François Beauchemin retourne à Anaheim

« Faut croire qu’on n’était pas dus »

Il avait pourtant tout pour plaire au Canadien. Défenseur costaud, talentueux, fiable défensivement, capable de produire une trentaine de points par saison, sérieux, rigoureux, francophone.

Mais depuis une décennie, et malgré quelques tentatives, François Beauchemin n’a jamais eu la chance de renouer avec l’équipe qui l’a repêché au 75e rang en 1998.

Beauchemin, 37 ans, aurait eu une dernière occasion de le faire cet été. Le CH n’a jamais appelé. On lui a préféré Mark Streit pour ajouter de la profondeur à la défense.

Notre homme a finalement signé cette semaine un contrat d’un an avec les Ducks d’Anaheim à titre de joueur autonome, une troisième expérience pour lui avec cette équipe de la Californie.

Il rigole au bout du fil quand on évoque le fait que le Canadien, peu importe le dirigeant en place, ne semble jamais l’avoir désiré.

« Faut croire qu’on n’était pas dus, lance-t-il. Ils ont appelé une fois en 2009, lorsque j’étais joueur autonome, mais leur offre n’était vraiment pas intéressante. Finalement, j’ai signé avec les Maple Leafs de Toronto et ils ont donné à Jaroslav Spacek le même montant que j’ai accepté à Toronto… »

Streit, 39 ans, a obtenu 700 000 $ du Canadien, soit environ 300 000 $ de moins que Beauchemin.

Le Québécois jouait en moyenne 21 min 30 s l’an dernier au Colorado, le plus haut total derrière Tyson Barrie. Il a obtenu 18 points en 81 matchs. Streit jouait 19 min 23 s à Philadelphie. Il a obtenu 21 points en 49 matchs. Échangé aux Penguins, il a dû se contenter d’un rôle de réserviste en séries éliminatoires.

« Deux ou trois équipes ont appelé le 1er juillet. Quatre ou cinq autres ont suivi dans les semaines suivantes. C’étaient des clubs pour lesquels je n’étais pas prêt à déménager ma famille pour un an seulement. Et je n’étais pas prêt à m’embarquer dans un contrat de deux ans. »

— François Beauchemin

Et si le Canadien avait appelé ? « Ils n’ont pas appelé, alors ça a facilité les choses. Mais j’en aurais parlé avec la famille, c’est sûr. »

Beauchemin demeure néanmoins ravi de retourner à Anaheim, son premier choix sentimental. « Mes plans ont changé quand l’Avalanche a racheté mon contrat. J’ai été déçu. Je me préparais à rejoindre l’équipe olympique canadienne pour des tournois quand Bob Murray [DG des Ducks] m’a appelé dimanche. Ça m’a vraiment allumé. J’en ai parlé avec ma femme et mes enfants pour leur demander s’ils voulaient retourner en Californie. C’est là qu’ils ont grandi, il y en a deux qui sont nés là-bas. On était tous sur la même longueur d’onde. »

Beauchemin retrouvera entre autres Corey Perry et Ryan Getzlaf ainsi que l’entraîneur-chef Randy Carlyle, avec qui il a remporté la Coupe Stanley en 2007.

« Je ne croyais vraiment pas qu’ils allaient m’appeler parce qu’ils ont une bonne défense, mais ils ont deux blessés importants, Hampus Lindholm et Sami Vatanen, qui ne devraient pas revenir au jeu avant les Fêtes. »

« Revenir à Anaheim, ça ne pouvait pas finir d’une meilleure manière. »

— François Beauchemin

Beauchemin s’attend à jouer un rôle plus effacé, après avoir campé un rôle au sein du premier duo de défenseurs de ses équipes depuis plusieurs années.

« Je vais continuer d’aider les jeunes à devenir des professionnels, montrer l’exemple en m’entraînant fort et en travaillant fort sur la glace, être un leader dans le vestiaire. Mon rôle sera plus défensif parce qu’on a des défenseurs de haut calibre offensivement, mais c’est parfait. »

Une année de misère

François Beauchemin cherche encore à comprendre pourquoi l’Avalanche du Colorado s’est écroulée de la sorte l’an dernier.

« Je ne sais pas si l’arrivée du nouvel entraîneur a fait en sorte que nos performances ont diminué. On a pourtant bien commencé dans les premiers matchs, mais on n’a jamais été capables de tourner la roue de bord. On avait eu une bonne saison avec Patrick [Roy] il y a deux ans. On avait raté les séries par sept ou huit points seulement. »

« Ça aurait été différent si Patrick était resté, mais il avait ses raisons de partir. »

— François Beauchemin

Les nombreuses rumeurs d’échange concernant Matt Duchene et Gabriel Landeskog n’ont pas aidé non plus. « C’est certain. Les joueurs sont mal à l’aise dans le vestiaire quand on entend des choses comme ça.

« Et les principaux intéressés deviennent nerveux à l’approche de la date limite des échanges. Ils se demandent s’ils vont rester, ça provoque de l’incertitude. C’est dur psychologiquement, mais ça fait partie de notre travail aussi. Il y a aussi le fait d’être éliminé en janvier. Ça démotive une équipe. Ça a vraiment été une saison désastreuse. »

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