Opinion République islamique d’Iran

Le commerce lucratif des organes des pauvres

L’Iran est le seul pays au monde dans lequel la vente d’organes est légale. Malgré la légalisation du système, les dérives continuent. Dans un pays touché par la misère économique, des bandes au sein du pouvoir contrôlent le marché du commerce d’organes.

L’Iran est le seul pays au monde à s’être engagé dans la légalisation de la vente d’organes, autorisée dans les années 80 : depuis 1993, plus de 40 000 greffes de rein ont été réalisées par les médecins iraniens.

Les mollahs ont décidé de mettre en place un système mettant en rapport vendeurs et donneurs de rein. Les donneurs reçoivent depuis deux rémunérations : celle de l’État et la prime d’assurance maladie des receveurs.

Le ministre de la Santé fanfaronne en annonçant qu’il a désormais 50 unités d’approvisionnement d’organes en Iran et qu’il a réussi à éliminer la liste d’attente grâce à un marché régulé d’organes. Cependant, au-delà des chiffres, il faut remettre en perspectives la réalité et les vraies raisons concernant le don d’organe.

Aujourd’hui, les vendeurs savent qu’ils peuvent gagner bien plus avec de riches Iraniens, qui souhaitent outrepasser le système gouvernemental avec un délai d’un an pour recevoir une greffe, ou avec des étrangers exclus du programme national. Au cours des dernières années, de nombreux médecins ont été arrêtés en essayant d’effectuer des greffes pour des Saoudiens qui avaient obtenu de faux papiers d’identité iraniens.

Avec la pauvreté qui existe en Iran, de plus en plus d’Iraniens essaient de vendre leurs organes pour obtenir de l’argent. Et cette explosion du commerce d’organes a permis à diverses instances du pouvoir en place d’accroître leur activité en contrôlant ce marché.

Il faut bien se rendre compte que derrière chaque donneur se cache une histoire tragique comme le chômage, des dettes ou encore un besoin urgent d’argent pour un membre de la famille. Les greffes se font au détriment des pauvres, car ce sont eux qui vendent leurs organes, et les riches qui les achètent.

Aujourd’hui, 80 % de la population du pays vit sous le seuil de pauvreté et 10 millions de personnes vivent dans la pauvreté absolue en Iran. Une situation terrible qui se déroule alors que les mollahs injectent des milliards de dollars pour l’exportation du terrorisme et financent les guerres de la région, notamment en Syrie, en Irak, au Liban et au Yémen. Malheureusement, c’est la solution choisie par le régime pour se maintenir au pouvoir, au lieu d’allouer ces sommes à l’amélioration des conditions de vie des Iraniens.

Alors oui, chaque jour, des Iraniens vendent leurs organes. On trouve désormais régulièrement des dépliants faisant la publicité de la vente de reins, des petites annonces autour des hôpitaux de Téhéran avec un numéro de téléphone ou encore des écrits sur les murs annonçant des parties de corps à vendre, indiquant le groupe sanguin, l’état de santé, l’âge du vendeur et le numéro de téléphone à contacter.

D’autres, entre-temps, contactent des courtiers en organes qui mènent leur mission à bien en identifiant les acheteurs et vendeurs en situation d’urgence. Un business qui leur permettrait de gagner jusqu’à 56 000 $ par mois.

Le Conseil national de la résistance iranienne (CNRI) a publié des informations détaillées sur cette pratique alarmante. Le CNRI a déclaré que les parties du corps les plus demandées sont les reins, suivies du foie et du plasma sanguin. Les reins peuvent se vendre entre 6900 $ et 13 750 $. La moelle osseuse peut se vendre environ 13 750 $, la cornée plus de 27 000 $ et le foie, jusqu’à 68 000 $. Cette pratique semble être extrêmement répandue chez les jeunes adultes de 22 à 34 ans.

Un des porte-parole du CNRI, Shahin Gobadi, a qualifié ce commerce de « catastrophe insidieuse » et de « problème systémique ».

Les responsables du régime iranien invitent et approuvent ouvertement la vente d’organes. Néanmoins, il apparaît clairement que ces ventes sont le signe d’un dysfonctionnement social et économique en Iran. Victimes d’années de corruption, de mauvaise gestion, associées aux sanctions internationales, les Iraniens ont recours à ces actes désespérés pour survivre.

Le régime a non seulement poussé les populations pauvres d’Iran à vendre leurs organes, mais il en a également fait une activité lucrative pour ses centres médicaux officiels. Le commerce d’organes est une course et tant que la pauvreté existe, que la tyrannie des mollahs persiste, il ne s’arrêtera pas.

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