Opinion Réseau scolaire

Moins de laideur et plus de beauté pour nos élèves

En construisant des écoles esthétiques et bien aménagées, les chances de réussite des petits Québécois ne pourraient être que meilleures

Cette année, les Journées de la persévérance scolaire ont eu lieu sur le thème : Célébrons nos superhéros de la persévérance scolaire ! « Par ses efforts et ses accomplissements, notait-on, l’élève est le premier héros de sa propre persévérance. »

C’est vrai, mais les héros sont aussi ces décideurs qui s’essoufflent pour que les élèves du Québec, particulièrement ceux qui fréquentent les écoles publiques, profitent d’environnements scolaires beaux et attrayants.

Célébrons-les. Car selon l’architecte Pierre Thibault, le beau améliore la concentration, la motivation, bref, la santé des élèves et du corps professoral.

Or cette beauté est trop peu fréquente au Québec, particulièrement dans les quartiers défavorisés. Montréal-Nord est un bon exemple : malgré le haut niveau de vie de quelques citoyens, cet arrondissement est situé dans Bourassa, parmi les circonscriptions fédérales les plus pauvres du Canada.

Un changement de paradigme s’impose clairement.

S’il est vrai que Montréal a la cote auprès des étudiants universitaires internationaux, qu’en est-il pour les élèves du primaire et secondaire ? S’il est important de bâtir un réseau de train électrique, n’aurait-il pas été pertinent d’investir d’abord dans nos écoles ? Avons-nous vraiment le luxe de ne pas investir davantage dans l’avenir de ceux qui hériteront de nouveaux problèmes ?

« L’école est le premier passage dans l’espace public. On devrait y être accueilli. Il y aurait moins de décrochage. On a tout à gagner », souligne Pierre Thibault, qui donnera une conférence sur le sujet à la Maison du développement durable, le 1er mars prochain.

En ce sens, il est manifeste qu’on n’investit pas assez dans notre réseau scolaire, malgré la Politique de l’enfant et la politique de développement social de la ville de Montréal. Il est clair que les politiques publiques sont à la remorque de la persévérance scolaire plutôt que d’en être la locomotive.

Il faut des lieux à la hauteur du respect que nous avons pour le génie de nos enfants. Un élève fort motivé peut certes réussir dans un lieu inadéquat, mais ce n’est pas le cas de tous les autres. D’où l’importance d’offrir des services de qualité, mais aussi d’inclure dans cette offre des lieux esthétiques et bien aménagés.

On peut bien citer les fameuses écoles de Copenhague, mais plus près de nous, il y a l’école publique FACE (Formation artistique au cœur de l’éducation). Ancrée au centre-ville de Montréal, près du bain de l’activité culturelle de la métropole, cette œuvre des concepteurs du Musée des beaux-arts de Montréal profite d’une architecture néoclassique qui vieillit très bien.

Comment pouvons-nous transcender la logique d’interventions sur les individus pour laisser aussi place à la création d’environnements physiques favorables à l’excellence ? Qu’est-ce qui empêche Investissement Québec, la Société québécoise des infrastructures ou la Caisse de dépôt et placement du Québec de financer des projets touchant directement aux cadres bâtis des écoles des quartiers les plus défavorisés du territoire québécois ?

À quand une politique du beau avec droit de veto sur le laid ? À quand des infrastructures en harmonie avec l’environnement ? À quand des appels de solutions au lieu d’appels d’offre en ce sens ?

Car s’il est possible de profiter des bienfaits du beau, n’oublions pas les conséquences malheureuses du laid.

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