Chronique

La RATP se rapproche du Québec

La RATP, la Régie autonome des transports parisiens, qui fait partie de l’un des trois consortiums en lice pour décrocher le contrat de gestion, d’exploitation et de maintenance du futur Réseau électrique métropolitain (REM), a annoncé hier un autre rapprochement franco-québécois en prenant une participation au capital de la filiale parisienne du service d’autopartage en libre-service Communauto.

Cinquième acteur mondial du transport public, la RATP est bien représentée cette semaine au sommet de l’Union internationale des transports publics (UITP), qui se termine aujourd’hui au Palais des congrès de Montréal.

Elisabeth Borne, PDG de la RATP, était notamment accompagnée de Florence Rodet qui est secrétaire générale de RATP DEV, la division qui chapeaute toutes les activités internationales de l’entreprise spécialisée dans la gestion, l’exploitation et la maintenance de systèmes de transports publics.

La RATP a exporté à ce jour son expertise dans 15 pays. Ce sont ses équipes qui gèrent certains des systèmes de transport public à Bombay, Séoul, Manille et Hong Kong. Elle a aussi implanté et gère des systèmes en Algérie, au Maroc, en Arabie saoudite et au Qatar.

« On est aussi responsable de la flotte de 1000 autobus impériaux de Londres », me précise Elisabeth Borne, rencontrée en marge du sommet de l’UITP.

La RATP souhaite donc poursuivre son expansion internationale en mettant solidement le pied sur le sol canadien et en obtenant la gestion du contrat d’exploitation et de maintenance du futur REM.

Trois consortiums se sont préqualifiés en vue de l’appel d’offres lancé par la Caisse de dépôt et placement. La RATP s’est associée à la firme d’ingénierie américaine Parsons, au fabricant de matériel roulant coréen Hyundai Rotem et à la société Thales Canada pour obtenir le contrat de gestion du REM.

Mme Borne n’a pas voulu trop discuter du contrat du REM puisque le processus d’attribution est rendu au stade final et que l’on a demandé aux soumissionnaires de rester discrets.

Mais il est évident que la RATP aimerait bien obtenir ce nouveau mandat international. « On a un savoir-faire unique », rappelle la PDG, qui évoque aussi les liens culturels étroits qui unissent la RATP à la Société de transport de Montréal qui a choisi, à l’époque, la technologie française du métro sur pneus.

La RATP réalise un chiffre d’affaires annuel de 5,5 milliards d’euros, dont 20 % sont générés par sa division internationale RATP DEV.

« On prévoit hausser nos revenus à 7 milliards d’euros d’ici 2020, et la portion réalisée hors-territoire devrait représenter alors 30 % de nos revenus totaux », anticipe Elisabeth Borne.

Le transport évolutif

À l’instar de la nouvelle Autorité régionale de transport métropolitain qui souhaite implanter le concept de mobilité intégrée sur l’ensemble du territoire métropolitain, la RATP est aussi adepte de l’élargissement de l’offre de services aux usagers du transport public.

« Le transport de masse va toujours exister, mais la révolution digitale et les grands bouleversements énergétiques nous confrontent à de nouveaux enjeux », explique la PDG.

C’est dans cette optique que la RATP a décidé d’investir dans la division parisienne de Communauto pour étendre ses services à l’ensemble de la grande région parisienne.

« On doit être capable d’être présent dans toutes les formes de transport et de pouvoir les offrir à nos usagers. On souhaite faciliter la vie des gens avec ce nouveau service d’autopartage », espère Elisabeth Borne.

La RATP est aussi pleinement engagée dans le virage vert alors qu’elle a entrepris le remplacement de son parc de 4600 autobus par des nouveaux véhicules. D’ici 2025, 80 % des autobus de la RATP seront alimentés à l’électricité et 20 %, au biogaz.

L’organisme devra revoir ses méthodes de rechargement puisque la consommation électrique de ce nouveau parc de véhicules sera équivalente à la consommation d’une ville de 85 000 habitants.

Enfin, l’avènement de la voiture autonome ne risque pas de révolutionner le monde des transports collectifs, estime la PDG. S’il fallait que les 1,2 million d’usagers quotidiens qui prennent le train pour entrer à Paris se retrouvent plutôt en voiture autonome, il faudrait construire deux autoroutes parallèles dont chacune serait munie de 30 voies. Ce que l’on ne verra pas de notre vivant.

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