Cinq flèches pour atteindre la cible
Si Alex Harvey est nerveux, il le cache bien. À moins de 24 heures du début des Championnats du monde de Lahti, le meilleur fondeur canadien de l’histoire était en verve, hier. Entre deux séances d’entraînement, il a passé trois quarts d’heure au téléphone avec La Presse. De la pression ? Un peu, oui, mais pas de quoi se couper du reste du monde.
« C’est sûr que les attentes sont là, mais j’ai quand même un bon historique en championnat du monde », a lancé Harvey, qui épinglera un premier dossard aujourd’hui, pour l’épreuve de sprint individuel en style libre.
Médaillé d’argent à Falun en 2015 et de bronze à Val di Fiemme en 2013, il figure encore parmi les prétendants au podium en Finlande.
« Mais je sais que si je tombe en demi-finale ou quelque chose arrive, ce n’est pas ça passe ou ça casse, a-t-il souligné. Il y a d’autres options. »
« On a trois vraiment très, très belles cartes à jouer. Ça me donne confiance et ça dilue un peu la pression sur chaque journée. »
— Alex Harvey
Après le sprint, donc, Harvey peut aussi viser une médaille au skiathlon de 30 kilomètres, samedi, et au sprint par équipes, dimanche, où il cédera probablement le rôle de dernier relayeur à son coéquipier Len Valjas.
« Ce sont trois occasions avec une cote AAA », a-t-il évalué. Le relais 4 x 10 km et le 50 km style libre, dans la deuxième semaine, pourraient également lui permettre de bonifier son palmarès de quatre podiums depuis 2011.
Quatrième au classement cumulatif de la Coupe du monde, Harvey n’a jamais abordé des Mondiaux dans une telle position. Ses trois podiums consécutifs le mois dernier – deux victoires et une troisième place historique au relais – n’ont fait que gonfler sa confiance et réaffirmer sa polyvalence.
L’athlète de 28 ans a passé les trois semaines suivantes en Italie et en Suisse pour son désormais traditionnel stage de préparation en altitude. Après avoir « décrassé » le moteur à Otepää (15e au sprint, 19e au 15 km), il est prêt à enclencher la cinquième vitesse sur des pistes qu’il connaît très bien et dont la configuration lui plaît. Il y a terminé troisième au skiathlon en 2012.
« Un peu comme à Falun, le stade est le point le plus bas sur le parcours, a-t-il décrit. Ça favorise un peu des arrivées au sprint, même quand il y a une petite sélection qui se fait avant. C’est pour ça que le skiathlon, c’est probablement ma plus belle carte à jouer. »
En ces années de vaches maigres, Ski de fond Canada a quand même déployé les grands moyens pour ce dernier rendez-vous majeur avant les Jeux olympiques de PyeongChang. L’équipe de 10 fondeurs et les membres du personnel d’encadrement logent dans quatre maisons louées à proximité du lieu de compétition. Ils évitent ainsi les trajets d’une demi-heure que doivent effectuer leurs rivaux.
« C’est un gros avantage sur notre compétition », a jugé Harvey, qui bénéficie de sa propre chambre. Un chef suédois, le même qu’à Falun en 2015, s’occupe des repas. « Ce sont des détails, mais on peut vraiment individualiser la préparation de chacun. »
L’objectif est clair : « Livrer mes meilleures courses de ski de l’année durant ces championnats. Le reste suivra. » Harvey fait partie d’un groupe de sept fondeurs médaillés à chacun des trois derniers Mondiaux. Il n’a pas l’intention que ça change.
Le palmarès d’Alex Harvey aux Championnats du monde
Or
Sprint par équipes (avec Devon Kershaw), Oslo 2011
Argent
Sprint individuel, Falun 2015
Bronze
Skiathlon, Falun 2015
Sprint individuel, Val di Fiemme 2013
4e
Sprint par équipes (avec Devon Kershaw), Val di Fiemme 2013
5e
50 km classique, Falun 2015
50 km libre, Oslo 2011