponse de François Audet, directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal

« Avant de parler d’éthique, il faut parler de droit, précise François Audet, directeur de l’Institut d’études internationales de Montréal. D’une perspective purement juridique, l’État a le droit de séparer les enfants des parents en vertu du droit à la souveraineté territoriale. L’entrée irrégulière dans un territoire est un dossier compliqué. Les règles juridiques sont floues. D’une part, il existe le droit fondamental d’avoir une meilleure vie. Les gens peuvent fuir pour diverses raisons comme la violence, des menaces à leur intégrité physique, etc. Ce droit est lié au principe de non-refoulement, qui stipule qu’on ne peut pas refuser l’entrée à un réfugié dont la vie est en danger. D’autre part, il existe aussi le droit pour les États d’assurer la souveraineté de leur territoire. Or, depuis quelques années, on remet en question les paradigmes qui sont en place depuis la Seconde Guerre mondiale. Depuis cette époque, les frontières étaient acceptées et les flux migratoires avaient lieu entre pays qui n’étaient pas en Occident. Or, les choses ont changé.

« Maintenant, prenons le cas plus précis qui nous intéresse », poursuit François Audet, qui a travaillé durant 15 ans dans l’humanitaire, entre autres pour la Croix-Rouge canadienne et pour CARE Canada. « Les États-Unis ont le droit d’incarcérer des réfugiés adultes dans le contexte d’un enjeu sécuritaire. Le Canada aussi d’ailleurs. L’an dernier seulement, il y a eu 250 cas. Les raisons de l’arrestation doivent être valables. »

« Il est rare qu’on incarcère des familles, mais quand on le fait, on se trouve en situation d’illégalité, car on ne devrait pas incarcérer des enfants. Mais si on ne les incarcère pas, on se trouve à les séparer de leurs parents. »

— François Audet

« Que fait-on ? C’est un cas de “damned if you do, damned if you don’t” [on a tort quoi que l’on fasse]. Cette question soulève des enjeux importants. L’éthique, c’est un consensus social sur l’application des règles de vie. Quand il y a rupture de ce consensus, on est face à un questionnement éthique.

« Bien sûr, je n’ai pas une réponse simple à cette question complexe qui oppose les droits des pays frontaliers et les droits des réfugiés, note celui qui est aussi directeur scientifique de l’Observatoire canadien sur les crises et l’aide humanitaire (OCCAH). En tant qu’ancien humanitaire, je dirais qu’il faut qu’on se dote de moyens pour ne pas séparer les enfants des parents, car éthiquement et moralement, il y a un problème.

« Mais je poursuivrais en vous disant que l’éthique n’est pas quelque chose qui est pris en compte dans les processus décisionnels de l’humanitaire. On est beaucoup plus dans la grille économique rationnelle. Quand les questions éthiques surviennent, il est souvent trop tard. L’éthique est utilisée dans la recherche, la critique sociale ou pour critiquer une démarche, mais les organisations internationales ne se sont pas dotées de cette expertise-là. L’éthique ne fait pas partie de leur culture institutionnelle. Comprenez-moi bien, il existe des codes de déontologie, des règles pour éviter la corruption ou pour encadrer des enjeux de gouvernance. De plus, les gens qui œuvrent dans l’humanitaire ont eux-mêmes un système de valeurs, une éthique personnelle. Mais pour le reste, on est beaucoup plus dans une routine opérationnelle qui vise l’efficacité et qui est basée soit sur les droits, soit sur les besoins médicaux. L’éthique n’est pas quelque chose qui domine généralement la conversation. Je dirais même qu’actuellement, l’humanitaire est en dissonance avec la réalité. C’est pourquoi, à mon avis, il faut remettre les enjeux éthiques au cœur de l’action et des missions. »

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