Portfolio  Saint-Laurent

Un boom industriel stimulé par le REM

Le Réseau express métropolitain (REM) comptera cinq stations dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent et on en voit déjà les effets, particulièrement près de la gare A40. Mais au lieu d’être principalement résidentiels, comme c’est le cas ailleurs, les investissements seront plutôt industriels. Ce projet de revitalisation pourrait rapporter près de 1 milliard en retombées économiques sur 20 ans et créer 5000 emplois.

C’est du moins la conclusion d’une étude commandée par Développement économique Saint-Laurent (DESTL). L’organisme prévoit bâtir, près de la gare A40, le « quartier intelligent du manufacturier innovant », avec bâtiments intelligents, trottoirs chauffants, utilisation de l’énergie solaire, aménagement des rues pour les piétons et les cyclistes, etc.

Pas question de faire comme de nombreux secteurs à Montréal et les environs en misant sur un TOD (Transit-Oriented Development) résidentiel. Ce sera plutôt un TOD industriel.

« Ce secteur a besoin d’être revitalisé, mais comme il y a peu de terrains industriels à Montréal, on veut conserver nos zones d’emploi, indique Luc Duguay, directeur général par intérim de DESTL. Mais il y aura une ouverture à la mixité d’usages, avec un peu de place pour le résidentiel et les activités commerciales. Je pense par exemple à un hôtel et à des commerces de proximité. »

DESTL se penchera prochainement sur les moyens de maximiser les retombées économiques des autres gares.

Saint-Laurent, dont l’économie est diversifiée avec de grands acteurs en aéronautique, en technologies de l’information et dans le domaine biopharmaceutique, est donc l’un des secteurs du Grand Montréal qui bénéficiera grandement du tracé du REM.

« Il y a de la congestion actuellement et il fallait investir dans les transports en commun pour diminuer le nombre de voitures sur les routes et augmenter la mobilité. »

— Luc Duguay

Attraction et rétention de main-d’œuvre

Par contre, depuis plus d’un an, avec la « multiplication des cônes orange » à Montréal, se rendre à Saint-Laurent est devenu « très complexe », constate Éric Daigneault, président de la Chambre de commerce et d’industrie de Saint-Laurent–Mont-Royal. Et en 2020, la ligne de train de banlieue Deux-Montagnes ne traversera plus l’arrondissement en raison des travaux du REM.

« Avec la pénurie de main-d’œuvre, c’est difficile de recruter et de retenir les gens actuellement à Saint-Laurent, qui est au milieu de Montréal, affirme M. Daigneault, également directeur général de la Quincaillerie Richelieu à Saint-Laurent, qui compte plus de 350 employés. La réorganisation du territoire est importante, mais Saint-Laurent le paye très cher. »

La mise en service du REM amènera d’autres défis.

« Les gens deviendront soudainement super mobiles et pourront aller travailler facilement à Brossard, par exemple, alors il faut s’assurer de continuer à attirer des entreprises de l’avenir sur le territoire. »

— Éric Daigneault

Virage technologique

Parmi les éléments attractifs, Éric Daigneault pense au Technoparc.

« C’est un joyau de Saint-Laurent et je suis très préoccupé que la mairesse de Montréal souhaite centraliser l’administration des parcs industriels, parce que le Technoparc, grâce à son côté technologique, est à part des autres. »

Pour assurer la pérennité des entreprises existantes, DESTL travaille aussi sur le virage technologique.

« Depuis un an, DESTL aide les PME manufacturières à faire un diagnostic et à réaliser un petit projet technologique, pour ensuite avoir l’assurance d’en faire un plus gros », explique Luc Duguay.

Le quartier intelligent du manufacturier innovant viendra aussi jouer un rôle dans ce virage.

« Il y a des projets pour aider les entreprises manufacturières du territoire, comme une vitrine technologique », ajoute M. Duguay.

Les investissements en recherche et développement ont crû de 117 % à Saint-Laurent en 2017. Il y a plus de 110 000 personnes qui travaillent dans les 4500 entreprises de Saint-Laurent, dont plus de 600 sont manufacturières.

Le Saint-Laurent industriel en cinq dates

1860

L’activité industrielle est lancée à Saint-Laurent avec la création de l’industrie de la pierre.

1942

Construction de l’usine Vickers, devenue Canadair en 1944 et acquise par Bombardier en 1986 pour devenir Bombardier aéronautique, actuellement l’un des plus importants employeurs de Saint-Laurent avec environ 5000 employés.

1942

Arrivée de l’industrie pharmaceutique avec la construction de l’usine de fabrication Ayerst McKenna & Harrison, devenue Wyeth en 2002.

1954

Arrivée de l’industrie des communications avec Northern Electric, devenue Northern Telecom en 1976, puis Nortel en 1995 et Nortel Networks en 1998, avant de faire faillite en 2009.

1987

Le Centre d’initiatives technologiques de Montréal voit le jour et aboutira à la création d’un parc de recherche en 1992, le Technoparc.

Source : Ville de Montréal

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.