Élections au Nouveau-Brunswick

Québec et Ottawa excluent de recourir au vote électronique

OTTAWA — Élections Canada et le Directeur général des élections (DGE) du Québec écartent définitivement l’idée d’utiliser le vote électronique lors d’éventuels scrutins, dans la foulée des défaillances du dépouillement du vote aux élections de lundi soir au Nouveau-Brunswick.

Les défaillances qui ont suscité la grogne des électeurs de la province ont d’ailleurs rappelé de douloureux souvenirs au DGE, qui avait donné le feu vert à l’utilisation du vote électronique aux élections municipales de 2005 au Québec – et qui avait également connu des ratés.

Les responsables du scrutin au Nouveau-Brunswick ont eu recours au vote électronique pour la première fois dans l’histoire de la province afin d’accélérer le dépouillement des suffrages.

Or, de graves problèmes techniques ont ralenti le dévoilement des résultats, alors que certaines provinces avaient délégué des observateurs pour assister au déroulement des élections. Il appert que les tabulations de certaines machines électroniques n’ont pas comptabilisé adéquatement les suffrages, ce qui a forcé Élections Nouveau-Brunswick à interrompre le dépouillement du vote vers 22 h 45 (heure locale), alors que le Parti libéral et le Parti progressiste-conservateur étaient au coude à coude.

Il aura fallu plus de deux heures pour résoudre les problèmes de chargement de données de 49 cartes-mémoires. La majorité des électeurs – et des candidats aux élections – sont allés au lit sans connaître les résultats définitifs.

Au final, le Parti libéral de Brian Gallant a remporté 27 des 49 sièges, mettant fin au règne des conservateurs de David Alward après un mandat de quatre ans seulement. M. Alward a remis sa démission comme chef du parti, hier. Le Parti vert a écrit une page d’histoire en remportant son tout premier siège à l’extérieur de la Colombie-Britannique. Le chef du parti, David Coon, a fait mordre la poussière au ministre de l’Énergie Craig Leonard dans Fredericton-Sud. Le NPD n’a pas obtenu de siège.

« Élections Canada a examiné et examine les pratiques dans de nombreuses juridictions, y compris la technologie utilisée par le Nouveau-Brunswick, pour totaliser les votes le soir des élections. Cependant, nous n’avons pas l’intention d’adopter des technologies similaires pour les élections fédérales. »

— John Enright, porte-parole d’Élections Canada, en entretien avec La Presse

M. Enright a précisé qu’Élections Canada n’avait pas d’observateur à Fredericton, lundi. Les prochaines élections fédérales doivent avoir lieu le 19 octobre 2015, soit dans environ un an.

MORATOIRE SUR L'UTILISATION DU VOTE ÉLECTRONIQUE AU QUÉBEC 

À Québec, un porte-parole du DGE, Denis Dion, a indiqué que l’organisme responsable de chapeauter les élections provinciales a fait une croix sur ces « nouveaux mécanismes de votation » depuis les graves problèmes survenus lors des scrutins municipaux du 6 novembre 2005.

En tout, 140 municipalités avaient utilisé le vote électronique et 22 autres avaient fait l’essai du vote par courrier. Dans un rapport soumis 11 mois plus tard, le DGE avait jeté un regard très critique sur les systèmes de votation électronique. Il affirmait aussi que les urnes électroniques et les terminaux de votation « sont des technologies vulnérables ». Il avait imposé un moratoire sur leur utilisation, moratoire qui demeure toujours en vigueur, a confirmé M. Dion dans une entrevue à La Presse.

« Aux élections municipales de novembre 2005, nous avons eu le vote électronique au Québec et ça avait été une catastrophe assez monumentale. […] Alors si on estime que ce n’est pas fiable au niveau municipal, on ne s’embarquera pas là-dedans au niveau provincial », a affirmé M. Dion, précisant que le DGE avait délégué une observatrice à Fredericton, lundi.

LES ÉLECTIONS AU N.-B. EN CHIFFRES

32 ans

Âge de Brian Gallant, qui est au deuxième rang des plus jeunes premiers ministres de l’histoire de la province. Il a fait campagne en promettant de créer des emplois grâce à un programme d’infrastructures.

42,73 %

Proportion des votes obtenus par les libéraux, comparativement à 34,65 % pour les conservateurs. Le NPD a suivi à 12,98 %, le Parti vert à 6,61 % et l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick a fermé la marche à 2,14 %. Dans cinq circonscriptions, le candidat élu a remporté la victoire avec une majorité de moins de 100 votes. De nouveaux dépouillements pourraient donc avoir lieu dans ces circonscriptions.

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Le NPD a échoué à faire élire un seul candidat. Même son chef, Dominic Cardy, a dû se contenter de la deuxième place dans sa circonscription. Il a annoncé sa démission lundi soir.

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